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Gilbert Sardier
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cocarde française

As 14 - 18

Les as français de la Grande Guerre

Décorations

Profils

Gilbert Sardier

14 victoires sûres (dont 5 drachens), 2 victoires probables
Palmarès détaillé »

Jean, Marie, Luc, Gilbert (prénom d’usage) Sardier naît le 5 mai 1897 à Riom dans le Puy de Dôme, quatrième garçon d’une famille bourgeoise provinciale où son père exerce la profession d’avoué. En grandissant, le jeune homme se passionne pour le sport et pratique la course à pied et le vélo, en devenant champion de bicyclette amateur du Puy-de-Dôme. Il admire également les exploits des premiers aviateurs et tout particulièrement Eugène Gilbert qui réalise en 1911 et 1912 des exhibitions locales. Élève appliqué, il obtient son baccalauréat à 17 ans et se destine à faire des études de droit pour suivre la voie de son père, mais la guerre vient contrarier ses projets.

Alors que ses trois frères sont mobilisés et l’un d’eux capturé, le jeune Gilbert brûle de se battre et avec l’autorisation de son père s’engage à la mairie de Riom le 7 septembre 1914, étant incorporé au 5e régiment des chasseurs d’Afrique. Il aimerait servir dans l’aviation mais à cette époque aucun engagement n’est accepté dans cette arme. Il est alors envoyé au front avec le grade de brigadier après avoir fait ses classes, mais très vite la guerre des tranchées rend l’arme de la cavalerie inutile et dès lors il n’a de cesse que de vouloir s’en échapper pour intégrer l’aviation. Après plus d’une année à multiplier les demandes de mutation au cours de laquelle il est promu maréchal des logis, son rêve se réalise le 29 décembre 1915 quand il reçoit l’ordre d’intégrer les écoles de pilotage.

Il en ressort breveté et affecté au mois de septembre 1916 à la N 77, une escadrille nouvelle qui se forme sur le terrain de Manoncourt-en-Vermois sur le front de Lorraine, et où il va se lier d’amitié avec le sergent Maurice Boyau, capitaine de l’équipe de France de rugby avec qui il partage le tempérament sportif. C’est Sardier qui remportera la première victoire aérienne homologuée de l’escadrille le 7 novembre 1916, aux commandes du seul Nieuport 12 biplace de l’escadrille dédié aux missions de reconnaissance. Volant en compagnie d’un observateur (le S/Lt Georgeot), les deux hommes s’égarent et croisent la route d’un appareil qu’ils identifient comme un ami mais qui les attaque : Sardier manœuvre pour éviter le tir tandis que Georgeot riposte d’une rafale, touchant l’ennemi qui disparaît dans un piqué. Les deux hommes apprennent à leur grande surprise en retournant à leur terrain que l’avion a bel et bien été abattu !

Malgré cet exploit, le ciel de Lorraine reste assez calme car aucune opération militaire ne se déroule sur cette partie du front. Cela convient assez peu au tempérament des pilotes de la N 77 pour beaucoup issus du monde sportif et qui vont aller chercher l’ennemi chez lui en effectuant des missions de bombardement à bord de leurs chasseurs, et s’en prendre – Maurice Boyau en tête – aux ballons captifs ennemis fortement défendus par la DCA. C’est à l’occasion d’une telle attaque que Sardier remporte sa 2e victoire le 3 juin 1917, en collaboration avec Boyau. C’est aussi son seul succès de l’année 1917 ; il lui faudra attendre le début de l’année 1918 pour que, l’expérience aidant, il augmente de manière significative son tableau de chasse en remportant deux victoires en janvier et février, toujours en Lorraine.

En ce même début d’année 1918, la SPA 77 est amalgamée avec trois autres escadrilles pour former le GC 17, lui-même intégré dans la Division Aérienne du général Duval qui sera de tous les combats contre l’aviation allemande lors des offensives allemandes du printemps 1918. Hâtivement envoyée dans la Somme puis dans l’Aisne de mars à juin 1918, la SPA 77 va connaître de nombreux affrontements et Gilbert Sardier va ajouter à l’occasion pas moins de 8 pièces à son tableau de chasse, dont trois chasseurs ennemis abattus ensemble le 15 mai 1918 – un exploit qui lui donne une telle émotion qu’il déclare avoir dû se poser dans un champ pour calmer ses nerfs avant de revenir se poser sur son terrain. Son nom figure dans le communiqué aux armées du 28 juin 1918, signalant sa 10e victoire.

Le 5 juillet 1918 il reçoit l’ordre de prendre le commandement d’une autre escadrille de chasse, la SPA 48, ce qu’il fait sans gaité de cœur car il quitte ses camarades de combat dont Maurice Boyau. La tâche qui l’attend est de plus loin d’être simple, car il n’a que 21 ans et les pilotes qui l’attendent sont pour beaucoup des as, très soudés entre eux, et qui sont parvenus en se liguant à faire renvoyer leur précédent chef d’unité. Gilbert Sardier, promu au grade de lieutenant, va immédiatement leur faire la démonstration de ses talents de pilote en revendiquant une victoire aérienne peu après son arrivée, le 21 juillet, qui, si elle ne sera pas homologuée, va lui permettre de remporter l’adhésion de ses hommes. Finissant la guerre avec la SPA 48, son tableau de chasse final se clôt avec 14 victoires homologuées.

La guerre terminée et considéré comme un officier d’active, Sardier reste à la tête de la SPA 48 en 1919 alors que celle-ci stationne en Allemagne occupée, puis revient en France à Thionville en janvier 1920. C’est aussi l’époque où il la quitte, démissionnant de l’armée pour revenir s’installer à Clermont-Ferrand où il va reprendre ses études de droit et devenir agent d’assurances, se mariant et fondant une famille. Mais sa passion du vol va rester intacte et, en plus de régulièrement s’entraîner dans la réserve, va fonder avec l’as Louis Chartoire l’aéro-club d’Auvergne qui va utiliser la piste bétonnée d’Aulnat des usines Michelin comme terrain d’activité. Gilbert Sardier va contribuer à organiser de nombreuses manifestations aériennes dans la région et lui-même effectuer des vols en planeur sur le Puy-de-Dôme.

Quand éclate la seconde guerre mondiale, il est de nouveau mobilisé avec son grade de lieutenant-colonel de réserve et, après une affectation au ministère de l’air, va se voir confier le commandement de la base d’Aulnat au mois de mars 1940. L’armistice le renvoie dans ses foyers au mois d’août 1940 mais l’installation du gouvernement du maréchal Pétain à Vichy, non loin de Clermont-Ferrand, va faire entrer Sardier en politique. Il va prendre en effet la présidence de la Légion des combattants d’Auvergne, une organisation d’anciens combattants soutenant l’action du nouveau régime qui va le décorer de la Francisque. Sardier semble plus attaché à la personne du maréchal qu’à la politique de son gouvernement, et à partir de 1943 devant la satellisation accrue du régime à l’Allemagne, va peu à peu s’en détacher alors qu’entre en scène la Milice dans la vie locale. Sardier est dans une position intenable : il est soupçonné de sympathies pour la résistance par cette dernière, et accusé de collaborationnisme par certains résistants…

Une affaire survenue le 28 janvier 1944 va causer sa perte. Il va recevoir à son bureau de la légion des combattants une lettre de dénonciation anonyme, destinée à la milice, qui fait état d’une cache d’armes de la résistance au bureau de poste de St Eloy. La milice y fera effectivement une descente dans la journée même pour y saisir les armes et arrêter deux postiers. Cette affaire lui vaudra d’être arrêté à la libération : il est accusé d’avoir transmis la lettre à la milice, ce qu’il nie, alors que sa secrétaire a fait une copie de la lettre et l’a transmise à la résistance. Il sera condamné le 8 février 1945 d’atteinte à la défense nationale par la cour de justice de Clermont Ferrand à 3 ans de prison et à la dégradation nationale, malgré les témoignages de soutien venus de la résistance durant le procès. Il n’effectuera pas sa peine dans sa totalité, étant amnistié en novembre 1946, puis réintégré dans toutes ses décorations et grade de l’armée de l’air en 1953. Retrouvant la présidence de l’aéro-club d’Auvergne, il consacrera le reste de sa vie à sa passion du vol. Il est décédé le 7 octobre 1976 à Clermont-Ferrand.

Sources

  • Dossier individuel SHD n°1P 31 534/2

Palmarès de Gilbert Sardier

DateHeureEscadrilleAvion pilotéRevendiquéLieuNotes
1 07-nov-16 SPA 77 Nieuport 12 Avion Vieville-en-Haye Avec S/Lt André Georgeot en observateur. Ltn Solter tué.
2 03-juin-17 9h55 SPA 77 Drachen Geline En collaboration avec S/Lt Maurice Boyau
3 04-janv-18 SPA 77 Avion N. Arracourt En collaboration avec Sgt Laurent Ruamps (N 89)
4 20-févr-18 SPA 77 Drachen Vaxy En collaboration avec S/Lt Maurice Boyau
5 15-mai-18 SPA 77 Albatros D Montdidier En collaboration avec Lt Decoin et Sgt Gehin
6 15-mai-18 SPA 77 Albatros D Montdidier En collaboration avec Sgt Gehin
7 15-mai-18 SPA 77 Albatros D Montdidier En collaboration avec Sgt Gehin
8 16-mai-18 SPA 77 Drachen En collaboration avec Sgt François Guerrier
9 29-mai-18 SPA 77 Albatros D.V Ville-en-Tardenois En collaboration avec S/Lt Maurice Boyau
10 04-juin-18 SPA 77 Drachen En collaboration avec S/Lt Maurice Boyau
11 04-juin-18 SPA 77 Drachen En collaboration avec S/Lt Maurice Boyau
12 30-juin-18 SPA 77 Fokker D.VII n°373/18 Bois de Bonval, Chirmont-Epagny En collaboration avec S/Lt Claude Haegelen (SPA 100) et 2 équipages de SPAD biplaces (SPAbi 212). Jasta 13, Uffz Heinrich Piel
P1 21-juil-18 SPA 48 SPAD XIII Avion En collaboration avec S/Lt Gilbert Deguingand
13 12-août-18 SPA 48 SPAD XIII Fokker D.VII Catigny
14 09-oct-18 SPA 48 SPAD XIII Rumpler C Semide En collaboration avec MdL André Denomaison et Sgt Henri Grimoulle (SPA 94)
P2 01-nov-18 SPA 48 SPAD XIII Fokker En collaboration avec Adj Emile Quilès