Warning: Undefined array key "ac8786f5f3c6b81092238efed0c277ab" in /home/astnmwfe/www/spip.php on line 2

Warning: Undefined array key "ac8786f5f3c6b81092238efed0c277ab" in /home/astnmwfe/www/vendor/autoload.php on line 2
André Dubonnet
MENU
cocarde française

As 14 - 18

Les as français de la Grande Guerre

Décorations

Profils

André Dubonnet

6 victoires sûres, 3 victoires probables
Palmarès détaillé »

André Dubonnet nait dans le 4e arrondissement de Paris le 28 juin 1897, dans un milieu particulièrement fortuné puisque son père Marius est un riche négociant héritier de la célèbre marque d’apéritif Dubonnet, fondée par son grand-père. Le jeune garçon grandit donc dans la grande bourgeoisie de la Belle époque avec une sœur et un frère ainé, Emile (né en 1883), sous l’égide d’un père passionné de sport, qui sponsorise de nombreuses manifestations sportives et qui pousse toujours ses fils à se dépasser les faisant pratiquer football, escrime, cyclisme, patinage sur glace, baseball, course automobile…. Marius Dubonnet décède en 1910 et les affaires de la société sont prises en mains par le mari de la sœur ainée d’André. Elles restent florissantes pour permettre au frère ainé Emile de financer sa passion pour l’aérostation car il participe à plusieurs courses en ballon de 1906 à 1912, dont la course Gordon Bennett. Il devient aussi un pionnier de l’aéronautique en obtenant le brevet de pilote civil n°47 le 7 avril 1910 et en s’illustrant dans plusieurs meetings. Le jeune André ne quitte pas son grand frère d’une semelle dans ces meetings et apprend très tôt à conduire une automobile. En 1910, à l’âge de 13 ans, il a déjà réalisé son premier vol en tant que passager…

Quand la guerre éclate, le jeune homme de 17 ans vient d’obtenir son baccalauréat et brûle d’aller combattre. Il lui faut une autorisation parentale et n’hésite pas à menacer sa mère de s’inscrire dans la légion étrangère pour qu’elle accepte de lui donner l’autorisation, qu’elle cèdeà condition qu’il ne s’engage pas dans l’aviation. Il signe son engagement à la mairie de Paris le 3 mars 1915 au 4e régiment d’artillerie comme simple soldat, où il est employé comme conducteur automobile. Mais il n’a pas renoncé pour autant à son idée de devenir pilote et obtient sa mutation dans le service aéronautique en octobre 1915, passant à l’école de pilotage de Buc le 4 décembre suivant. Il n’en sortira pas breveté, peut être par motif disciplinaire, car il est affecté le 25 février 1916 au 117e régiment d’artillerie et va combattre à Verdun après avoir été instruit au centre de Bourges au maniement des crapouillots, puis passe le 21 avril 1916 au 41e régiment d’artillerie de Douai qui est placé à Pontavers, face au chemin des Dames.

Il y reste peu de temps, car son grand frère, sous-lieutenant observateur et commandant la 46e compagnie d’aérostation, obtient de leur faire muter dans son unité le 2 juin 1916. Le 23 février 1917 il obtient de revenir dans une école de pilotage et obtient très vite son brevet de pilote dès le 30 mars suivant, terminant sa formation par l’école d’acrobatie de Pau et étant placé avec le grade de brigadier au Groupement des Divisions dans l’attente de son affectation dans une unité opérationnelle.

L’affectation qu’il reçoit, l’escadrille 561 de Venise, ne lui convient pas car les combats sont plutôt rares. Il profite alors de sa première permission en France pour faire jouer ses relations qu’avait son père dans le monde politique pour obtenir sa mutation dans une escadrille de chasse du front français et est comblé au-delà de ses espérances car il rejoint le 17 septembre 1917 la prestigieuse escadrille SPA 3, juste après la mort de Guynemer.

Il y effectue quelques missions et se retrouve promu au grade de maréchal des logis en octobre avant de se faire renvoyer de l’aviation le mois suivant : profitant du mauvais temps qui réduit l’activité aérienne, il s’octroie à lui-même une permission pour aller faire la fête dans la capitale... Pratique courante et tolérée chez les pilotes, mais à condition de rester discret et/ou de ne pas croiser un supérieur. C’est précisément ce qui arrive au maréchal des logis André Dubonnet : probablement pour avoir fait trop la fête, il doit être ramassé par une patrouille de gendarmerie et reconduit à son escadrille où son supérieur, le capitaine Raymond, le dégrade séance tenante et le renvoie dans son arme d’origine. Ramené officiellement au rang de brigadier le 11 décembre 1917, il est renvoyé le 16 au 41e régiment d’artillerie et retrouve le chemin des tranchées pendant l’hiver.

Son régiment se retrouve exposé en première ligne au moment de la grande offensive de printemps lancée par les troupes allemandes sur la Somme, où les troupes britanniques qui tiennent le secteur se trouvent pulvérisées. Alors que son unité d’artillerie bat en retraite allant de Guisard à Noyon, le brigadier Dubonnet se distingue en sauvant deux pièces d’artillerie. Décoré et retrouvant son grade de maréchal des logis le 3 avril 1918, il profite de la reconnaissance de son colonel pour négocier son retour dans l’aviation, ce qui est chose faite le 25 avril 1918.

Il est à cette date de retour à l’escadrille des Cigognes où l’ambiance est surement glaciale avec son chef d’escadrille, le capitaine Raymond. Mais la glace va vite fondre avec les premiers succès aériens que va ramener Dubonnet, qui ne sont pas un luxe pour l’escadrille SPA 3 qui a perdu ses plus grands as. En compagnie du sergent Franck Bayliès, pilote américain de l’escadrille, il va remporter trois victoires aériennes au mois de mai 1918 aux commandes de son SPAD XIII qu’il décore du chat des apéritifs Dubonnet. Le 13 juin 1918 il obtient sa 4e victoire contre un Drachen mais en revient avec la frayeur de sa vie car il doit esquiver les attaques de 10 chasseurs allemands de protection. Le 17 juin 1918 il est témoin de la mort de l’as Bayliès : volant avec ce dernier, ils se méprennent sur la nationalité de triplans qu’ils prennent pour des anglais mais qui sont en fait allemands et qui descendent son ami. Epuisé par deux mois de combats intenses, André Dubonnet bénéficie d’une longue permission de deux semaines en juillet, avant de reprendre le combat lors des contre-offensives alliées où il va clore son tableau de chasse en remportant 2 victoires homologuées le 16 août 1918.

Il va effectuer son dernier vol de guerre le 5 octobre 1918, car, touché par la grippe espagnole, il verra l’armistice de l’hôpital. Démobilisé en janvier 1919, André Dubonnet a la vie devant lui et une immense fortune que lui donne la société Dubonnet gérée par son oncle par alliance René Lalou, toujours très active sur le plan publicitaire : les célèbres affiches « Dubo Dubon Dubonnet » envahissent les murs de la France entière... L’as de guerre s’offre un petit biplan de sport SPAD 29 en 1920, puis se lance durant toute la décennie avec passion dans les courses automobiles au volant de divers bolides dont il intervient personnellement dans la conception et la mise au point. Il se marie à la fin de l’année 1922 avecMlle Claude Sampiéri. Deux filles vont naître de ce mariage, dont le prénom reflète du patriotisme de leur père : France en 1924, puis Lorraine en 1929. Le 4 juin 1930, André Dubonnet obtiendra le divorce.

Durant les années 1930, il va se consacrer à l’étude et la réalisation de prototypes de voitures avant-gardistes, présentant au salon de l’automobile de 1932 une voiture basée sur le chassis de l’Hispano-Suiza H6 B et équipée d’un système original de suspension à 4 roues indépendantes qu’il a personnellement conçu, fait de demi-essieux oscillants articulés autour du carter différentiel. Il en vendra le brevet à plusieurs constructeurs automobiles dont General Motors, ce qui accroitra sa fortune déjà considérable. C’est également en 1932 où il conclut son 2e mariage, le 9 mars à la mairie de Neuilly avec Mlle Xenia Howard Johnston.

En 1935 il oriente ses études vers l’aérodynamisme et réalise un prototypes de voiture, la Dolphin, ressemblant à une goutte d’eau montée sur quatre roues et d’un aileron stabilisateur à l’arrière, à la manière d’un Drachen. Elle ne connaîtra aucune suite industrielle mais sera rachetée par la Ford Motor Company qui s’intéresse à ses innovations techniques. Sa seconde épouse Xenia décédant prématurément, il épouse le 12 avril 1937 en 3e noces Mlle Ruth Obre et l’année suivante fait réaliser un chef d’œuvre de la construction automobile, la Dubonnet Xenia (hommage à sa 2e épouse), une superbe voiture réalisée avec le carrossier Saoutchik, basée sur l’Hispano-Suiza J12, très effilée et de couleur gris métallisée.

La fin des années 1930 voit la montée des périls et la seconde guerre mondiale s’annonce avec les accords de Munich pour tout observateur avisé. André Dubonnet, membre déclaré des Croix de Feu du Colonel De la Roque, va chercher à renouer avec l’armée. Il a durant l’entre-deux guerres complètement négligé ses périodes d’entrainement militaire et n’est resté qu’un simple sergent de réserve, d’ailleurs radié du personnel naviguant pour avoir atteint la limite d’âge de son grade. Mais c’est compter sans l’obstination de l’intéressé et de ses relations... Ami intime de l’homme politique Paul Raynaud, alors ministre des finances, il utilise ce précieux “piston” pour être réintégré en tant que sous-lieutenant du personnel naviguant, dans son ancienne unité devenue une des deux escadrilles du GC I/2 sur Morane 406. L’ancien as de 14-18 n’est plus aussi affuté au niveau du pilotage mais entretient sa popularité en fournissant le bar de l’escadrille de ses apéritifs… Il effectuera quelques missions durant la drôle de guerre et affrontera un Dornier 17, sans succès, le 22 avril 1940. Après le 10 mai 1940 la rareté des appareils disponibles font réserver ceux-ci aux jeunes pilotes et il n’effectue plus de missions de guerre. Il sera démobilisé le 12 juillet 1940 à Orange et se réfugie au siège des établissements Dubonnet, sur le quai Vauban de Sète.

L’occupation allemande sera pour lui comme pour sa société une période difficile. Les établissements Dubonnet, comme tous les marchands de vin, doivent faire commerce de leurs produits avec l’occupant, dont les troupes sont très friandes de vins français. La situation d’André Dubonnet est aggravée par le fait que son oncle par alliance André Lalou, directeur des établissements Dubonnet, devient le directeur de la société Mumm, une société de vins française fondée par des allemands dont les dirigeants ont été expulsés durant la première guerre mondiale, et qui en reprennent possession durant l’occupation. Lalou montre patte blanche avec ses nouveaux employeurs en s’affichant dans les cercles collaborationnistes. André Dubonnet va lui-même fréquenter ces cercles et participer à des dîners mondains à Paris durant l’occupation, où il rencontrera des personnalités allemandes telles qu’Helmut Knochen, le chef de la SD en France de 1942 à 1944, qui affirmera après-guerre avoir croisé André Dubonnet dans ces réceptions. On ne peut dire si ces fréquentations sont guidées par la conviction ou réalisées pour donner le change et conserver le contrôle de sa société ; toujours est-il qu’il n’est pas inquiété par la justice à la libération, n’étant pas mis accusation dans les procès de l’épuration. L’armée de l’Air lui refusera cependant l’honorariat de son grade en raison de son attitude durant l’occupation ; néanmoins il sera promu à la fin des années 1950 comme officier de la légion d’honneur après deux années de démarches.

Vivant à Cuba dans les années 1950, il divorce une nouvelle fois en 1957 et se remarie en 4e noces avec Mlle Elise Curtiss le 28 juin 1966 à la marie de Neuilly. La société Dubonnet va être vendue dans les années 1960 à la société italienne d’apéritifs Cinzano ; André Dubonnet va alors se passionner pour l’énergie solaire sur la fin de sa vie et y réaliser des investissements dans lesquels il y laissera une bonne partie de sa fortune. Il s’éteint le 20 juillet 1980 à l’âge de 83 ans, sur la commune de Maule dans les Yvelines.

Sources

  • Dossier individuel SHD n°1P 31 598/2
  • Témoignage histoire orale SHD n°23

Palmarès de André Dubonnet

DateHeureEscadrilleAvion pilotéRevendiquéLieuNotes
1 03-mai-18 17h25 SPA 3 SPAD XIII Biplace Montdidier Avec Sgt Bayliès. FA 245, Ltn Willy Karbe et Ltn Erich Meuche tués.
2 10-mai-18 17h25 SPA 3 SPAD XIII Biplace Faverolles
P1 17-mai-18 18h45 SPA 3 SPAD XIII n°8174 Chasseur Gratibus
3 31-mai-18 10h45 SPA 3 SPAD XIII n°8174 Biplace Montdidier Avec Sgt Bayliès
4 13-juin-18 9h30-11h SPA 3 SPAD XIII n°8174 Drachen S. Bois de Laboisère Avec Sgt Chevanne
P2 27-juin-18 9h00 SPA 3 SPAD XIII n°8174 Biplace Gratibus-Fignières
P3 16-août-18 9h00 SPA 3 SPAD XIII n°8174 Fokker D.VII Roye
5 16-août-18 9h15 SPA 3 SPAD XIII n°8174 Biplace Carrepuis Tue le mitrailleur. Avec Cne Batlle (SPA 103)
6 16-août-18 11h30 SPA 3 SPAD XIII n°8174 Biplace Gruny Avec Cne de Sevin (SPA 26)