- Capitaine Mathieu Tenant de la Tour
Nationalité française
- Breveté pilote militaire le 3 juin 1915 (brevet n°1029)
- Cité dans le communiqué aux armées du 28 août 1916
- Escadrilles SPA 3, SPA 26, N 67, MS 15
- Né le 5/12/1883 à Paris
- Mort le 17/12/1917 à Auchel (Pas de Calais) (Mort dans un accident d'avion)
Décorations
- Chevalier de la Légion d’Honneur
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Croix de Guerre
7 palme(s)
1 étoile(s) de bronze
Profils
Mathieu Tenant de la Tour
9 victoires sûres (dont 1 drachens), 11 victoires probables
Palmarès détaillé »
Antoine, Marie, Joseph, Mathieu (prénom d’usage) Tenant de la Tour naît le 5 décembre 1883 dans le 6e arrondissement de Paris. S’il est issu d’une famille aristocratique originaire du Limousin, celle-ci est sans fortune particulière car son père est commis principal à la caisse des dépôts et consignations, ce qui permet à Mathieu et à ses quatre frères de vivre parmi la classe moyenne, sans plus. Ce dernier, tout comme son frère ainé, va montrer un grand intérêt pour le métier des armes et décide à 19 ans de s’engager volontairement pour une durée de 3 ans à la fin du mois de novembre 1902, choisissant d’être incorporé au 11e régiment de chasseurs alpins à Annecy. Atteignant le grade de sergent un an plus tard, il « rempile » au terme de son engagement et demande pour raisons personnelles à passer au 5e régiment de hussards à Nancy. Il y est accepté le 1er septembre 1906, mais comme simple soldat… Il retrouvera rapidement ses galons six mois plus tard et va rester sous-officier de carrière jusqu’au déclenchement de la guerre, étant toujours bien noté par ses supérieurs.
Mathieu Tenant de la Tour combat avec le 5e hussards en Lorraine lors de la bataille de Morhange où l’unité déplorera de lourdes pertes. Sans doute pour compenser celles-ci dans l’encadrement, il est promu au grade d’adjudant le 29 août 1914 et sous-lieutenant moins de deux semaines plus tard, pendant la bataille de la Marne. Obtenant une citation lors des combats de la course à la mer, il est blessé au poignet par des éclats de shrapnel le 10 octobre 1914 lors d’une reconnaissance. Constatant que la cavalerie est désormais inutile, il se porte volontaire pour l’aviation et y est accepté le 5 décembre 1914, partant en école de pilotage d’où il sort breveté et affecté le 10 juillet 1915 à l’escadrille MS 15 dans la Somme, ayant appris durant sa formation la mort au combat de son frère ainé François.
Il va servir pendant près de deux mois dans cette escadrille, avant d’être muté à la nouvelle N 67 en formation à Lyon le 17 septembre 1915 sur Nieuport 10, d’où elle est immédiatement envoyée sur le terrain de La Cheppe pour participer à la bataille de Champagne. Mais De la Tour, s’il réalise quelques missions durant la bataille, ne va pas rester longtemps dans l’unité le car le 30 septembre 1915, en allant chercher un nouveau Nieuport à Dugny, il capote au décollage avec son appareil (probablement après avoir voulu faire un spectaculaire décollage en chandelle…) et se retrouve quitte pour un séjour en hôpital suivi d’une convalescence qui se termine au mois de décembre 1915.
Il est alors envoyé au terme de celle-ci à l’escadrille N 57 qu’il rallie le 29 décembre 1915 sur le front de la Somme, où il va remporter sa première victoire aérienne le 23 janvier 1916 à bord d’un Nieuport 10 biplace contre un Drachen que lui et son observateur mitraillent jusqu’au sol, ce qui lui vaut la légion d’honneur. Il remporte peu après une seconde victoire à la N 57 pour laquelle on manque de documentation, puis part avec son escadrille dans la région de Verdun le 20 mars 1916 où la bataille fait rage. Le 25 avril 1916, il va être blessé en combat aérien, victime de Manfred von Richtofen lui-même qui est à l’époque simple pilote de biplace.
De nouveau hospitalisé, il tient à reprendre dès que possible sa place au combat. Encore incomplètement guéri, il intègre le 6 juin 1916 la prestigieuse escadrille N 3, dite des Cigognes, où sert l’as des as Georges Guynemer. L’unité se trouve alors à Cachy avec l’essentiel de la chasse française et participe à la bataille de la Somme, où l’aviation allemande va se retrouver en infériorité. C’est une période victorieuse pour les chasseurs français et De la Tour va très vite s’y constituer un beau palmarès, y revendiquant sur Nieuport 16, Nieuport 17 puis SPAD VII pas moins de 13 appareils ennemis jusqu’à la fin de l’année 1916, dont seulement six lui seront homologués (dont un Drachen). S’il s’avère être un piètre tireur, il se révèle en revanche selon le témoignage du journaliste René de Chavagnes comme un sacré bavard qui n’hésite jamais à livrer avec force détails parfois invraisemblables le récit de ses combats… Mentionné au communiqué aux armées du 28 août 1916 après sa 5e victoire officielle, il va jouir d’une certaine notoriété dans la presse accentuée du fait qu’il fait partie de la « bande noire », le club des quatre plus grands as officiers des Cigognes composée de Guynemer, Heurtaux et Deullin. Toujours très élégant, il va selon plusieurs témoignages profiter de cette notoriété pour multiplier les conquêtes féminines…
Au terme du long séjour sur la Somme de l’escadrille N 3, l’unité part au début de l’année 1917 à Manoncourt-en-Vermois en Lorraine où De la Tour, alors promu lieutenant, va être muté à l’escadrille N 26 (comme la N 3 rattachée au GC 12) pour en prendre le commandement, peu de temps avant la bataille du Chemin des Dames à laquelle va participer l’unité. C’est là qu’il remportera sa 9e et dernière victoire homologuée le 7 mai 1917 (suivies de 3 autres probables) alors qu’il apprend la mort d’un de ses frères cadets sur le front.
La N 26 part alors avec le GC 12 dans les Flandres pour y soutenir l’offensive britannique sur le secteur. Les pertes y seront très lourdes pour les aviateurs britanniques et non moins sévères pour les français qui y perdent l’as des as Georges Guynemer. Mathieu Tenant de La Tour y survit et y revendique une dernière victoire, non homologuée. Le 17 décembre 1917, il effectue sur son SPAD une visite au 43e Squadron du Royal Flying Corps sur le terrain d’Auchel. Afin d’épater la galerie, il effectue un tonneau à basse altitude. Malheureusement, une boîte de récupération des maillons métalliques de bandes de mitrailleuse fixée à l’arrière du moteur au-dessus des pieds du pilote se détache et vient bloquer le palonnier. Le SPAD s’écrase et il est tué sur le coup.
Sources
- Dossier individuel 5YE 135.993
- Etat civil