- Lieutenant Albert Mézergues
Nationalité française
- Breveté pilote militaire le 30 août 1914 (brevet n°537)
- Cité dans le communiqué aux armées du 0000
- Escadrilles BR 131, N 79, V 84 S, V 90 S, VC 113, V 21
- Né le 5/11/1886 à Saint-Chaptes (Gard)
- Mort le 15/05/1925 à Maroc (Tué pendant la guerre du Rif, blessé en vol par le tir des rifains et décédé de ses blessures peu après.)
Décorations
- Chevalier de la Légion d’Honneur
- Médaille Militaire
-
Croix de Guerre
7 palme(s)
Profils
Albert Mézergues
6 victoires sûres, 1 victoires probables
Palmarès détaillé »
Albert Edmond Mézergues nait le 5 novembre 1886 dans la commune de St Chaptes (Gard), où son père exerce la profession de gendarme. Ce dernier prend sa retraite de gendarme à 40 ans, en 1897, et se retire avec une très modeste pension qui le contraint à travailler pour subvenir aux besoins de sa famille, s’installant dans la ville de Toulouse. Le jeune Albert est éduqué dans un milieu très patriote et traditionnaliste, voire royaliste, puisqu’il devient vite un sympathisant puis adhérent de la ligue d’Action Française de Charles Maurras. En 1904, le jour même de ses 18 ans, avec l’autorisation de son père, il s’engage volontairement dans l’armée pour une durée de 3 ans au 12e régiment de Hussards, près de Besançon.
Il y prendra rapidement du galon pour être nommé au grade de maréchal des logis. Se rengageant à plusieurs reprises, il désire passer officier en tentant les concours des écoles militaires. Il est malheureusement limité par son éducation qui le fait être recalé à l’oral de l’école d’artillerie en 1910, ainsi qu’à celle de cavalerie en 1912. Après s’être marié en juillet 1913, il se porte volontaire pour la nouvelle aviation militaire et y est détaché en décembre 1913, obtenant son brevet de pilote civil peu avant la déclaration de guerre.
Il passe les premiers jours du conflit à effectuer des convoyages d’appareils Voisin jusqu’à ce que sa hiérarchie consente à lui octroyer le brevet de pilote militaire le 30 août 1914. Ceci lui vaut d’être immédiatement affecté à l’escadrille V 21 à Châlons sur Marne qu’il rejoint le 3 septembre suivant. Il réalise alors ses premières missions de reconnaissance, et le 8 septembre il effectue sa première mission de bombardement qui deviendra sa grande spécialité. Nommé adjudant le 17 du mois, il tente d’attaquer un Drachen à coup de fléchettes et réalise nombre d’autres missions de réglage d’artillerie, de reconnaissance photo et même de chasse.
La physionomie de ses missions change au mois de mai 1915 où il est promu sous-lieutenant et où il reçoit un Voisin-Canon. Avec cet appareil il va s’essayer à la chasse aux Drachen, qu’il est en fait impossible d’enflammer avec les projectiles du canon de 37 mm tirant de la grenaille. Cela ne l’empêche pas de tenter l’affaire et le 6 juin 1915, l’un de ceux qu’il attaque lui sera rétrospectivement considéré comme homologué, constituant sa 1ere victoire aérienne.
Après ce succès suit pour lui une période de déveine : il est victime d’un accident au sol le 8 juin, brise son appareil de remplacement, et tombe gravement malade en juillet. Pressenti pour être affecté à l’escadre de Breguet Michelin, il refuse catégoriquement de voler sur cet appareil qu’il juge dangereux, ce qui lui vaut d’être mis aux arrêts.
C’est peut-être d’ailleurs par punition qu’il va se retrouver affecté à l’aviation d’orient le 20 octobre 1915, après quelques jours passés à la VC 113. Débarquant à Salonique, il est rattaché avec sa section d’avions-canons à l’escadrille V 90, composante du Groupement de Bombardement d’Orient (GBO), lequel va réaliser une douzaine de raids derrières les lignes ennemies. Mézergues s’y bat courageusement et réalise plusieurs attaques au canon contre les positions ennemies, et se frotte à la chasse allemande en tirant un monoplace Pfalz E.I le 23 mars 1916 qui lui sera considéré comme abattu. Le 27 mars, décollant pour défendre la ville de Salonique d’un raid ennemi, il se fait homologuer une 3e victoire contre un Albatros C descendu en collaboration avec un autre équipage. Enfin, durant la nuit du 4 au 5 mai 1916, il décolle sur alerte et attaque courageusement le Zeppelin LZ 85 qui s’en prend à la ville de Salonique. Tirant 5 obus sur sa cible, il abandonne l’attaque quand le ciel se zèbre de projectiles de DCA qui a repéré le dirigeable, lequel ira s’écraser dans les marécages du Vardar. Promu lieutenant et devenant instructeur pour les pilotes serbes durant l’été 1916, le paludisme endémique de Grèce le fera rapatrier en France le 6 août où il sera hospitalisé et mis au repos, ne reprenant le service qu’au mois de décembre 1916.
Après un court entrainement, il est affecté sur biplan Sopwith à l’escadrille N 79, une unité de chasse disposant d’une section de reconnaissance à longue distance dont il aura la charge. Effectuant plusieurs missions et hospitalisé pour gelures aux pieds et au visage, il est attaqué le 13 avril 1917 par 4 chasseurs ennemis dont il se défend efficacement avec son mitrailleur au point qu’un des agresseurs va quitter le combat en fumant et lui sera homologué comme son 4e succès.
Albert Mézergues reçoit ensuite au mois de juillet 1917 le commandement de l’escadrille SOP 129, une composante du GB 4 du capitaine Happe stationnant à Luxeuil et chargé d’effectuer des raids sur le territoire allemand. Les pilotes de l’unité s’avèrent peu expérimentés et brisent leurs appareils à l’atterrissage. Mézergues a fort à faire pour relever le prestige de son unité et réalise aux commandes d’un Sopwith monoplace en compagnie d’un équipier, le Lt Beaumont, un spectaculaire raid de bombardement sur Francfort-sur-Main, plutôt symbolique mais qui redonne confiance à ses pilotes et lui vaut l’honneur de passer au communiqué aux armées. Le second raid qu’il organise le 22 août 1917 sur Fribourg-en-Brisgau se termine mal car il est abattu par la chasse ennemie et capturé en se posant dans les lignes allemandes. Incarcéré dans deux camps de prisonniers différents dans lequel il croise le célèbre Roland Garros, il finit au mois de décembre 1917 à être assigné à résidence à Francfort sur Main, ville qu’il a bombardé et où il sert de bouclier humain. Avec la complicité de soldats français, il parvient à s’évader en train, déguisé en civil, et parvient à passer la frontière hollandaise, puis rejoint la France le 17 mars 1918.
Après une permission à Toulouse, il s’entraîne sur le nouveau Breguet 14 et après un cours passage à la BR 134 se retrouve nommé à la tête de l’escadrille BR 131 le 26 mai 1918. Ancienne escadrille du GB 4 de Luxeuil, la BR 131 est maintenant amalgamée dans l’escadre de bombardement n°13, elle-même composante de la division aérienne du général Duval, grande force aérienne réservée à la disposition du GQG chargée d’obtenir la supériorité aérienne sur tout point du front par effet de masse. Les Breguet 14 de la division aérienne ne connaîtront aucun repos en étant employés contre les troupes ennemies lors des offensives allemandes de printemps, qui bousculent les positions alliées. A la tête de son escadrille, Mézergues va mener de nombreuses missions de bombardement conduites en formation, au cours desquelles il affronte la chasse allemande. Le 31 mai 1918, lui et son mitrailleur, le très jeune Henri Miclet, se voient homologuer un chasseur allemand. Le 25 juin 1918, en attaquant des positions allemandes, Albert Mézergues réalise sa 100e mission de bombardement mais est descendu an combat aérien, se posant dans les premières lignes françaises alors que son mitrailleur Miclet a été tué – il en donne le récit complet au journal monarchiste « L’action française ».
Après une courte convalescence, il reprend sa place au front le 5 août 1918 en étant promu au grade de capitaine. Il réalise encore de nombreuses missions jusqu’à l’armistice, remportant une nouvelle victoire aérienne le 14 septembre 1918, terminant la guerre avec 6 victoires homologuées, 129 bombardements, 65 reconnaissances et missions photographiques, 39 surveillances de jour, et 11 réglages d’artillerie. Il jouit alors d’une relative célébrité, car il été cité au communiqué, non pour ses victoires aériennes mais ses missions de bombardement qui lui valent d’être salué dans la presse comme « un as du bombardement ».
Le héros va connaître une période très difficile dans l’immédiat après-guerre. Militaire d’active, il reste en escadrille mais une maladie nerveuse contractée en service – une kératite - l’immobilise pour deux mois. Il divorce également de son épouse à cette époque. Muté en Tunisie pour prendre le commandement de l’escadrille BR 543, il se remarie au mois de juillet 1919 et réalise plusieurs vols de longue distance en Afrique du Nord sur son Breguet 14. Au début de l’année 1921 il est muté au Levant pour commander la 54e escadrille du 35e régiment d’aviation, combattant l’insurrection au Djebel Druze. Ses chef louent sa bravoure mais déplorent un officier manquant de culture et de tempérance…
Muté en Rhénanie au mois de novembre 1922 pour commander la 4e escadrille du 12e régiment d’aviation, il se porte volontaire pour le Maroc un an plus tard où il part finalement durant l’été 1924 avec l’appui des médecins militaires qui soulignent que le climat est plus favorable à la guérison de sa kératite. Affecté au 37e régiment d’aviation, il arrive quand débute la guerre du Rif avec l’attaque au début de l’année 1925 des avant-postes français par les rifains jusque-là cantonnés au Maroc espagnol. Commandant un groupe de 3 escadrilles, il mène plusieurs missions de bombardement et est blessé d’une balle au bras en avril 1925. Vite rétabli, il est de nouveau touché par un tir du sol le 15 mai 1925 alors qu’il était assis à la place de l’observateur sur Breguet 14 et décède le lendemain dans la ville de Fès.
Sources
- Dossier individuel SHD n°1P 23 466/1
- Carnet de vol