- Capitaine Charles Lefèvre
Nationalité française
- Breveté pilote militaire le 12 juillet 1916 (brevet n°3924)
- Cité dans le communiqué aux armées du 0000
- Escadrilles SPA 96, N 152, N 15
- Né le 1er/08/1893 à Marseille (Bouches-du-Rhône)
- Mort le 1er/03/1948 à Paris (7e) (Mort naturelle)
Décorations
- Chevalier de la Légion d’Honneur
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Croix de Guerre
4 palme(s)
1 étoile(s) d'argent
1 étoile(s) de bronze
Profils
Charles Lefèvre
5 victoires sûres (dont 1 drachens), 2 victoires probables
Palmarès détaillé »
Charles, Eugène, Joseph, Marie Lefèvre naît le 30 juillet 1893 à Marseille dans une famille de longue tradition d’officiers supérieurs de la marine, puisque son père est lieutenant de vaisseau à sa naissance et deviendra contre-amiral, tandis que son grand-père est déjà titulaire de ce grade et devient même ministre de la marine du 3 décembre 1893 au 29 mai 1894. Le jeune Charles qui grandit à Marseille peut bénéficier tout comme ses frères et sœurs d’une éducation soignée et obtient son baccalauréat ès-sciences. Il suit la tradition familiale comme son frère ainé, mais contrairement à ce dernier ne s’engage pas dans la marine, mais dans la cavalerie au 16e régiment de chasseurs à cheval de Beaune, qu’il rejoint le 8 octobre 1912.
Rapidement promu brigadier, il réussit en 1913 le concours d’entrée à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr, étant promu aspirant. La guerre interrompt sa scolarité et il est renvoyé dans la troupe avec le grade de sous-lieutenant, retrouvant le 16e chasseurs à cheval avec lequel il va combattre en Lorraine, sur l’Yser et près de St-Mihiel en 1915. Légèrement blessé par un éclat d’obus le 6 juin 1915, Charles Lefèvre comme beaucoup de cavaliers est rebuté par la vie de tranchée qui rend son arme obsolète et se porte volontaire pour l’aviation.
Il n’obtient pas satisfaction dans l’immédiat car son père, commandant la marine à Marseille, fait bloquer ses demandes : sa mère est foudroyée de chagrin par la mort de son frère disparu en mer le 27 avril 1915 sur le croiseur Léon Gambetta coulé en Méditerranée, drame doublé par le décès prématuré d’une sœur. Ce n’est que quand elle se ravise que la demande est acceptée en avril 1916 et où, promu lieutenant, il peut intégrer les écoles de pilotage.
Il en ressort breveté et affecté à l’escadrille N 15 au mois de décembre 1916, effectuant ses premières missions de guerre sur la Somme sans y remporter de succès. Le 20 juin 1917, il est désigné pour prendre le commandement d’une nouvelle escadrille, la N 152 qui se forme près de Belfort sur Nieuport 24 et 27. Le secteur est calme et peu fréquenté par l’ennemi, toutefois un évènement inattendu va lui permettre d’ouvrir son tableau de chasse de manière spectaculaire. En effet, à l’aube du 20 octobre 1917, l’escadrille est réveillée par un message de l’état-major qui les met en état d’alerte : des Zeppelins revenant d’un raid sur l’Angleterre sont en approche ! Égarés durant la nuit par les vents et le brouillage de leur système de navigation par le service TSF, plusieurs d’entre eux découvrent l’aube alors qu’ils sont sur les lignes françaises…. Lefèvre décolle à tête d’une patrouille de 5 Nieuport qui parviennent à encadrer sur une mer de nuages le Zeppelin L 49, qui préfère se rendre et se poser près de Bourbonne-les-Bains où il est capturé intact avec son équipage. C’est une victoire éclatante pour Lefèvre et ses hommes qui leur donne une célébrité nationale car ils font la une des journaux, mais qui lui coûte sa place : ayant décollé précipitamment tête nue sans son passe-montagne, il est victime d’une pneumonie qui va le conduire à une hospitalisation et une longue convalescence.
Il ne reprend le combat qu’au mois de mai 1918 pour être affecté à l’escadrille SPA 96 dont il prend le commandement. L’unité est rattachée au GC 19 du capitaine Deullin et intégrée dans la Division Aérienne qui fait face aux offensives allemandes du printemps 1918. Lefèvre y remporte à cette occasion deux victoires aériennes les 9 et 12 juin 1918. Promu au grade de capitaine, il va remporter deux nouvelles victoires lors des premières contre offensives françaises au mois d’aout. Mais, le 29 de ce mois, il est touché en combat aérien par une balle explosive qui lui ravage le bras gauche.
Sérieusement blessé, il est écarté des combats et va se retrouver soigné à l’hôtel Astoria à Paris, où officie une mission médicale japonaise. Un hasard du destin qui va influer sur sa prochaine affectation : le gouvernement japonais, allié de la France, va obtenir de celle-ci l’envoi d’une mission militaire pour y former ses pilotes. Le capitaine Charles Lefèvre, vraisemblablement averti par le personnel médical qui le soigne, s’y porte volontaire et va en être désigné le chef au mois d’octobre 1918, arrivant au Japon au mois de janvier 1919 dans la ville de Gifu et y restant près de dix mois durant lesquels il va former des dizaines de pilotes.
Rentré en France le 25 octobre 1919, il est affecté à la base de Châteauroux où les heures de vol sont chichement comptées dans une aviation d’après-guerre qui croule sous les surplus militaires, laissés à l’abandon. Il quitte alors l’armée en février 1920 et se marie quelques mois plus tard pour fonder une famille, se trouvant une situation d’industriel. Restant officier de réserve, il suit des cours d’officier d’état-major pour servir dans cette spécialité tout en continuant de s’entraîner pour rester dans le personnel naviguant.
Quand éclate la seconde guerre mondiale, il est mobilisé avec son grade de commandant de réserve pour être affecté à la mission militaire française auprès de l’armée britannique, où il restera toute la campagne, étant officiellement démobilisé le 15 août 1940 après l’armistice. Retournant à ses activités privées, il ne va pas s’accommoder de l’occupation et s’engager dans la résistance en 1943 en devenant membre du groupe Alliance avec le pseudonyme de « Dominique », fournissant des renseignements sur l’aviation ennemie dans son secteur et s’occupant d’un poste de communication.
Participant au mois d’août 1944, pendant les combats de la Libération, à la création d’un service de renseignements au profit du 12e corps d’armée américaine au Nord d’Orléans, il va être rappelé à l’activité par l’armée de l’air le 11 décembre 1944 et affecté au Centre administratif de l’air de Paris. De là, lui sera confiée le 22 mars 1945 un poste de chargé de mission des questions de ressources et ravitaillements. Il y travaillera pendant neuf mois, jusqu’à sa démobilisation au 1er janvier 1946. Se retirant à son domicile parisien du 7e arrondissement, il y décèdera prématurément deux années plus tard, le 1er mars 1948, à l’âge de 55 ans.
Sources
- Dossier individuel SHD n°1P 29940/2