- Capitaine Auguste Lahoulle
Nationalité française
- Breveté pilote militaire le 19 mai 1917 (brevet n°6459)
- Cité dans le communiqué aux armées du 25 juillet 1918
- Escadrilles SPA 154, SPA 57, N 23
- Né le 19/02/1891 à Auray (Morbihan)
- Mort le 17/04/1959 à Rabat (Maroc) (Mort naturelle.)
Décorations
- Officier de la Légion d’Honneur
-
Croix de Guerre
7 palme(s)
1 étoile vermeil
1 étoile(s) de bronze
Auguste Lahoulle
10 victoires sûres (dont 5 drachens), 0 victoires probables
Palmarès détaillé »
Auguste Joseph Marie Lahoulle naît le 19 février 1891 à Auray, une petite ville du Morbihan situé près de la presqu’île de Quiberon. Il est issu de la petite bourgeoisie provinciale où son père est épicier et son grand-père rentier. Il grandit dans une famille aisée où son père sera élu conseiller général, et va bénéficier d’une bonne éducation lui permettant d’obtenir le baccalauréat es-sciences. Son diplôme obtenu, il décide de faire carrière dans l’armée et obtient le concours d’entrée à l’école de St-Cyr en 1910.
Il effectue au préalable un an de stage dans la troupe au 31e régiment de Dragons, où il est nommé brigadier, avant d’intégrer la prestigieuse école militaire pour deux années de formation. Il en sort très bien classé avec selon ses professeurs « une intelligence vive et une certaine empathie lui permettant de devenir un officier de tout premier ordre ». Quittant l’école en 1912 avec ses galons de sous-lieutenant, il est affecté au 3e régiment de Dragons de Nantes, puis au 25e régiment de Dragons d’Epernay en mai 1914 où il se trouve toujours quand éclate la guerre.
Son unité va se battre en Lorraine mais la participation aux combats du sous-lieutenant Lahoulle sera brève car il sera blessé dès le 9 août 1914 à Longuyon près de la frontière belgo-luxembourgeoise. Evacué et contraint à plusieurs mois de convalescence, il revient en ligne dans son régiment en décembre 1914 mais la guerre des tranchées rend la cavalerie inopérante et il se porte volontaire pour l’aviation. Il est alors accepté en tant qu’observateur à l’escadrille N 48 qu’il rejoint en mai 1916 après une courte formation, y servant pendant près de 7 mois sans incident particulier en tant que passager sur les Nieuport biplaces de l’unité. En janvier 1917 il est muté à l’escadrille N 23 mais n’y reste pas longtemps puisqu’il part à la fin du mois en école de pilotage, d’où il sort en septembre 1917 en étant affecté à l’escadrille N 12 avant de retrouver sa première escadrille, la N 48, le 16 octobre 1917, puis finalement se trouver affecté à la SPA 57 au début de l’année 1918.
C’est là qu’il remporte sa première victoire homologuée le 23 mars 1918 en faisant équipe avec son chef d’escadrille, le Lt Chaput. Officier d’active et maintenant pilote de chasse chevronné, Lahoulle va recevoir le commandement d’une autre escadrille du GC 11, la SPA 154, qui jusque-là ne s’est pas particulièrement distinguée depuis sa création en juillet 1917. Il va dynamiser cette unité en l’initiant à la chasse aux Drachen, un sport particulièrement dangereux dans lequel va exceller un de ses pilotes, le S/Lt Michel Coiffard. C’est toutefois Lahoulle qui incendie la première saucisse de l’unité le 1er avril 1918 lors de l’offensive allemande sur la Somme. Promu capitaine, son tableau de chasse va dès lors régulièrement augmenter pour atteindre 10 victoires dont 5 ballons, jusqu’au 15 juillet 1918 où, après avoir incendié son dernier Drachen, il est coiffé par une patrouille de Fokker D VII allemands au-dessus de la commune de Dormans. Il reçoit une balle explosive durant le combat qui lui entre dans le cou et ressort par la poitrine. Perdant son sang, il parvient à se poser d’urgence dans les premières lignes françaises ou son appareil capote. Luttant contre l’évanouissement, il trouve la force de se détacher et de ramper vers un champ de blé, où il est sauvé par des soldats français.
Cette 10e victoire lui vaut l’honneur du communiqué aux armées du 23 juillet 1918, mais pour lui les combats sont terminés car il ne sortira de sa convalescence que le 1er novembre 1918, à 10 jours de l’armistice. Restant dans l’armée en tant qu’officier d’active, il est détaché au sous-secrétariat d’état à l’aéronautique, puis en 1919 à l’état-major particulier de l’aéronautique, pour ensuite être affecté en 1921 au centre aéronautique de Versailles. Nommé commandant en 1925, il poursuit sa carrière en état-major et entre à l’école supérieure de la guerre en 1928, ce qui lui permet d’accéder aux grades de Lt Colonel en 1931, colonel en 1934 et général de brigade en 1938 où il est nommé adjoint du chef d’état-major de l’armée de l’air.
Maintenu dans l’armée de l’air d’armistice après la débâcle, il est nommé en septembre 1940 à la commission d’armistice avec l’Italie, puis en avril 1941 commandant de l’air au Maroc avec le grade de général de division. A ce titre, il doit faire face au débarquement des troupes alliées au mois de novembre 1942 et faire appliquer les ordres de résistance venant du gouvernement de Vichy. Une tâche qu’il va accomplir sans états d’âme, mais non sans difficulté : il se déplace personnellement dans les escadrilles réticentes à tirer sur les troupes américaines, comme c’est le cas du GC I/5 où les discussions sont animées avec son commandant comme le montre le journal de marche de l’unité. Sur l’ordre de l’amiral Darlan, toutes les unités françaises se rallient aux alliés après plusieurs jours de combats ayant causé un nombre non négligeable de victimes.
Son obéissance aveugle aux ordres de Vichy va lui coûter son poste. Maintenu dans sa position par le général Giraud, il va être finalement mis sur la touche au fur et à mesure de la perte du pouvoir politique de ce dernier. Le 1er octobre 1943, alors que la position des gaullistes s’affirme, il est placé en disponibilité, puis le 19 février 1944 en congé définitif du personnel naviguant.
Le 24 janvier 1945, il est arrêté à Alger et incarcéré sur ordre du ministre de l’air Charles Tillon, sans aucun mandat d’un juge d’instruction, chose qui n’est régularisée que le 15 mars suivant avec la désignation du général André qui le met sous mandat de dépôt. L’instruction conclut rapidement que la seule chose qui puisse être reprochée au général Lahoulle est d’avoir fait son devoir : il est alors mis en liberté provisoire le 5 avril 1945, puis une ordonnance de non-lieu est rendue le 31 juillet suivant. Placé dans le cadre de réserve en 1949, il se retire au Maroc où il décède en 1959, dans la ville de Rabat.
Sources
- Dossier individuel SHD n°1P 30 564/1