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Georges Lachmann
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cocarde française

As 14 - 18

Les as français de la Grande Guerre

Décorations

Profils

Georges Lachmann

Sur tous les fronts

7 victoires sûres (dont 3 drachens), 3 victoires probables
Palmarès détaillé »

Georges, Marcel Lachmann voit le jour le 10 août 1890 dans le 13e arrondissement de Paris, issu d’une famille alsacienne installée dans la capitale dont le père exerce la profession de mécanicien. Le jeune Georges va recevoir de son père la passion de la mécanique et dès l’âge de 14 ans va entrer à l’école nationale professionnelle de Vierzon, en sortant à 18 ans avec une bonne qualification en mécanique. Il exerce alors pendant deux ans la profession de dessinateur industriel, avant devoir partir effectuer son service militaire au mois d’octobre 1911.

Grâce à ses qualifications professionnelles, il est incorporé au 1er régiment du génie en tant que sapeur de 2e classe. S’il supporte mal la discipline militaire durant les premiers mois du service, il va vite changer d’avis en devenant particulièrement enthousiaste pour l’aviation naissante dont il voit les premiers appareils au centre de Versailles où il est affecté. Muté au centre d’aviation d’Etampes en février 1912, il y effectue ses premiers vols en tant que passager et va prendre du galon en atteignant le grade de sergent en juin 1913, exerçant la fonction de mécanicien d’avion chef d’atelier.

Désireux de devenir pilote, il s’engage dans l’armée au terme de son service en octobre 1913 et obtient son brevet sur monoplan REP au mois de juillet 1914, juste avant le déclanchement de la guerre. Il reste alors à ce moment en réserve au centre de St-Cyr et va se retrouver affecté à l’escadrille REP 27 qui se forme sur le terrain de Buc le 4 septembre 1914, effectuant sa première mission de guerre dès le lendemain lors des jours décisifs où l’armée allemande s’approche de Paris, puis participe la bataille de la Marne. Il sert avec la REP 27 dans les Flandres à compter du mois d’octobre 1914 pour y effectuer des réglages d’artillerie, puis va se retrouver muté en janvier 1915 à la REP 15 dans l’Artois qui deux mois plus tard passe sur Morane Parasol. Mais il volera très peu sur ce nouvel appareil, car en avril 1915 il a ordre de revenir à la Réserve Générale d’Aviation à Paris pour se former au pilotage du nouveau Nieuport 10. Il profite de ce répit pour se marier et retourne au front à l’escadrille N 57, où durant l’été 1915 il va effectuer parmi les premières missions de chasse sur cet appareil armé d’une mitrailleuse fixe sur l’aile supérieure, sans grand succès malgré plusieurs affrontements.

Pilote considéré comme très expérimenté et promu au grade d’adjudant, il est envoyé au mois de juillet 1915 à la demi-escadrille dépêchée par l’Etat-Major pour défendre la ville de Venise, geste politique pour soutenir l’allié italien qui vient d’entrer dans le conflit. Lachmann y fait le coup de feu contre des hydravions autrichiens qui s’aventurent à venir bombarder la ville et endommage effectivement l’un d’eux le 18 novembre 1915, mais sans l’abattre. Pour les pilotes de l’unité, c’est une affectation de rêve mais Lachmann ne supporte pas la Dolce Vita quand le sort de la France se joue à Verdun : il demande à retourner se battre sur le front français, et promu au grade de sous-lieutenant, obtient satisfaction au mois de mai 1916.

De retour à l’escadrille N 57 dans le secteur de Verdun, il va y remporter ses premiers succès en abattant un Drachen puis deux avions en juillet et août 1916, participant en outre à des attaques au sol lors des contre-offensives lancées par l’armée française sur le secteur de Verdun.

Décoré de la légion d’honneur le 23 février 1917, il est à cette époque déjà sur le départ pour la Russie car il a été muté à la mission militaire française envoyée dans ce pays pour en soutenir l’armée bien mal en point, plongée dans le chaos après l’abdication du Tsar et difficilement tenu par le gouvernement provisoire de Kerenski. Il arrive sur place par mer via le port de Murmansk et s’installe à Kiev à la fin du mois d’avril 1917. Il va y recevoir le commandement d’une escadrille de chasse issue de la mission militaire française, la N 581, qui est positionnée sur le front ukrainien. Volant sur un SPAD VII équipé de fusées Le Prieur, il réussit le 26 juin 1917 à incendier un ballon captif, mais il percute des arbres en redressant son appareil et s’écrase. Il est relevé de l’épave par des troupes russes dont il vient de descendre le ballon !

Hospitalisé après cette méprise, il retourne au front le 12 juillet 1917 alors qu’est lancée l’ultime offensive russe, dite Kerenski, et qui après plusieurs succès initiaux tourne au désastre pour les troupes russes minées par la propagande bolchevique et épuisées par toutes sortes de pénuries : les soldats désertent en masse et plusieurs régiments se délitent sans combattre. La N 581, qui reste une des rares unités aériennes opérationnelles à la disposition de l’armée russe, est contrainte comme cette dernière de battre en retraite sur une centaine de kilomètres. Une période éprouvante pour Lachmann, qui souffre toujours des contusions de son crash du 26 juin dernier, mais durant laquelle il réussit à remporter pas moins de cinq victoires aériennes entre le 1er septembre et le 16 octobre 1917.

Quand le gouvernement Kerenski est renversé par l’insurrection menée par les bolcheviques à Petrograd dans la nuit du 6 au 7 novembre 1917, le nouveau pouvoir communiste décrète un cessez-le-feu et entame des pourparlers de paix avec l’Allemagne. Les pilotes français doivent donc quitter le pays et Lachmann, promu lieutenant, doit négocier avec les nouvelles autorités pour amener ses hommes à Mourmansk. Il est cependant rappelé à Moscou par l’attaché militaire français qui le charge de rentre compte de la mainmise des bolcheviques sur l’aviation russe. Il retrouve finalement la ville de Mourmansk le 25 juin 1918 en emmenant avec lui 23 pilotes russes, dont l’as des as russe Alexandr Kazakov. Le pays bascule dans la guerre civile et Lachmann va servir avec les armées blanches soutenues par les britanniques à partir du port d’Arkhangelsk, à l’embouchure de la Drina, et ce jusqu’au mois de septembre 1918.

Rentré en France un mois plus tard, la guerre n’est pas encore terminée pour lui car, visiblement remonté contre les communistes, il se porte volontaire en mars 1919 pour la mission militaire française à Prague et va aider les troupes de la jeune Tchécoslovaquie à combattre l’attaque menée par les troupes de la Hongrie communiste de Bela Kun. Promu au grade de capitaine, il prend le commandement de l’escadrille BR 590 et effectue plusieurs missions à bord de son SPAD XIII, avant de prendre le commandement de toute l’aviation tchécoslovaque. Les combats durent moins d’un mois en juin 1919 mais son action continue avec la formation de pilotes locaux jusqu’au mois d’avril 1921 date à laquelle il rentre en France juste après avoir épousé une tchèque à Prague, suite à son divorce prononcé en 1920.

Toujours remonté contre les communistes, il se porte volontaire pour partir à la mission militaire de Pologne mais est affecté en Afrique Occidentale Française, vers laquelle il embarque au mois de juillet 1921. Devenant adjoint au commandant de l’aviation de l’AOF, il effectue de nombreux vols exploratoires en Breguet 14 et va obtenir un congé sans solde en janvier 1924 pour devenir entrepreneur privé et diriger une exploitation forestière en Côte d’Ivoire. Son affaire va plus tard s’étoffer d’une scierie, puis diversifier ses activités pour exploiter plusieurs produits coloniaux – il comptera près de 300 salariés. Il doit mettre fin à son congé sans solde en janvier 1928 pour raisons familiales – son épouse tchèque ayant demandé le divorce – pour reprendre du service en France au 34e régiment d’aviation du Bourget, en tant que pilote de chasse sur Nieuport 29 et Nieuport-Delage 62. Se remariant en 1929, il repart pour l’AOF en 1933 en tant que chef de l’escadrille coloniale n°2 sur Potez 25 et sert en Mauritanie mais les maladies tropicales le font rapatrier en septembre 1934. Il repart pour l’Afrique dès qu’il est guéri, laissant derrière lui sa 3e épouse qui comme les précédentes n’a pas supporté les séjours extérieurs… Affecté en décembre 1934 en Tunisie, il va s’y marier pour la 4e fois, sa nouvelle épouse donnant naissance à un fils en 1936.

Il termine alors sa carrière en juin 1938 avec le grade de commandant en étant rayé du personnel naviguant en raison de son âge, se concentrant sur ses affaires privées en Afrique. Rappelé à l’activité en 1939, il est affecté à la Base de Bordeaux en tant que commandant du Parc et lors de la débâcle va s’activer à faire passer clandestinement un maximum de matériel dans la zone libre. Démobilisé, il s’installe dans le Morbihan et décide de rejoindre la France Libre à la fin de l’année 1942, embarquant de Marseille sur un bateau qui arrive au Maroc le 8 novembre 1942 au moment où les alliés y débarquent. Il va tenter de se faire rappeler à l’activité par l’Etat-Major d’Alger, mais n’obtiendra aucune réponse et va installer en Côte d’Ivoire retrouver une situation dans son ancienne société. A force de démarches, il obtient d’Alger sa mobilisation dans un poste d’état-major dans l’armée de l’air le 6 juin 1944 et à ce titre va suivre la 1ere armée française débarquée en Provence jusqu’à la victoire finale.

Démobilisé en janvier 1946, il s’installe alors à l’île de Ré mais ne tardera pas à retourner en Côte d’Ivoire pour y gérer ses affaires, et ce jusqu’à son décès survenu à Tonnerre, dans l’Yonne, le 12 avril 1961.

Sources

  • Dossier individuel SHD 1P 30 992/1
  • La guerre aérienne illustrée

Palmarès de Georges Lachmann

DateHeureEscadrilleAvion pilotéRevendiquéLieuNotes
1 15-juil.-16 N 57 Nieuport Drachen Ham (vers Verdun)
2 28-juil.-16 N 57 Nieuport Albatros C III Souilly Avec Lt Jean Matton et MdL Georges Flachaire. Avion capturé.
P1 12-août-16 N 57 Nieuport Avion Gincrey Avec Adj Maxime Lenoir. Non homologué à Lachmann.
P2 15-déc.-16 N 57 Nieuport Drachen Bois de Consensoye
3,01-sept.-17,,N 581,SPAD VII,Drachen,"Chimatz, 20 miles de Melnitza (près de Chotin) (Russie)",Ballon Kuk Ballonkompagnie 22. LdR Egon Werthheimer et Fuerwerker Frantz Antos parachutés indemnes. 15 septembre selon archives russes
4 15-sept.-17 N 581 SPAD VII Biplace Chilovsti (Chilovtse) (Russie)
5,03-oct.-17,,N 581,SPAD VII,Brandenburg C I 169.14,"Malintsé, Mal’Shevka (Malyshevka-Malistoni) (Russie)",Biplace du FlAbt 242w endommagé.
6,08-oct.-17,,N 581,SPAD VII,Albatros biplace,"N. Lalisse, Saliesce, Zalec’ye, près rivière Zbrousch (Russie)",Avec S/Lt Couduret
P3,16-oct.-17,16h00,N 581,SPAD VII,Biplace,"Yagelnitsa,Lignes ennemies (Russie)","Forcé d’atterrir. Albatros C.I 169,09, Flik 11, posé dans ses lignes. Fwb Rudolf Mueller (pilote) indemne, obs Lt i d Res Ludwig Theimer tué."
7,16-oct.-17,18h20,N 581,SPAD VII,Drachen,Melnitza (Russie),"KuK Ballon Kompagnie 22, Lt i d Res Egon Wertheimer et Feuerwerker Franz Antos parachutés indemnes, mais Ballon C 24 détruit."