- Sous-lieutenant Gabriel Thomas
Nationalité française
- Breveté pilote militaire le 5 octobre 1915 (brevet n°1700)
- Cité dans le communiqué aux armées du 0000
- Escadrilles SPA 88, N 391, MF 98 T
- Né le 4/01/1896 à Ligré (Indre-et-Loire)
- Mort le 9/10/1976 à Buenos Aires (Argentine) (Mort naturelle)
Décorations
- Chevalier de la Légion d’Honneur
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Croix de Guerre
6 palme(s)
1 étoile vermeil
Gabriel Thomas
7 victoires sûres, 0 victoires probables
Palmarès détaillé »
Gabriel Joseph Thomas naît à Ligré (Indre et Loire) le 4 janvier 1896, où son père est un simple poseur de rails et sa mère femme au foyer. Le jeune garçon grandit en Indre-et-Loire avec ses sœurs et la famille est installée au Chinon quand éclate la première guerre mondiale. Il a alors 18 ans révolus mais, étant de la classe 1916, n’a pas encore effectué son service militaire quand débutent les combats.
Mécanicien de formation, il décide de devancer son appel en s’engageant volontairement dans l’armée le 9 novembre 1914 ce qui lui permet de choisir son arme d’affectation : l’aviation. D’abord dirigé vers une affectation de mécanicien, il se porte volontaire pour devenir pilote et le 10 juillet 1915 est dirigé vers les écoles de pilotage, dont il sort breveté sur Morane Parasol le 5 octobre 1915 sans obtenir des galons de caporal, peut-être d’ailleurs par punition car il va se retrouver affecté à une destination très peu prisée, l’aviation de l’expédition des Dardanelles, qu’il va rejoindre après un long voyage en mer le 14 novembre 1915.
Il débarque à cette date sur l’île de Ténédos pour rejoindre l’escadrille MF 98 T du capitaine Césari, équipée de Maurice Farman ainsi que de quelques Morane Parasol qui en forment l’élément « chasse ». C’est sur ce dernier type d’appareil que Thomas va effectuer ses missions sur les détroits et réaliser plusieurs combats, mais n’y restera qu’une courte durée car l’expédition des Dardanelles se termine le 9 janvier 1916. Promu au grade de caporal depuis le 25 décembre, Gabriel Thomas va se retrouver affecté à un détachement de son unité, l’escadrille MF 98 M qui va s’installer à Mythilène sur l’île de Lesbos le 13 janvier 1916 pour y effectuer un raid sur la ville de Smyrne, qui se veut être un raid de diversion pour y contraindre les Turcs à y maintenir inutilement des troupes en défense.
L’escadrille MF 98 M reste quelque temps à Lesbos, puis reçoit l’ordre le 27 février 1916 de rallier Salonique. Gabriel Thomas se retrouve alors affecté à la défense du camp retranché de Salonique et, après avoir rejoint la MF 98 T à son arrivée, est muté le 8 avril 1916 à l’escadrille MF 88 stationnant à Amatovo et équipée de Farman MF XI bis. Il retourne toutefois à la MF 98 T le 1er mai 1916 où il se signale le 24 de ce mois en interceptant sur son Morane un avion ennemi survolant son aérodrome, qu’il poursuit et attaque avec son mitrailleur qui est toujours le soldat Henri Meyniel. Si l’avion allemand n’est pas descendu, il est cependant mis en fuite et ce fait d’armes le signale sans doute aux yeux du commandant Denain, chef de l’aviation de l’armée d’orient. Thomas est en effet promu au grade de sergent deux jours plus tard et muté à l’escadrille N 91, une unité de chasse équipée de Nieuport X biplaces dirigée par le Lt Potin. Il y effectuera plusieurs vols d’escorte des bombardiers Voisin du GBO (groupement des bombardiers d’orient) toujours avec Meyniel en mitrailleur, mais aussi en réalisant des vols de reconnaissance pour lesquels il fait équipe avec un officier observateur.
Victime du paludisme comme beaucoup de pilotes du front d’orient, il est renvoyé en France à une date inconnue au début de l’année 1917 et après une convalescence se retrouve affecté à l’escadrille N 88, une unité de création nouvelle stationnant à Belfort et mise sous les ordres du capitaine François d’Astier de la Vigerie, futur compagnon de la Libération. Dès le mois de juillet 1917, l’escadrille est amalgamée avec d’autres unités pour former le GC 13 qui est envoyé sur le front des Flandres pour appuyer l’offensive britannique dans ce secteur. Les pertes sont sensibles pour les avions de chasse français mais Thomas survit aux combats et s’aguerrit à son métier de pilote de chasse.
Promu au grade de sous-lieutenant en décembre 1917, il suit son unité qui gagne le terrain de La Noblette le 11 décembre, dans la Marne, puis à Courcy dans l’Aisne au mois de février. C’est là qu’elle est bousculée par la première des offensives de printemps lancées par l’Allemagne au mois de mars 1918. C’est au cours de cette période où la SPA 88 change plusieurs fois de terrain face à l’avance ennemie que Thomas remporte ses deux premières victoires, contre deux biplaces descendus dans la Somme les 12 et 23 avril.
Suite à un bombardement qui détruit au sol la plupart des appareils de son unité, la SPA 88 part à Dugny se rééquiper de SPAD XIII et retourne au front au début du mois de mai 1918. Les combats se poursuivent tout le long du mois de juin qui voit les Allemands lancer leur 3e offensive sur l’Aisne, puis leur 4e sur Noyon et Montdidier qui les rapproche dangereusement de Paris. La SPA 88 y perd deux pilotes, dont son chef, le capitaine Doumer (fils du futur président de la République) qui tombe le 28 juin. Le S/Lt Gabriel Thomas prend alors le commandement de l’escadrille par intérim jusqu’au 7 juillet où arrive le Lt Guérin, un grand as de la chasse aux 22 victoires. C’est aussi ce même jour où Thomas remporte sa 3e victoire aux dépends d’un Fokker triplan abattu parmi un groupe de cinq dans la région de Corcy.
Trois jours plus tard, le 1er août, il se voit de nouveau confier le commandement de la SPA 88 par intérim en raison de la mort accidentelle du Lt Guérin, décédé d’une vrille au décollage après avoir obtenu sa 23e victoire. L’armée allemande est alors définitivement vaincue et recule sous les coups de butoir des armées alliées qui reprennent du terrain. Thomas remporte alors ses 4e et 5e victoires les 23 et 24 août, mais la chance l’abandonne le 2 septembre 1918 où il est blessé en combat aérien d’une balle dans la fesse gauche qui le conduit à être évacué et soigné dans sa région natale dans un hôpital de Tours. Il reprend sa place dans son escadrille le 17 octobre 1918 au terme de sa convalescence et remporte ses deux derniers succès les 23 et 28 octobre 1918, à deux semaines de l’armistice qui survient le 11 novembre.
Toujours sur le coup de son engagement, Gabriel Thomas reste dans l’armée à la SPA 88 désormais stationnée en Allemagne. Disparu des registres de l’escadrille au cours du 3e trimestre de 1919, il est ensuite affecté au 35e régiment d’aviation où il est promu lieutenant en 1922. Il quitte alors l’armée à une date indéterminée pour faire carrière dans l’aviation commerciale.
On retrouve en effet Gabriel Thomas en 1924 dans la Compagnie générale d’entreprises aéronautiques, société fondée par Pierre-Georges Latécoère basée à Toulouse et qui réalise des liaisons postales en avion avec l’Afrique et l’Amérique du Sud. Il commence par réaliser plusieurs vols vers le Maroc en passant par l’Espagne et assiste aux débuts sur la ligne du jeune pilote Jean Mermoz. Puis, au mois de juillet 1927, il part pour le Brésil avec le pilote Deley et quatre mécaniciens sur un bateau des chargeurs réunis et débarque e au port de Bahia. Dans les cales du navire se trouvent deux Latécoère 17 que Thomas, sur instruction du chef de ligne Paul Vachet, emmène à Rio de Janeiro pour les remonter et les essayer en vol. Le journaliste Jean-Gérard Fleury le décrira dans son ouvrage « La ligne » comme « Un garçon taciturne, garçon taciturne, cachant sous son mutisme une vaillance rare et un cœur fraternel, l’accompagnait. As de guerre aux onze victoires, il avait gardé du front une vision qui attristait son bon regard. » Thomas réalisera les essais, qui se passeront mal car le premier Laté est victime d’une panne de moteur et s’écrase au décollage en tombant dans des arbres. Thomas sort de l’épave un commentant sobrement : « Baisse de régime au départ. Ça aurait pu se passer plus mal. » Il reprendra les commandes à bord du second appareil le lendemain… qui est victime de la même panne au décollage. Thomas est ressorti étourdi et ensanglanté de l’épave. Ses seuls mots, après avoir repris ses esprits, auront été : « Rien de cassé. Seulement, nous n’avons plus d’avion. »
Alors que la ligne se structure, Gabriel Thomas est mis en poste à Pelotas, sur la côte brésilienne près de la frontière uruguayenne. Il y effectue personnellement de nombreux vols, dont certains de nuit, et réalise plusieurs dépannages. En 1930, alors que des révolutionnaires veulent réquisitionner pilotes et avions de l’aéropostale pour lancer des tracts sur les lignes ennemies, Thomas se rend courageusement indisponible en avalant un grand verre d’huile de ricin… Des tirs viennent même frapper les bâtiments comme en témoigne le pilote Marcel Moré : « Une rafale vint frapper notre bâtiment ; expérimenté et prudent, Thomas qui, pas plus que moi, ne savait ce qui se passait, suggéra de s’enrouler dans nos matelas. Dix minutes plus tard, la fusillade cessait : le lendemain, je découvris que toutes les lampes avaient été détruites les unes après les autres. »
Gabriel Thomas est ensuite nommé chef d’aéroplace à Montevideo (Uruguay). Il voit passer fréquemment le célèbre pilote Jean Mermoz qu’il a vu débuter à Montaudran. L’aéropostale est intégrée à partir de 1933 par la compagnie nationale Air France qui créée sur place une filiale, Aeroposta Argentina, confiée à Bernard Artigau, as de 14-18 et ancien camarade d’escadrille de Gabriel Thomas qui pour sa part deviendra directeur général d’Air France en Amérique du Sud où il passera le restant de sa vie. Il se mariera le 27 décembre 1941 à Buenos Aires avec Mlle Béatrice Battaglia au moment de sa retraite s’installe à Asunción (Paraguay), puis revient vivre à Buenos Aires au Brésil où il est décédé le 9 octobre 1976.