- Sous-lieutenant Marcel Vialet
Nationalité française
- Breveté pilote militaire le 31 août 1915 (brevet n°1481)
- Cité dans le communiqué aux armées du 2 octobre 1916
- Escadrilles N 67, C 53
- Né le 21/08/1887 à Lyon (3e arr)
- Mort le 21/09/1925 à Briançon (Maladie contractée en service pendant la campagne du Rif (Maroc).)
Décorations
- Chevalier de la Légion d’Honneur
- Médaille Militaire
-
Croix de Guerre
6 palme(s)
2 étoile(s) d'argent
Marcel Vialet
8 victoires sûres, 7 victoires probables
Palmarès détaillé »
Pierre Marcel Vialet naît le 21 août 1887 dans le 3e arrondissement de Lyon où son père est un simple commis des postes mais qui va en devenir inspecteur général. Il peut offrir une solide éducation à son fils qui prend le prénom d’usage de Marcel, et qui obtiendra le baccalauréat. Le jeune homme effectue son service militaire de 1908 à 1910 dans trois régiments différents et sans prendre de galon malgré son niveau d’éducation, ce qui signifie peut-être une recrue difficile à gérer… Il suit ensuite une formation pour devenir capitaine au long cours et embarque à Marseille le 20 août 1912 sur le paquebot « Océanien » de la Compagnie des Messageries Maritimes, qui l’emmène pour un long voyage en extrême orient. Il abandonne la navigation pour se consacrer à une activité qu’il juge plus lucrative, le commerce. Au mois de mars 1914 il est domicilié à Moscou, exerçant la profession d’industriel, et travaillant pour le compte d’un de ses oncles.
Quand survient la déclaration de guerre, il doit quitter la Russie pour rejoindre la France via la Mer Noire, ce qui est tout une aventure car il échappe de peu à l’internement par les Turcs encore neutres en franchissant le détroit du Bosphore. Incorporé au 7e régiment de cuirassiers de Lyon, il gagne immédiatement le front le 15 août 1914 pour y combattre dans divers régiments de cavalerie (affecté au 2e dragon, puis 10e cuirassier) en participant à la bataille de Charleroi, puis au terme d’une longue retraite au cours de laquelle il est blessé au mollet par une balle de mitrailleuse le 2 septembre 1914, participe à la bataille de la Marne. Son régiment est ensuite envoyé sur l’Yser où il est de nouveau blessé le 24 octobre 1914 par un éclat d’obus dans les reins ainsi qu’un coup de baïonnette.
Suite à toutes ces blessures au combat, il demande à passer dans l’aviation ce qui lui est accordé le 23 janvier 1915. Il rejoint alors un des tout premiers contingents d’élèves pilotes formés après le début de la guerre, gagnant Dijon pour suivre sa formation élémentaire, puis l’école de pilotage de Pau d’où il sort breveté, mais sans obtenir le grade de caporal habituellement donné aux jeunes pilotes, et en étant affecté à un poste de pilote convoyeur. Ce n’est que le 21 février 1916, sur sa demande, qu’il peut rejoindre le front à l’escadrille C 53, avec le grade de brigadier et 370 heures de vol à son actif ce qui sera pour lui un capitale déterminant pour les durs combats qui l’attendent à la bataille de Verdun qui commence.
Descendu indemne sur son Caudron G.4 le 4 mars, il contribue à descendre un avion ennemi avec son mitrailleur le 8 mars 1916, ce qui va constituer sa première victoire qui lui vaudra une citation et le grade de maréchal des logis. Lors d’un combat épique contre deux Fokker Eindecker le 28 avril 1916, il descend l’un d’eux mais est lui-même descendu par le second qui se trouve être piloté par l’as Oswald Boelcke. Posant son Caudron dans le no-man’s land en pleine bataille, il parvient avec son mitrailleur à regagner les lignes françaises. Il sera descendu une troisième fois le 2 mai 1916, mais va abandonner les commandes du Caudron pour passer dans la chasse le 24 juin 1916 à l’escadrille N 67 où ses talents seront bien mieux employés.
Aux commandes d’un Nieuport 16, il va le 6 août 1916 réaliser l’exploit d’abattre deux avions ennemis lors de la même sortie. Cela lui vaudra la légion d’honneur et une belle frayeur quand il part en voiture récupérer un souvenir sur l’épave d’une de ses victimes, tombée entre les lignes : il est pris sous le feu des mitrailleuses allemandes et va passer une heure et demie caché par le cadavre de l’observateur allemand avant de parvenir à ramper vers les lignes françaises, en ayant réussi à ramener avec lui une des mitrailleuses Parabellum de l’appareil !
Ayant abattu sa 5e victoire aérienne le 25 septembre 1916, il connaît la célébrité en étant cité au communiqué aux armées du 2 octobre 1916. C’est à cette époque qu’il est approché par le journaliste Jacques Mortane, qui vient de lancer sa revue « La guerre aérienne illustrée ». Vialet en deviendra un collaborateur régulier, y écrivant quelques articles mais plus encore alimentant régulièrement la publication de ses dessins et caricatures de scènes du front et des combats aériens. Sa 6e victoire aérienne, remportée le 23 novembre 1916, est ainsi racontée avec de nombreux détails dans la revue… Il remporte sa 7e victoire en décembre 1916 et quitte le secteur de Verdun en étant promu au grade de sous-lieutenant le 23 décembre 1916.
En 1917 il est retiré des combats pour être affecté au Service de Fabrication des Avions, un poste qui lui donne la faculté de chasser sur les lignes aux commandes de ses nouveaux appareils, expliquant ses allers et retours entre l’arrière et le front à l’escadrille N 67. C’est à ce titre qu’il abat sa 8e et dernière victoire le 9 février 1917. Testant au front le Morane AC monoplan, il va être détaché dans une escadrille du Royal Flying Corps sur Sopwith Pup au mois de mai 1917 où il va obtenir une citation des autorités britanniques pour avoir abattu 3 nouvelles victoires aériennes, mais qui ne seront pas reconnues par les autorités françaises. Pilote réceptionnaire chez Morane Saulnier en septembre 1917, il va subir des problèmes de santé au début de l’année 1918 et sera radié des contrôles du Groupement des Divisions d’Entrainement le 31 janvier, son parcours exact pour la fin de la guerre n’étant pas connu.
Démobilisé, il reprend ses affaires à l’étranger et s’installe en Indochine. Celles-ci semblent péricliter puisqu’il rentre en France en 1922 et va démissionner de son grade de sous-lieutenant de réserve pour s’engager dans l’armée au 35e régiment d’aviation en tant que sergent-pilote. Il va alors servir au Maroc dans la campagne du Rif le 1er avril 1923. Mais ses chefs notent une sérieuse dégradation de son état de santé et le capitaine Lebrun, chef du 37e régiment d’aviation, écrit même « En raison de l’affaiblissement de ses moyens physiques ne semble plus être le Vialet de la grande guerre. » Il est néanmoins promu sergent-major le 1er avril 1924, puis adjudant le 1er juillet suivant, et rentre du Maroc le 23 août 1924. Sa dernière appréciation mentionne : « Fatigué physiquement et moralement, aurait tendance à chercher un réconfort au fond du verre. Ne pilote plus d’une façon suivie ». Au terme de son engagement, il « rempile » pour deux nouvelles années le 5 décembre 1924 et est affecté le 2 janvier 1925 au 34e régiment d’aviation dans la région parisienne, avec le grade de sous-lieutenant qu’il retrouve à titre définitif.
Il va alors chercher à se marier avec sa compagne, Mlle Clémence Raturas (32 ans), qui vit à Paris où elle exerce la profession de manucure et qu’il a rencontrée pendant la guerre en 1917. Malgré l’opposition de son père, l’armée donne un avis favorable au mariage après enquête de moralité de l’intéressée. Mais le mariage n’aura pas lieu : admis à l’hôpital de Briançon au mois de juillet 1925, Marcel Vialet va y expirer le 21 septembre suivant. Son décès sera annoncé dans les pages intérieures de la presse nationale, signalant la mort d’un grand as de guerre.
Sources
- Dossier Service Historique de l’armée de terre
- Fiche Matricule Lyon Central 1818 Cl 1907
- État civil