- Sous-lieutenant Joseph Guiguet
Nationalité française
- Breveté pilote militaire le 24 mai 1915 (brevet n°958)
- Cité dans le communiqué aux armées du 0000
- Escadrilles N 3, SPA 167, 95 CRP
- Né le 10/03/1891 à Veyrins (Isère)
- Mort le 28/10/1979 à Corbelin (Isère) (Mort naturelle)
Décorations
- Chevalier de la Légion d’Honneur
- Médaille Militaire
-
Croix de Guerre
4 palme(s)
1 étoile(s) de bronze
Profils
Joseph Guiguet
5 victoires sûres (dont 1 drachens), 7 victoires probables
Palmarès détaillé »
Joseph, Henri Guiguet est né le 10 mars 1891 à Veyrins, (Isère). Son père est un menuisier de profession et, associé avec ses deux oncles, possède un atelier de menuiserie qui va se diversifier dans la mécanique à l’époque de la naissance de l’automobile. L’atelier paternel devient le terrain de jeu du jeune garçon qui se passionne de mécanique en y découvrant le premier moteur qui y est exposé. Dévorant les revues professionnelles, il se passionne aussi pour l’aviation naissante et assiste aux premiers meetings aériens. Devenu apprenti dans l’entreprise familiale, il doit accomplir ses obligations militaires au mois d’octobre 1912.
L’armée remarque ses compétences en mécanique et l’affecte au 1er régiment du génie à Reims, où il est orienté vers le service aéronautique pour servir en tant que mécanicien personnel d’un pilote. Il est toujours sous les drapeaux quand éclate la guerre, en poste à l’escadrille HF 1 à Nancy. Nommé caporal le 15 décembre 1914 et officiellement consacré comme observateur photographe, il va répondre à un appel à volontaires pour gagner les écoles d’aviation et partir pour l’école de Pau le 20 février 1915, le lendemain de sa nomination au grade de sergent. C’est là qu’il réalise ses premiers vols aux commandes d’un avion, sur un Blériot d’école. Il y rencontre deux élèves avec lesquels il va se lier d’amitié : le sergent René Dorme, et l’aspirant Jean Raty. Les trois amis passent leur brevet de pilote militaire ensemble et se retrouvent tous affectés fin mai 1915 à l’escadrille C 94 du Camp Retranché de Paris.
L’aviation allemande n’effectue que de très rares incursions sur la capitale et l’ennui gagne vite les pilotes, qui peuvent néanmoins parfaire leur entraînement lors de leurs patrouilles. Dorme souhaite en découdre et le 21 juillet 1915 va embaucher Guiguet pour un raid clandestin à bord d’un Caudron G.4 mené contre les lignes allemandes qu’ils bombardent de pavés ramassés sur un chantier parisien… Des jours monotones s’écoulent au Bourget, rythmés par de vaines alertes. Nommé au grade d’adjudant au mois d’août, en même temps que son ami Dorme, Guiguet prend ses habitudes avec ce dernier à la petite église du Bourget. Dorme, très pratiquant, va s’y recueillir avec ferveur. Guiguet, quant à lui, trouve par terre durant une cérémonie un chapelet qu’un participant à la cérémonie a laissé tomber. Il ramasse l’objet pour le rendre à son propriétaire, une demoiselle qui ne va pas tarder à devenir sa fiancée ! Le 2 mars 1916, il est muté avec Dorme à l’escadrille N 95 du CRP, toujours stationnée au Bourget, mais équipée de chasseurs Nieuport 11 dont il va s’initier au pilotage. Il sera le pilote sélectionné pour tester une nouvelle arme, les fusées Le Prieur, fixées sur les mats du chasseur et destinées à enflammer des ballons captifs ennemis, les Drachen. Guiguet effectue un essai réussi grandeur nature sur le terrain du Bourget le 4 mai 1916, en présence du Président de la République qui le félicite au terme du vol. Il va être détaché sur le front pour le premier emploi opérationnel de l’arme, réalisé avec plusieurs autres pilotes le 22 mai 1916 dans la région de Verdun, et va effectivement abattre un Drachen ennemi qui constitue sa première victoire homologuée.
Il est ensuite muté à l’escadrille N 3 le 16 juin 1916, l’escadrille d’élite de la chasse française, où il retrouve son ami Dorme. Il n’y fera qu’un court séjour : jugé à juste titre comme un spécialiste de l’attaque au Drachen, il est cantonné sur ce type d’objectif qui reste très dangereux car fortement défendu par la DCA. C’est précisément la DCA qui touche son appareil le 1er juillet 1916 et le blesse grièvement. Posé dans les lignes françaises, il est quitte pour plusieurs semaines d’hôpital.
Il est de retour à la N 3 qui stationne dans la Somme le 14 novembre 1916 après une longue convalescence et rééducation et va remporter deux victoires aériennes confirmées les 15 et 20 décembre 1916, mais une pneumonie l’oblige à interrompre ses vols du 16 janvier 1917. De retour à la N 3 le 1er mars 1917 alors que celle-ci stationne en Lorraine, il suit son unité sur le terrain de Bonnemaison le 31 mars pour y couvrir l’attaque du Chemin des Dames et va remporter sa 4e victoire homologuée le 5 mai 1917, ainsi que plusieurs autres qui ne lui seront pas confirmées. Il est de nouveau touché par la DCA le 23 mai 1917 et s’écrase dans les lignes françaises où il est très grièvement blessé.
Soigné chez lui en Isère, il s’y marie avec sa fiancée, et, promu sous-lieutenant, ne reprend le chemin du front que le 19 août 1918 pour être affecté à l’escadrille SPA 167, une nouvelle unité dirigée par l’as Bernard Barny de Romatet avec lequel il va remporter sa 5e et dernière victoire homologuée le 24 octobre 1918.
Victime de la grippe espagnole le mois suivant, il doit être de nouveau hospitalisé et sera officiellement démobilisé le 8 octobre 1919 pour s’installer dans l’Isère. Resté officier de réserve, et effectuer à ce titre deux périodes d’entrainement volontaire au Bourget où il loge chez sa belle-famille et y retrouve des souvenirs d’autrefois. Toutefois, son état de santé du fait de ses nombreuses blessures (bras, jambe, mâchoires et poumons) va conduire en 1924 à sa réforme définitive avec pension d’invalidité de 80%. Toujours passionné de mécanique, il va construire sa propre automobile mais du point de vue professionnel va travailler dans l’affaire de son père qui a supervisé la construction d’une soierie et d’une laiterie. Joseph Guiguet en dessine personnellement les plans, ce qui lui permettra plus tard, en faisant valider ses réalisations auprès de l’ordre des architectes, d’exercer cette profession dans ce département jusqu’à sa retraite. N’ayant pas participé à la seconde guerre mondiale en raison de son état de santé, il s’éteint le 28 octobre 1979 dans sa région natale, sur la commune de Corbelin.
Sources
- Dossier individuel SHD cote 1P 30 991/1
- Témoignage oral SHD