- Commandant Raoul Lufbéry
Nationalité américaine
- Breveté pilote militaire le 29 juillet 1915 (brevet n°1286)
- Cité dans le communiqué aux armées du 15 septembre 1916
- Escadrilles N 124 Lafayette, 94th Aéro Squadron
- Né le 14/03/1885 à Chamalières (Puy-de-Dôme)
- Mort le 19/05/1918 à Maron (Meurthe-et-Moselle) (Mort au combat)
Décorations
- Chevalier de la Légion d’Honneur
- Médaille Militaire
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Croix de Guerre
10 palme(s)
Profils
Raoul Lufbéry
16 victoires sûres, 14 victoires probables
Palmarès détaillé »
Raoul Gervais Lufbéry est né à Chamalières le 14 mars 1885, dans une famille franco-américaine plutôt aisée dont le père, de nationalité américaine, est un chimiste, et dont deux frères sont nés avant lui. Mais un drame frappe la famille car sa mère décède à peine un an après sa naissance. Le père abandonne alors ses trois fils aux soins de leur grand-mère maternelle à Chamalières et part refaire sa vie, en France puis aux États-Unis dans le Connecticut. Très vite, Raoul Lufbéry est livré à lui-même et fait plusieurs petits boulots, puis décide en 1905 de parcourir le vaste monde en s’embarquant à Marseille pour l’Afrique du Nord. Il y effectue mille métiers et passe en Tunisie, puis en Égypte - où il renonce à sa nationalité française pour échapper au service militaire - et s’embarque pour Constantinople, traverse les Balkans et arrive en Allemagne où il travaille dans une brasserie. En 1907 il s’embarque de Brême pour les États-Unis où il espère retrouver son père à Wallingford dans le Connecticut. Il ignore que ce dernier voyageait à ce moment vers la France mais il peut découvrir ses demi-frères et sœurs dans la seconde famille qu’il a fondée.
De là il va mener une vie aventureuse, devenant représentant de commerce, ce qui le fait voyager jusqu’à Cuba. Il s’engage en 1908 dans l’armée américaine comme simple soldat et se retrouve au 20e régiment d’infanterie à San Francisco, puis est envoyé à Hawaï le 13 décembre 1908, retourne à San Francisco le 1er avril 1909 et finit son service à Manille aux Philippines en 1910. Son engagement terminé, il voyage en Asie et visite le Japon, la Chine et l’Inde, puis en 1913 en Indochine il rencontre le pionnier de l’aviation Marc Pourpe qui réalise des exhibitions aériennes tout autour du monde. Il va en devenir le mécanicien et va le suivre en Indochine puis en Égypte où il réussit un raid aérien en volant du Caire au Soudan.
Quand la guerre éclate il suit son patron Marc Pourpe et s’engage comme simple soldat dans l’armée française pour la durée de la guerre le 25 août 1914. Cet engagement volontaire lui permet de choisir son arme, le 1er groupe d’aviation où il est employé comme mécanicien. Bien qu’aucun document ne permette de formellement l’attester, on peut supposer qu’il est affecté comme mécanicien de Marc Pourpe, qui sert à l’escadrille MS 23.
Quand celui-ci se tue accidentellement le 2 décembre 1914, Raoul Lufbéry décide de lui-même devenir pilote pour le venger et finit par être accepté dans les écoles de pilotage. Il obtient son brevet de pilote militaire (n°1286) sur Farman à Chartres le 29 juillet 1915 ainsi que le grade de caporal, et, après avoir complété sa formation à l’école d’Ambérieu, part le 5 octobre 1915 pour l’escadrille VB 106 à Malzéville sur bombardier Voisin.
Il y restera environ 8 mois à effectuer des missions de bombardement principalement sur la Lorraine allemande. Au mois de mai 1916, il gagne le Groupement des Divisions d’Entrainement pour se former sur chasseur Nieuport et le quitte le 24 de ce mois pour intégrer la nouvelle escadrille N 124, constituée de pilotes volontaires américains et qui prendra le nom d’escadrille Lafayette – les États-Unis étant à cette époque officiellement neutres dans le conflit. Raoul Lufbéry, promu au grade de sergent, y vit une cohabitation d’abord difficile avec ses compatriotes qui sont pour la plupart issus de riches familles américaines et se moquent de son accent français. Cependant il va rapidement s’imposer grâce à ses résultats. Alors que la N 124 combat dans le ciel de Verdun, il y remporte sa première victoire aérienne le 30 juillet 1916, suivies de trois autres dans la dizaine de jours suivants qui lui valent sa promotion au grade d’adjudant. A la fin de l’année 1916, la N 124 est déplacée dans les Vosges pour y servir d’escorte aux bombardiers du Groupe Happe et c’est le 12 octobre 1916, lors d’un célèbre raid des bombardiers sur Oberndorf qui tourne en une bataille rangée entre avions français et allemands que Raoul Lufbéry remporte sa 5e victoire homologuée qui lui vaut l’honneur de figurer dans le communiqué aux armées du 15 octobre et d’accéder à la célébrité.
Il va ensuite durant l’année 1917 participer à tous les combats de l’escadrille Lafayette dont il est le meilleur élément, étant décrit par ses camarades comme n’étant pas forcément un pilote exceptionnel mais un mécanicien hors pair qui met toutes les chances de son côté en inspectant méticuleusement toutes les pièces de son appareil ainsi que les bandes de sa mitrailleuse. Il est très apprécié de la mascotte de l’escadrille, un lionceau nommé Whisky qui sera suivi d’une petite lionne nommée Soda et dont, selon les témoignages, Lufbéry était le seul à pouvoir approcher sans se faire mordre. Promu au grade de sous-lieutenant en juin 1917, il obtient ses 15e et 16e victoires officielles aux commandes de son SPAD le 2 décembre 1917. Il va quitter son unité peu après : alors que les États-Unis sont officiellement en guerre, des escadrilles américaines commencent à se former et à être envoyées sur le front. Raoul Lufbéry est promu au rang de major (commandant) et est chargé de transmettre sa précieuse expérience du combat à tous ces jeunes pilotes.
Il continue cependant de voler opérationnellement au 94th Aéro Squadron, dit « The hat in the ring », qui est basé à Toul en Lorraine sur Nieuport 28. Le 19 mai 1918 il attaque sur la commune de Maron un avion allemand qui se défend et touche son Nieuport. Lufbéry est alors expulsé de son appareil et est précipité dans le vide, sans parachute comme tous les pilotes de l’époque, et se tue en s’écrasant contre une barrière de jardin. On ne sait trop si, comme cela a été annoncé, il s’est volontairement jeté dans le vide comme le prétend sa légende pour éviter de périr brûlé vif, où si comme un témoin oculaire le prétend a été expulsé de son appareil qui faisait des embardées en ayant des commandes coupées.
La nouvelle de sa mort fera la une des journaux français comme américains. Inhumé avec les honneurs militaires français comme américains, sa dépouille repose aujourd’hui au mémorial Lafayette de Marnes-la-Coquette.