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Paul Tarascon
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cocarde française

As 14 - 18

Les as français de la Grande Guerre

Décorations

Profils

Paul Tarascon

12 victoires sûres, 10 victoires probables
Palmarès détaillé »

Paul Alban Pierre Tarascon nait le 8 décembre 1882 au Thor, dans le Vaucluse, dans une famille possédant une minoterie qui assure la fortune des six enfants. Mais le jeune homme se trouve étouffé par cet environnement familial qui a déjà tout tracé son destin, et décide en 1902, pour voir du pays, de s’engager pour 3 ans dans l’armée au 4e régiment d’infanterie coloniale de Toulon. Simple soldat de première classe, il est muté lors de sa 2e année de service au 23e régiment d’infanterie coloniale encaserné à Paris, où il peut admirer les premiers sauts de puce des pionniers de l’aviation et se passionner pour le vol. Libéré de son engagement en mars 1905, il retourne dans le Vaucluse travailler dans la minoterie familiale où il devient courtier en farines, puis se marie en 1909 et emménage à Marseille. Il va connaître un sérieux revers de fortune en étant mis en liquidation judiciaire en 1911. Sa famille le remet à flot, mais le jeune homme a désormais un autre horizon : voler.

Cette même année 1911, il achète un Blériot d’occasion et, malgré la réprobation de sa famille, réalise ses premiers vols à Miramas où les premiers pilotes de Provence vont s’exercer. Puis, le 26 juin 1912, alors qu’il s’apprête à passer les épreuves du brevet de pilote de l’aéroclub de France, il s’écrase en vol suite à une faute de son mécanicien qui a oublié de goupiller le stabilisateur de son appareil. Très grièvement blessé, il doit être amputé d’un pied sous le genou, et est quitte pour de longs moins d’hôpital et de rééducation pour réapprendre à marcher avec une prothèse. Il n’a qu’un seul souhait : voler de nouveau.

La guerre va lui en donner l’opportunité. Présent au Maroc pour affaires le jour de la déclaration de guerre, il court s’engager au plus proche bureau de recrutement, et, après plusieurs péripéties, finit par se faire affecter à l’école d’aviation de St Cyr en plaidant sa qualité d’aviateur. Sur place il devra lutter contre les préjugés liés à son handicap, puis au mois de décembre 1914, dès la réouverture des écoles militaire, part pour celle de Pau où il passe le même mois son brevet de pilote civil, puis militaire, restant affecté à l’école en tant que moniteur. Promu au grade caporal en janvier 1915 puis sergent en juin, il obtient lui-même de partir pour le front au mois d’août 1915 malgré son handicap et son âge de 33 ans.

Il connaît pour première affectation l’escadrille N 31 en Lorraine qu’il rallie en octobre 1915. Peu de choses se passent sur ce secteur du front, mais au mois de février 1916 la bataille de Verdun fait rage et toutes les escadrilles de chasse françaises y sont envoyées. Tarascon, promu adjudant en mars, n’y participe pas et reste à l’arrière comme pilote convoyeur. Il est par contre muté le 1er mai 1916 à l’escadrille N 3, l’élite de la chasse française, qui se bat dans la Somme à partir du terrain de Cachy où il retrouve le jeune as Georges Guynemer qui a été son élève à Pau.

Volant sur un Nieuport 11 qu’il baptise « Zigomar » comme le seront tous ses autres appareils, les combats aériens qu’il va effectuer vont se multiplier. Le 25 mai 1916 il revendique une victoire, qui ne lui sera pas homologuée. Ce jour même il est muté à l’escadrille N 62 où il restera toute la guerre durant. Il va officiellement ouvrir son tableau de chasse le 15 juillet 1916 aux dépends d’un Aviatik abattu près de la ville d’Amiens et en remportera de nombreuses autres, toujours sur le secteur de la Somme où restera postée la N 62 durant tout le restant de l’année 1916. Suite à un oubli dans ces citations, c’est à sa 6e victoire homologuée, en date du 17 septembre 1916, qu’il a l’honneur de voir son nom mentionné dans le communiqué aux armées du lendemain. La presse s’intéresse alors au cas de ce pilote atypique qu’elle surnomme « l’as à la jambe de bois » ; jambe de bois qui lui aura sauvé la mise puisqu’elle aura été transpercée par une rafale en combat aérien le 9 août 1916.

Quand la N 62 quitte la Somme pour la Marne, Paul Tarascon, promu au grade de sous-lieutenant, est à 9 victoires, et bien que son escadrille reçoive des chasseurs SPAD il continue de voler sur Nieuport qu’il juge plus maniable. Augmentant son tableau de chasse de deux nouvelles pièces en avril et mai 1917, il est toujours en ligne en 1918 et remporte sa 12e et dernière victoire officielle aux commandes d’un SPAD VII le 18 juillet de cette année, à la fin des offensives allemandes de printemps, peu de temps après avoir été promu au grade de lieutenant.

Mais l’as est physiquement à bout de souffle après ces quatre années passées sur le front. Le moignon de sa jambe mutilée se tuméfiant, il doit être hospitalisé le 25 août 1918 et subir une nouvelle amputation ou l’on raccourcit sa jambe mutilée de 4 cm. C’est donc au repos qu’il voit passer l’armistice de 1918.

Il entame son retour à la vie civile dans une passe difficile. Souffrant d’une dépression sévère qui s’ajoute à l’amputation, il divorce de son épouse en 1920 et va se lancer pour un temps dans les affaires en Afrique du Nord. Mais il reste passionné par l’aviation et dès 1923 il va se consacrer à préparer un projet pour lequel sont en course de nombreux aviateurs : être le premier à réaliser une traversée de l’Atlantique Nord de Paris à New-York, pour laquelle l’industriel américain d’origine française Raymond Ortheig offre un prix de 25 000 $. Il va pour ce faire s’associer avec son ancien chef d’escadrille, Raymond Coli. C’est avec un autre navigateur, nommé Faverau, qu’il va réaliser des essais d’endurance de son appareil, un Potez 25 modifié, mais celui-ci s’écrase avec les deux hommes le 25 septembre 1925. Tarascon, blessé à la tête, n’abandonne pas son idée et en 1926 fait l’acquisition d’un Bernard 18 GR baptisé « Oiseau Tango ». Mais le projet n’aboutira pas : Tarascon se brouille avec Coli en raison de la passion pour le jeu de ce dernier ; puis des imprévus techniques surviennent et enfin la réussite de la traversée par Lindbergh puis d’autres aviateurs font perdre à l’aventure tout son intérêt.

Tarascon abandonne alors le projet en 1927 et part s’installer à Cannes avec sa nouvelle épouse et en 1930 va investir dans des terrains, créant l’aérodrome de Cannes-Mandelieu qui restera pendant longtemps le seul de la côte d’Azur. Quand éclate la guerre, Paul Tarascon, qui n’a fait aucune période de réserve, est mobilisé avec son ancien grade de lieutenant et va être employé comme officier de liaison. Démobilisé peu après l’armistice, il se retire à Cannes mais n’admet pas la défaite au point de s’investir dans les premiers réseaux de résistance, à commencer par celui du général Cochet dès 1940. Tarascon va héberger des agents britanniques dans sa villa, ravitailler le maquis et former des résistants à l’action clandestine. A la libération, avec le grade de commandant FFI il procède au réaménagement de son terrain miné par les Allemands, avec l’aide de prisonniers de guerre qui lui sont affectés. Décoré pour son action dans la résistance, le vieil aviateur se retire à Cannes et s’éteint le 11 juin 1977.

Sources

  • Témoignage oral SHD de Paul Tarascon.
  • Dossier individuel SHDA (1P 17866/1).

Palmarès de Paul Tarascon

DateHeureEscadrilleAvion pilotéRevendiquéLieuNotes
P1 25/05/1916 N 3 Nieuport 11 n°1159 LVG type C
1 15/07/1916 N 62 Aviatik Amiens. Lt Walter Sieber (pilote) et Obltn Walter Von Hartsen (Obs), tués au combat, du FlAbt 23.
2 21/07/1916 N 62 LVG type C 2 km de Nesle.
3 01/08/1916 N 62 Aviatik Roye. Uffz Johann Hoscheck et Ltn Otto Hotzer, du Schusta 21, tués à 15 km de Roye.
4 09/08/1916 N 62 Nieuport 16 n°xxx2 Aviatik Herly - Rethonvilliers (S-O Péronne).
5 31/08/1916 N 62 Albatros Epanancourt - Pargny. Un naviguant, lâ€â„¢Uffz Kurt Richter, est blessé à Nesle (7 km au Sud), mais sa victoire est également revendiquée par Dorme
P2 02/09/1916 N 62 Monoplace Misery.
P3 06/09/1916 N 62 Avion  ?
P4 14/09/1916 N 62 Avion Gizancourt. Le Ltn Erich Schultz (obs), du FA 225, est tué à Matigny à 8 km au SE de Cizancourt. Mais Nungesser revendique également une victoire sur le secteur, plus près.
6 (5) 17/09/1916 N 62 LVG type C Deniécourt. Uffz George Eggers (pilote) et Ltn Jospeh Klein (obs), du Ks S II, tués à Péronne, soit à 8 km au NE de Deniécourt. Mais Heurteaux revendique également une victoire à 6 km au S. de Péronne, Malaviale à 10 Km au S., et Dorme à 6 Km au N.
P5 17/09/1916 N 62 LVG type C Deniécourt.
7 (6) 22/09/1916 N 62 Nieuport 17 n°1662 Monoplace Sud-Ouest d’Horgny.
8 (7) 01/11/1916 N 62 LVG type C Moislans.
9 17/11/1916 N 62 Aviatik Manancourt. Vfw Arno Zimmermann (pilote) et Obltn Oskar Kriegbaum (observateur), du FA 256, respectivement tués et blessés à Etricourt tout près de Manancourt.
P6 06/04/1917 N 62 Albatros Marchelepot. (Sud-Ouest de Peronne) Uffz Ludwig Weber, du Jasta 3, blessé à Biaches, au SO de Péronne. Homologuée à la N 62, non reprise dans ses citations
P7 09/04/1917 N 62 LVG type C Pinon.
10 19/04/1917 N 62 LVG type C Est de Trucy.
11 28/05/1917 N 62 LVG type C Pinon (Sud d’Anizy le Chateau)
P8 31/05/1917 N 62 Monoplace  ?
P9 07/06/1917 N 62 LVG type C E. forêt de Villers-Cotterêts
P10 12/07/1917 N 62 Monoplace Vaucresson
12 18/07/1918 SPA 62 SPAD VII n°72xx Albatros Villers-Coterets