- Capitaine Didier Le Cour Grandmaison
Nationalité française
- Breveté pilote militaire le 30 mai 1915 (brevet n°1006)
- Cité dans le communiqué aux armées du 18 avril 1917
- Escadrilles C 46, C 47.
- Né le 18/05/1889 à Nantes (Loire-Atlantique)
- Mort le 10/05/1917 à NE Berry-au-Bac (Aisne) (Tué au combat)
Décorations
- Chevalier de la Légion d’Honneur
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Croix de Guerre
3 palme(s)
Profils
Didier Le Cour Grandmaison
5 victoires sûres, 2 victoires probables
Palmarès détaillé »
Didier, Louis, Marie, Charles, Le Cour Grandmaison voit le jour à Nantes le 18 mai 1889 dans une famille de l’aristocratie comprenant nombre de capitaines de la marine royale, ou d’armateurs comme son père qui est membre de la chambre de commerce de Nantes, conseiller général puis député de la Loire Inférieure sur une liste de la droite conservatrice. Didier grandit entre Nantes et Paris quand son père doit accomplir son mandat de député, puis de sénateur après 1895. En 1907, après avoir obtenu son baccalauréat de lettres et sciences, il décide de s’engager dans l’armée pour 4 ans au 16e régiment de chasseurs à cheval tout en préparant le concours d’entrée à l’école d’officiers de St-Cyr, qu’il réussit l’année suivante. Son classement de sortie est assez moyen et mais il excelle à la sortie de l’école d’application de la cavalerie de Saumur ; affecté au 26 régiment de Dragons de Dijon, il s’y trouve toujours avec le grade de lieutenant quand éclate la guerre.
Il va se battre avec son unité engagée dans les Vosges, puis dans l’Artois où la guerre s’enlise dans les tranchées et rend la cavalerie obsolète. Didier Le Cour Grandmaison ne peut s’y résoudre et se porte volontaire dans l’aviation où il est accepté en avril 1915 pour se retrouver breveté fin mai sur Caudron G.3, étant peu après affecté à l’escadrille C.47 dans les Vosges où il effectue ses premières missions de reconnaissance et de réglage d’artillerie.
L’arrivée dans l’aéronautique militaire du Caudron R.IV va bouleverser son destin. Avion bimoteur équipé de deux postes de mitrailleurs, l’état-major désire former une escadrille expérimentale de cet appareil prometteur que l’on pense capable d’affronter la chasse ennemie. L’escadrille C 46 est choisie pour en être la première à le recevoir, escadrille dont Didier Le Cour Grandmaison reçoit le commandement le 15 mars 1916. Promu capitaine, il va s’employer avec succès à former son escadrille et recruter puis former des mitrailleurs. Selon un témoignage, par son sens du commandement et de la camaraderie il parviendra à instituer une excellente ambiance parmi sa petite troupe.
C’est sur la Somme que l’escadrille C.46 est engagée au combat à la fin du mois de juin 1916. La tactique des Caudron R.IV est simple : se faire chasser ! Plus précisément attendre que les chasseurs ennemis approchent pour les cribler de plomb avec les tirs des deux mitrailleurs équipés chacun de deux mitrailleuses Lewis. Même s’il est fréquent que le gros bimoteur, qui n’est ni rapide ni particulièrement maniable, soit souvent troué du tir des balles ennemies, cette tactique marche contre toute attente et l’unité va remporter 22 victoires homologuées sur la Somme jusqu’en janvier 1917, pour des pertes assez légères. Le capitaine Didier Le Cour Grandmaison est de toutes les missions en volant sur n’importe quel appareil disponible ; il est dans l’équipage du premier appareil victorieux le 15 juillet 1916 puis remporte trois autres victoires avec ses mitrailleurs entre septembre et novembre 1916.
Retirée du front en février 1917, l’escadrille est rééquipée sur Letord 1 bimoteurs et engagée dans l’Aisne pour la bataille du chemin des Dames. La chasse allemande y est autrement plus mordante que dans la Somme et les pertes y sont plus lourdes. Le capitaine Le Cour Grandmaison y remporte sa 5e victoire homologuée le 14 avril 1917 avec ses mitrailleurs, ce qui lui vaut l’honneur de figurer au communiqué aux armées du 18 avril, et ce dont il tire une grande fierté.
Mais à peine trois semaines plus tard, le 10 mai 1917, il va décoller pour la dernière fois. Prenant comme souvent d’autorité la place d’un de ses pilotes dans un Letord, il rencontre sur les lignes un groupe de cinq chasseurs allemands de la Jasta 15 qui se jettent à l’attaque. Le caporal Joseph Crozet, mitrailleur avant, est tué lors des premières rafales. Puis un chasseur lance une attaque en piqué et tire de haut une rafale à la verticale : Le Cour Grandmaison, non protégé dans ce cas par le blindage du pilote, est tué, tandis que Boyé, le mitrailleur arrière, est blessé de deux balles au cuir chevelu. Quand il reprend connaissance, l’appareil est en feu et il compte se jeter dans le vide. Mais l’avion part en vrille, ce qui éteint la fumée. Il parvient alors, en s’agrippant à la double commande, à reprendre le contrôle de l’appareil qu’il peut poser d’urgence dans les lignes françaises à Berry-au-bac. Didier Le Cour Grandmaison sera enterré par ses hommes avec les honneurs militaires.
Sources
Dossier individuel, service historique de la défense, 5YE 112.663