- Capitaine Jacques Leps
Nationalité française
- Breveté pilote militaire le 23 août 1916 (brevet n°4312)
- Cité dans le communiqué aux armées du 8 juillet 1918
- Escadrilles SPA 81
- Né le 28/09/1893 à Angers
- Mort le 18/12/1983 à Paris (Mort naturelle)
Décorations
- Chevalier de la Légion d’Honneur
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Croix de Guerre
10 palme(s)
1 étoile(s) d'argent
1 étoile(s) de bronze
Profils
Jacques Leps
Houzard
12 victoires sûres (dont 5 drachens), 3 victoires probables
Palmarès détaillé »
Adrien Louis Jacques (prénom d’usage) Leps naît le 28 septembre 1893 à Angers dans une famille de militaires dont le père est capitaine au 1er régiment de hussards. Le jeune garçon va grandir avec ses six frères et sœurs à Béziers, garnison du 1er régiment de hussards dont son père va prendre le commandement en 1914 avec le grade de colonel.
Jacques décide de suivre la voie paternelle en s’engageant pour 3 ans dans l’armée une fois passé son 20e anniversaire, plus précisément au 9e régiment de hussards de Chambéry qu’il intègre au mois d’octobre 1913. Il y est rapidement nommé brigadier et rejoint au mois d’avril 1914 un peloton d’élèves officiers de réserve, mais la déclaration de guerre le renvoie immédiatement dans son régiment avec lequel il va se battre dans les Vosges, puis en Picardie.
C’est alors qu’il reçoit en novembre 1914 un ordre de mutation au 1er hussard que commande son père, dont un de ses fils a déjà été porté disparu au combat et qui tient à avoir Jacques à ses côtés. Ce dernier et bien contraint d’obéir, mais sans enthousiasme particulier : le métier de hussard est désormais rendu inutile de par la guerre des tranchées, et il se porte volontaire pour passer dans l’aviation. Ses demandes sont toutes refusées, sans doute bloquées par son colonel de père… Il peut se consoler en étant nommé aspirant en février 1915, puis sous-lieutenant, et dirige des pelotons de hussards envoyés par rotation tenir les tranchées. Le 5 juillet 1915, alors qu’il dirige le tir de ses hommes en se tenant debout hors d’une tranchée, il est blessé par une balle allemande et évacué, puis décoré d’une citation. Soigné au dépôt de son régiment à Béziers, la demande de mutation dans l’aviation qu’il formule est cette fois ci acceptée – car elle ne peut être bloquée par son père – et, après une courte formation, se retrouve affecté à l’escadrille N 67 en tant que mitrailleur au mois d’octobre 1915.
L’unité est basée à Verdun, un secteur du front plutôt calme. Leps y effectue ses premières missions sur Nieuport biplace en tant que mitrailleur du futur as Georges Flachaire. Le calme ne va pas durer : l’attaque allemande sur Verdun le 21 février 1916 amène sur le secteur une furieuse bataille sur terre comme dans les airs car converge sur place toute la chasse française, dont le célèbre Jean Navarre, l’as des as de l’époque, qui est affecté à la N 67. Leps pour sa part va être victime d’un accident : après avoir effectué une mission en tant que mitrailleur sur un SPAD A2, celui-ci se met en pylône à l’atterrissage et l’écrase car le mitrailleur est précisément assis dans une nacelle située devant le moteur et l’hélice !
Retiré sonné des débris, il part en école de pilotage le 15 juillet 1916 et en ressort breveté puis affecté à l’escadrille N 81 de formation récente, qui s’installe au mois de janvier 1917 dans les Vosges. Leps s’y révèle vite comme un chasseur très doué, puisqu’il remporte deux victoires homologuées le 16 mars 1917. La N 81 quitte les Vosges pour la Marne au mois d’avril 1917 pour participer à la bataille du Chemin des Dames où Leps va être descendu le 30 avril 1917 par un chasseur allemand mais survivre au crash de son SPAD tombé dans le no-man’s-land.
Nommé lieutenant, son score va dès lors augmenter durant le restant de l’année 1917, atteignant un total de 5 victoires homologuées à la fin de l’année, deux d’entre elles obtenues en collaboration avec le Lt Hugues avec lequel il va développer une sérieuse inimitié en raison d’une dispute pour l’attribution des victoires. Cette dispute va avoir une conséquence quand, au mois de de février 1918, il faut choisir un nouveau chef d’escadrille parmi les pilotes en remplacement du capitaine Bailly, chef d’escadrille muté à de plus hautes fonctions. Bailly pressent Hugues pour le poste mais l’ensemble des pilotes de la N 81 se liguent pour imposer Leps… Cette revendication est avalisée par la hiérarchie qui mutera Hugues vers une autre unité. Touché par le geste de ses hommes, Leps va se montrer pour eux un chef très talentueux et faire de la SPA 81 l’escadrille de chasse ayant le meilleur « rendement » de l’année 1918, obtenant 29 victoires homologuées pour un seul pilote perdu au combat durant l’année 1918. L’unité est en effet intégrée dans le GC 15, composante de la Division Aérienne, et va se retrouver en première lignes face aux offensives allemandes de printemps où les combats vont se multiplier, en particulier contre les Drachen, les ballons captifs allemands dont la SPA 81 va se faire une spécialité.
Leps termine pour sa part la guerre avec un total de 12 victoires homologuées (dont 5 drachen) dans un grand état d’épuisement physique à tel point que l’armistice lui sauve probablement la vie. Il est devenu un pilote médiatique après son 10e succès qui lui a valu l’honneur d’être mentionné dans le communiqué aux armées du 9 juillet 1918 et promu peu après au grade de capitaine. Maintenu à la tête de son unité qui stationne en Allemagne occupée en 1919, il doit quitter l’armée au mois d’aout 1920 en raison de son état de santé, se trouvant un emploi de direction à la société « Le carburateur Solex ». Ses demandes de réintégration dans l’active n’aboutiront pas en raison de son état de santé, qui s’est aggravé suite à un accident de la route survenu en 1928.
Nommé commandant de réserve, il va être de nouveau mobilisé en 1939 et initialement affecté à la défense de la base d’Etampes. Il est ensuite affecté à Chantilly, à l’état-major du groupement de chasse 21 que dirige le général Pinsard. Ce poste de commandement sera pulvérisé par une bombe ennemie le 6 juin 1940, blessant grièvement Pinsard et Leps qui est soigné à l’hôpital de Neuilly d’une blessure à la tête. Il s’évadera de l’hôpital avant l’arrivée des troupes allemandes pour se retirer à son domicile parisien. Diminué physiquement, il ne prendra part à aucune action militaire, ni dans la résistance, ni après la libération, mais tentera d’obtenir avec ses relations la clémence de la cour de justice pour son camarade Pinsard qui s’est fourvoyé dans la collaboration en ayant accepté des responsabilités à la Légion des Volontaires Français (LVF).
Reprenant son emploi à la société du carburateur Solex dont il prendra sa retraite en 1961, il va s’adonner à sa passion du tennis en devenant arbitre juge de ligne aux internationaux de tennis de Roland Garros, rôle qu’il devra abandonner, contre son gré, à 84 ans… Il restera un joueur régulier de tennis jusqu’à sa mort survenue le 18 décembre 1983 à l’âge de 90 ans.
Sources
- Dossier personnel Jacques Leps
- Carnet de comptabilité de campagne escadrille SPA 81
- Témoignage oral SHDA : Leps, Cardon, Cazenove de Pradines.