- Adjudant Jean Pezon
Nationalité française
- Breveté pilote militaire le 22 mai 1917 (brevet n°6485)
- Cité dans le communiqué aux armées du 30 octobre 1918
- Escadrilles SPA 90
- Né le 10/03/1898 à Saint-Pierre-le-Moûtier (Nièvre)
- Mort le 24/08/1980 à Inconnu (Son dossier sera en ligne en 2018 sur le site des AD de la Nièvre) (Mort naturelle.)
Décorations
- Médaille Militaire
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Croix de Guerre
7 palme(s)
1 étoile(s) de bronze
Jean Pezon
Le charcutier
10 victoires sûres (dont 9 drachens), 7 victoires probables
Palmarès détaillé »
Jean, André Pezon voit le jour le 10 mars 1898 à St-Pierre-le-Moutier (Nièvre) dans une famille aisée dont le père est avocat, et qui s’installe peu après sa naissance à Tunis. Agé d’à peine 16 ans au moment de la déclaration de guerre, le jeune homme brûle d’aller combattre et s’engage volontairement dans l’armée dès qu’il en a la possibilité, le 4 septembre 1915 à l’âge de 17 ans et demi.
Incorporé au 5e régiment d’artillerie d’Afrique comme simple soldat, il sert pendant 16 mois sur plusieurs secteurs du front dont Verdun et la Somme, obtenant une citation au mois de mars 1917. A cette époque il est déjà parti en école de pilotage car il a été muté dans l’aviation où il s’est porté volontaire. Il en sort breveté et promu au grade de brigadier, puis après avoir patienté trois mois au Groupement des Divisions d’Entrainement, se voit affecté le 1er janvier 1918 à l’escadrille N 90 qui stationne en Lorraine. Le secteur est réputé assez calme et l’unité est équipée de Nieuport 24 et 27 dépassés face à l’aviation allemande. Néanmoins un petit groupe de très jeunes pilotes de l’unité, le S/Lt Marius Ambrogi, le MdL Maurice Bizot et l’Adjudant Macé auxquels se joindra Pezon, vont aller chercher les victoires en s’attaquant aux ballons captifs allemands, les Drachen, faciles à tirer mais très difficiles à approcher en raison de la forte DCA qui les défend, quelquefois renforcée d’avions de chasse patrouillant à haute altitude.
Pézon multiplie les missions mais sans remporter de succès homologués, s’en prenant aussi aux troupes allemandes et même à un train de permissionnaires qu’il attaque sans pitié. Il obtient sa première victoire homologuée le 17 mai 1918 contre un Drachen abattu avec Ambrogi. Quatre jours plus tard, il attaque un biplace ennemi dont le tir défensif lui coupe des câbles de commande ; il doit rentrer à son terrain où son avion s’écrase et le laisse avec une grave commotion qui ne l’empêche pas de reprendre le combat et d’enflammer un second Drachen le 25 juin 1918. Promu adjudant, il doit cependant quitter le front pour être soigné de ce qui s’avère un traumatisme crânien et à la colonne vertébrale. Il ne reprend sa place au combat que le 31 août 1918, à une époque où l’armée allemande reflue de toutes part et il ne fait aucun doute que la guerre va finir dans quelques mois – un peu tard pour devenir un as. C’est pourtant ce que va faire Pézon qui va multiplier les missions et atteindre un total de 10 victoires aériennes homologuées dont 9 ballons appelés aussi « saucisses », gagnant le surnom de « Charcutier ». Sa dernière victoire est obtenue le 29 octobre 1918 soit deux semaines avant l’armistice, ce qui lui permet, in extremis, d’être mentionné dans le communiqué aux armées du lendemain, en compagnie de son camarade Macé, étant les deux derniers as français ainsi cités.
Il doit cependant terminer l’année 1918 à l’hôpital pour être de nouveau soigné des vertiges dont il souffre toujours suite à sa chute du mois de mai. Il reprend sa place dans son escadrille en décembre, alors que celle-ci stationne en Allemagne occupée. Son tableau de chasse lui offre la possibilité d’intégrer l’armée d’active, et il est alors muté en 1919 à la prestigieuse escadrille SPA 103 (celle de Fonck) en étant promu sous-lieutenant. Il reste qu’un jeune pilote enthousiaste de vingt ans ne fait pas forcément un bon officier en temps de paix, comme le notent à plusieurs reprises ses nouveaux supérieurs qui louent sa témérité mais soulignent le besoin qu’il a d’être « sérieusement dirigé ». Envoyé au mois de décembre 1920 en école d’application d’artillerie, il revient de son examen avec des notes particulièrement médiocres qui montrent son manque de sérieux que déplorent ses chefs. Il poursuit néanmoins sa carrière dans l’active en étant promu lieutenant le 16 août 1921, puis, après s’être marié en 1922, quitte l’armée l’année suivante pour s’installe à Conakry dans la colonie française de Guinée pour y devenir le directeur d’une plantation de bananes et d’ananas. Il se rend périodiquement en France à Marseille pour affaires et en Tunisie pour sa famille, et pilote en Guinée un petit avion de tourisme personnel.
Quand survient la seconde guerre mondiale, Jean Pézon est mobilisé avec son grade de capitaine de réserve et va se retrouver affecté à Thiès, près de Dakar, où le colonel Pelletier-Doisy, chef de l’aviation de l’AOF, va lui confier le commandement de l’escadrille coloniale n°2 sur Potez 25 à bord desquels il va faire des vols de patrouille maritime pour surveiller la présence de sous-marins ennemis. Le 17 mai 1940, il est envoyé sur ordre en métropole mais se trouve bloqué au Maroc par l’armistice, où il est démobilisé. Il va alors sur place prendre contact avec les premiers cercles gaullistes qu’il va animer en Guinée. Après que l’AOF se soit ralliée aux alliés, il obtient d’être rappelé dans l’armée de l’air en février 1944 et sert d’abord en AOF comme officier de liaison auprès des armées anglo-américaines, puis au mois de mai passe au Maroc où, promu commandant de réserve, il va servir à un poste administratif en étant nommé commandant adjoint de la base d’Alger en septembre. Au mois de novembre 1944, il est nommé à la tête de la Compagnie de Révision et de Réparation (CRR) n°86, une petite unité technique qui est envoyée participer à la campagne d’Alsace à partir du 19 mars 1945. Il quittera son commandement le 13 août 1945, après la capitulation de l’Allemagne, laissant le souvenir d’un officier très brave et n’hésitant pas à faire le coup de feu contre l’artillerie ennemie, mais assez négligeant pour assurer son commandement – au point de ne recevoir aucune décoration pour la campagne 44-45.
Il rentre alors dans sa plantation en Guinée dont il est expulsé lors de l’indépendance du pays par le président Sékou Touré. Il se retirera sur la côte d’Azur à Vallauris Golfe Juan (près d’Antibes) jusqu’à son décès survenu le 24 août 1980.
Sources
Dossier individuel cote 1P 32503/1, Service historique des armées, Vincennes.