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Jacques Ortoli
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cocarde française

As 14 - 18

Les as français de la Grande Guerre

Décorations

Profils

Jacques Ortoli

11 victoires sûres, 4 victoires probables
Palmarès détaillé »

Jacques Toussaint Ortoli est né le 16 juillet 1895 à Poggio di Tallano, un petit village de Corse du Sud à l’intérieur de l’île où son père est agriculteur. Son milieu est d’apparence très modeste mais il semble disposer de solides appuis familiaux puisqu’il devient apprenti-mécanicien puis s’installe à Paris au début des années 1910, et surtout peut se payer les cours pour passer les épreuves du brevet de pilote civil à l’école Farman, devenant ainsi l’un des plus jeunes aviateurs de France alors qu’il n’a pas encore fêté ses 19 ans.

La guerre éclate un mois plus tard alors qu’il n’a pas encore effectué son service militaire. Il décide par patriotisme de s’engager dans l’armée le 2 septembre 1914, alors que les troupes allemandes menacent Paris, et choisit d’être incorporé au 2e groupe d’aviation en tant que simple soldat. Dans l’idée commune que la guerre sera courte les écoles de pilotage militaires ont été fermées au début de la guerre mais les autorités commencent à revenir sur leur décision en donnant le brevet militaire aux pilotes civils, ce qui est le cas pour Ortoli le 30 septembre 1914.

Promu caporal, il est dirigé le 4 novembre 1914 vers l’escadrille MF 8 qu’il rallie en compagnie d’un jeune pilote croisé durant sa formation, le futur as Jean Navarre. Il va y réaliser ses premières missions de guerre, des reconnaissances sur les lignes allemandes ou du réglage d’artillerie. Promu au grade de sergent en février 1915 alors que la MF 8 est engagée dans le Nord, il va remporter avec son observateur une victoire aérienne le 28 avril 1915 contre un biplace allemand capturé dans les lignes françaises. La chance l’abandonne le 8 juillet quand il est blessé d’un éclat d’obus à la tête qui le contraint à plusieurs semaines d’hôpital.

Il en sort le 3 septembre non pour retourner à son escadrille, mais pour être formé sur avion de chasse et va intégrer à la fin du mois de septembre 1915 l’escadrille N 31 basée en Lorraine à Toul sur Nieuport 10, puis Nieuport 11. Ses talents de chasseur vont se révéler le 21 février 1916 où il obtient sa seconde victoire officielle contre un biplace, puis une troisième dont l’équipage est capturé le 4 juin alors qu’il a été promu adjudant.

Après un passage à l’escadrille N 77 à la fin de l’année 1916 pour y former les jeunes pilotes, il retourne à la N 31 qui s’installe à Lhéry au début de l’année 1917 pour participer à la bataille du Chemin des Dames. C’est là qu’il va connaître la gloire, après deux nouveau succès obtenus les 6 et 23 mars son total est maintenant à 5 victoires. Son nom est alors mentionné dans le communiqué aux armées du 25 mars 1917 qui lui vaut les honneurs de plusieurs articles dans la presse, et ce d’autant plus qu’il a remporté sa 6e victoire le 24 mars et deux autres le lendemain ! Le journaliste Jacques Mortane le surnomme « l’as qui va vite »… Promu au grade de sous-lieutenant, il obtient encore deux nouvelles victoires dans la région de Reims le 19 juin 1917, suivies d’une 11e et dernière le 24 juin qui lui vaut des ennuis : l’époque des chasseurs en solitaire est révolue et le commandant Duseigneur, qui dirige le Groupement de Combat n°11 rassemblant les SPA 12, 31, 48 et 57, souhaitait que ses pilotes ne sortent qu’en patrouilles conséquentes. Ortoli est passé outre et s’est offert pour cette dernière victoire une patrouille en solitaire hors de la zone d’opérations attribuée à son escadrille. Ayant enfreint les ordres, il n’en recevra aucune citation.

Il va poursuivre ses combats au sein de la N 31 qui passe dans les Flandres durant l’été 1917 et revient sur la Somme en automne, y revendiquant plusieurs succès mais dont aucun ne lui sera homologué. Devenue SPA 31, elle est intégrée avec le GC 11 au sein de la Division Aérienne qui en 1918 sera de tous les combats contre les offensives allemandes du printemps. Le 10 mai 1918, pour remplacer l’as Jean Chaput tué au combat, le sous-lieutenant Jacques Ortoli va recevoir le commandement de la SPA 57, une unité d’élite qu’il va commander avec sévérité selon des témoignages, mais aussi avec efficacité puisque sous ses ordres l’unité va remporter 26 victoires officielles pour un seul pilote perdu au combat.

Restant après l’armistice à la tête de la SPA 57 qui stationne alors à Strasbourg, il demande en décembre 1919 un congé sans solde de deux ans pour assurer la direction d’un atelier mécanique qu’il a créé à Paris. Il démissionnera de l’armée d’active deux ans plus tard, s’étant établi à Wiesbaden pour y monter selon la gendarmerie française un trafic de moteurs et pièces détachées issus des stocks de guerre allemands. Durant les années 1930, il assure la direction d’une importante exploitation minière à Kanguet-Keftout sur la côte Nord de la Tunisie, produisant du zinc et du plomb.

Mobilisé avec son grade de capitaine de réserve durant la seconde guerre mondiale, il est affecté à l’état-major de l’aviation de Tunisie mais au mois de mars 1940 est placé en affectation spéciale pour assurer la direction de sa mine, dont il sera officiellement démobilisé en février 1941. Il va activement s’engager dans la résistance et préparer l’arrivée des troupes américaines. Lors de l’occupation de la Tunisie par les troupes de l’axe, il constitue avec le personnel de son entreprise une force supplétive avec laquelle il fait le coup de feu contre les troupes ennemies. Une fois les Allemands et Italiens expulsés de Tunisie, il est de nouveau mobilisé dans l’armée de l’air et placé à la disposition du service américain au QG des forces alliées, étant promu au grade de commandant le 26 juin 1943. Placé ensuite en affectation spéciale en mars 1945 pour reprendre la direction de sa mine, il est démobilisé en février 1946 et s’éteint prématurément à Tunis le 19 juin 1947, peu de temps avant son 52e anniversaire.

Sources

  • Dossier individuel SHD cote 1P 30654/1

Palmarès de Jacques Ortoli

DateHeureEscadrilleAvion pilotéRevendiquéLieuNotes
1 28-avr.-15 MF 8 Farman Rumpler C Miraumont Avec Lt Menj (obs.)
2 21-févr.-16 N 31 Nieuport LVG C Vigneulles
3 04-juin-16 N 31 LVG C Sanzey / Mesnil-lès-Toul KG 1 / FA 71, Uffz Egger et Ltn Fieser prisonniers
P1 15-janv.-17 N 31 Avion
P2 23-janv.-17 N 31 Avion Cunel
4 06-mars-17 N 31 Avion Nogent l’Abbesse
5 23-mars-17 N 31 Albatros Aumenancourt
6 24-mars-17 N 31 Albatros C N. Reims KG 2. Ltn Von Flotten et Hpt von Deval, prionniers
7 25-mars-17 N 31 Avion Brimont Equipage prisonnier
8 25-mars-17 N 31 Avion Freslon
9 19-juin-17 N 31 Avion Reims Avec S/Lt Chaput, Lt de Sevin. FA 245, Ltn Friedrich Krämer.
10 19-juin-17 7h20 N 31 Avion Bouy
11 24-juin-17 N 31 Biplace Bouy
P3 27-juil.-17 N 31 Avion O. Forêt d’Houthulst
P4 19-sept.-17 N 31 Avion Festieux