- Lieutenant Charles Le Coq de Kerland
Nationalité française
- Breveté pilote militaire le 17 mai 1916 (brevet n°3424)
- Cité dans le communiqué aux armées du 0000
- Escadrilles SPA 82, N 90, N 68
- Né le 21/12/1887 à Bordeaux (Gironde)
- Mort le 5/11/1978 à Bordeaux (Gironde) (Mort naturelle)
Décorations
- Chevalier de la Légion d’Honneur
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Croix de Guerre
7 palme(s)
Charles Le Coq de Kerland
7 victoires sûres, 2 victoires probables
Palmarès détaillé »
Marie, Charles (prénom d’usage), Maurice, Joseph Le Coq naît à Bordeaux le 21 décembre 1887 où son père y est avocat et professeur à la faculté de droit. Alors que ses ancêtres, qui ont bien le pseudonyme de Le Coq, sont des marins et négociants de Concarneau, Me Le Coq n’est visiblement pas satisfait de son patronyme au point de se faire appeler Le Coq de Kerland dont l’origine ne peut être identifiée. Le jeune Charles va donc grandir dans cette famille bordelaise particulièrement fortunée, étant le dernier de quatre frères. Il bénéficie d’une très solide éducation : passant son baccalauréat, il poursuit ses études à la faculté de Bordeaux et y obtient une licence de droit et une licence en sciences, en plus d’une excellente connaissance de la langue allemande.
Il effectue son service militaire de 1909 à 1911 d’abord comme simple soldat au 144e régiment d’infanterie, puis comme commis à la 18e section des Commis et Ouvriers d’Administration (COA) où il va y effectuer des travaux administratifs. Au terme de son service, bien que diplômé en droit, il ne semble pas disposé à suivre l’exemple de son père puisqu’il s’installe à Paris en 1913 et y exerce la profession d’ingénieur chimiste, selon ses documents militaires. La déclaration de guerre le rappelle sous les drapeaux à la 18e COA avec le grade de caporal. Il va vivre les premiers mois du conflit dans un cadre assez privilégié que lui auraient envié bien des appelés mobilisés en première ligne. La 18e section CAO est rattachée à la 68e division d’infanterie, au sein de laquelle il obtient un examen d’interprète-stagiaire en langue allemande. Sans doute peu satisfait de son rôle subalterne compte-tenu de son éducation universitaire, le caporal Le Coq sollicite sa nomination au grade d’attaché d’intendance de 2e classe, c’est à dire l’équivalent de sous-lieutenant. Noté par ses supérieurs comme intelligent, vigoureux, discipliné, d’une correction et d’une tenue parfaites, sa requête est acceptée et il est nommé sur ce grade le 9 avril 1915. Peu de temps après, le 11 mai 1915, il est affecté à la 59e division d’infanterie.
Il y servira pendant un peu plus de huit mois jusqu’à ce qu’une nouvelle arme attire son attention : l’aviation. Se portant volontaire pour l’aéronautique militaire, il est accepté comme élève-pilote en février 1916 et gagne les écoles de pilotage dont il sort breveté et affecté le 19 septembre 1916 à l’escadrille N 68 basée en Lorraine, dans un secteur plutôt calme. Il y remporte sa première victoire moins de deux mois après son arrivée, le 10 novembre 1916, en descendant un Aviatik C) qui tombe sur la foret de Gremessey. Les six premiers mois de l’année 1917 vont s’écouler sans événement notable, à l’exception de sa promotion au grade d’attaché d’intendance de 1ere classe (lieutenant) le 9 avril 1917. Le 1er juillet 1917, il est muté à l’escadrille N 90 mais ne quitte pas le front de Lorraine car sa nouvelle unité, de création récente, partage le terrain de son ancienne, à Toul. C’est dans cette unité qu’il fait connaissance d’une bande de jeunes pilotes particulièrement téméraires qui n’hésitent pas à systématiquement se risquer à attaquer les ballons captifs allemands, les Drachen, en ascension sur le front. Sans pour autant s’attaquer à ces objectifs dangereux, Charles Le Coq de Kerland fait équipe avec l’as de l’unité Maris Ambrogi pour remporter sa 3e victoire le 6 janvier 1918.
Avec un an d’ancienneté dans un grade équivalent à celui de lieutenant, il est destiné à recevoir le commandement d’une escadrille et le 2 juin 1918 reçoit effectivement celui de la SPA 82, une escadrille qui s’est illustrée en Italie au début de l’année et qui stationne actuellement dans l’Oise en étant rattachée à la 10e armée française. Le Coq de Kerland va vite y démontrer d’excellentes qualités de chef en sachant motiver ces pilotes ; sous son commandement ceux-ci adoptent un nouvel insigne, une tête de coq noir dans un rond blanc posé sur un fanion rouge et noir, en clin d’œil à son patronyme. En tant que chef d’escadrille, il ne va pas hésiter à montrer l’exemple au combat et remporter pas moins de 5 nouvelles victoires de juillet à octobre 1918, finissant la guerre dans les Flandres et étant amalgamée dans les dernières semaines avec d’autres escadrilles pour former le GC 23 qui n’aura qu’une courte existence opérationnelle. La SPA 82 termine la guerre avec une trentaine de victoires mais très peu de pertes, un excellent rendement dont la personnalité de son chef est sans nul doute une des causes.
Nommé adjoint d’intendance (capitaine) en mars 1919, il intègre l’infanterie et l’armée d’active en étant détaché dans l’aviation. Il se marie le 28 janvier 1920 avec Mlle Louise Carrière (une riche veuve de guerre) et dès lors n’envisage plus de rester faire carrière dans l’armée, obtenant en juillet 1920 un congé sans solde pour se consacrer à la gestion des usines de son beau-père. Mais il ne reste pas dans cette situation puisqu’il se construit une carrière d’avocat à la cour d’appel de Paris et démissionne de l’armée d’active au début de l’année 1923. Il devient dès lors l’avocat des aviateurs et défend nombre d’entre eux, dont des as de 14-18 dans leurs démêlés avec la justice comme André Martenot de Cordoux, Dieudonné Costes et Paul-Louis Weiller. Toujours officier de réserve, il néglige quelque peu ses périodes d’entraînement volontaire mais opte pour la spécialité d’officier de renseignement. Un drame personnel le touche en 1938 avec le décès de son épouse. Il se remarie en secondes noces le 15 avril 1939 Mlle Jeanne de Tarrazi, originaire de Beyrouth où son père œuvre pour la culture française en ayant fondé la bibliothèque de Beyrouth.
Ce détail explique sans nul doute l’affectation que va obtenir le lieutenant-colonel Le Coq de Kerland, qui va être rappelé à l’activité le 2 septembre 1939 au déclenchement de la seconde guerre mondiale, puis affecté le 20 décembre suivant au Levant où il arrive le 29 suivant. Affecté à l’état-major du commandement de l’air local, il y prendra la direction des écoles de l’air et y sera promu au grade de colonel le 15 mars 1940.
Le 1er mai 1940, quelques jours avant l’attaque allemande, il est rappelé en France pour être affecté à la direction du personnel de l’armée de l’air, y devenant l’adjoint du directeur. Pendant la débâcle, il est un des rares officiers à ne pas céder au défaitisme en ordonnant aux personnels sous ses ordres à gagner l’Angleterre ou l’Afrique du Nord. Désavoué par ses chefs, il obtient sa démobilisation le 20 juin 1940 et se retire à Anglet pour superviser clandestinement l’embarquement de troupes polonaises et d’aviateurs français vers l’Angleterre, ne pouvant lui-même embarquer sur le dernier navire coulé par l’ennemi.
Il rentre à Paris en décembre 1940 et s’engage dans les premiers réseaux de résistance qu’il organise au Palais de justice et défend les personnalités gaullistes. Le 5 octobre 1942, alors que les Allemands émettent à son encontre un ordre d’arrestation, il s’enfuit de la capitale et s’installe avec sa famille dans la région de Grenoble où il s’investit dans la résistance locale. Il combat dans le maquis en 1944 et obtient un commandement du gouvernement provisoire pour reprendre en mains les infrastructures de l’armée de l’air abandonnées. Rappelé officiellement à l’activité en janvier 1945, il sera démobilisé peu après et rendu à la vie civile, il va poursuivre sa brillante carrière d’avocat en devenant en 1947 membre du Conseil Supérieur de la Magistrature. il est nommé en 1959 par le président du Sénat Gaston Monnerville comme membre du Conseil Constitutionnel jusqu’en 1965. Remarié en 1967 après le décès de sa seconde épouse, il s’éteint à Bordeaux à l’âge de 90 ans le 7 novembre 1978.
Sources
- Dossier individuel SHD n°1P 23 793/3