- Capitaine Henri Hay de Slade
Nationalité française
- Breveté pilote militaire le 6 août 1916 (brevet n°4153)
- Cité dans le communiqué aux armées du 30 juin 1918
- Escadrilles N 80, SPA 86, SPA 159
- Né le 29/05/1893 à Brest (Finistère)
- Mort le 3/11/1979 à Derval (Loire Atlantique) (Mort naturelle)
Décorations
- Chevalier de la Légion d’Honneur
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Croix de Guerre
15 palme(s)
Profils
Henri Hay de Slade
19 victoires sûres (dont 3 drachens), 3 victoires probables
Palmarès détaillé »
Henri, Joseph, Marie, Hay de Slade nait le 29 mai 1893 à Brest dans une vieille famille de la noblesse bretonne. Son père, le comte Henri Marie Hay de Slade, est un lieutenant de vaisseau dont les périodes d’embarquement (il sert notamment au Tonkin) le font souvent s’absenter pour de très longues périodes du domicile familial, sans voir son fils et ses trois filles. La famille s’installe à Tours et le jeune Henri fréquente le lycée. Il se destine à suivre la voie de son père devenu capitaine de frégate et à faire une carrière de marin, mais ce dernier décède prématurément en 1908 à l’âge de 57 ans. Sa mère ne peut se résoudre à perdre son mari et son fils alors âgé de 15 ans et le dissuade de son idée… Souhaitant cependant mener une carrière militaire, il opte pour l’école de St Cyr à laquelle il est admis le 23 septembre 1913, après avoir obtenu un baccalauréat ès sciences.
Pour la première fois dans l’histoire de l’institution, les élèves admis n’effectuent pas leur première année dans la troupe, mais dans l’école.
Cependant, neuf mois après son entrée, la guerre est déclarée : tous les élèves sont précipitamment nommés sous-lieutenants et répartis dans les régiments de l’armée française, devenant pour la postérité la promotion des gants blancs à la mémoire de l’une d’eux, un certain Alain de Fayolle qui lut le serment de la promotion avant de tomber au combat coiffé de son casoar de St-Cyrien et revêtu de ses gants blancs pour galvaniser ses hommes.
Henri Hay de Slade, qui n’a pas pu suivre en raison d’une maladie toute sa première année à St-Cyr, est pour sa part affecté comme simple soldat au 20e régiment de chasseur à cheval qu’il rejoint le 8 septembre 1914, un régiment engagé dans les Flandres et entièrement capturé par l’ennemi à Lille à l’exception d’un peloton dont Hay de Slade fait partie. Finalement nommé aspirant le 1er janvier 1915 puis sous-lieutenant trois mois plus tard, il est muté au 14e régiment de Hussards mais la guerre des tranchées qui rend la cavalerie inutile a vite fait de le rebuter et il se porte volontaire pour l’aviation.
Après avoir dû utiliser toutes les ressources de ses relations pour convaincre son chef de corps de le laisser partir, il entre en école de pilotage en mai 1916 et en ressort en décembre suivant, étant affecté à l’escadrille N 80 de chasse. Sa première mission de guerre effectuée en janvier 1917 lui laisse un souvenir pénible : le Farman de reconnaissance qu’il devait escorter avec un équipier est descendu par l’ennemi. La N 80, amalgamée dans le GC 14 du commandant de Marancour, participe à la bataille du Chemin des Dames en avril 1917 et Hay de Slade y réalise de nombreuses missions, frôlant les obus tombant sur le champ de bataille. Le 16 avril 1917, en pleine bataille, il est muté à la N 86, une autre escadrille du GC 14, où il va ouvrir son tableau de chasse en descendant un biplace ennemi le 20 mai 1917, suivi d’un Drachen neuf jours plus tard. Le jeune pilote impétueux devient vite le meilleur pilote de son unité, mais sa fougue manque de le perdre le 29 juin 1917 quand il fait une acrobatie à basse altitude sur son terrain pour épater la galerie, et fait capoter son avion dans un terrible choc. Promu lieutenant, il termine l’année avec 5 victoires au compteur. Les offensives allemandes du printemps 1918 lui donnent l’occasion de multiplier les combats et d’abonder son tableau de chasse de 5 nouvelles pièces au mois de juin 1918, lui donnant l’honneur de voir son nom figurer dans le communiqué aux armées du 30 de ce mois.
Il remporte une 11e victoire le 21 juillet 1918 contre un Fokker D.VII avant de se retrouver muté huit jours plus tard à l’escadrille SPA 159 pour en prendre le commandement. Un poste difficile : l’escadrille a été décimée face à la chasse allemande et les pilotes en sont complètement démoralisés. Hay de Slade va réapprendre à ces pilotes les règles du combat aérien en marquant son SPAD XIII de bandes horizontales rouges pour être reconnu par eux ; sous son enseignement l’unité va limiter ses pertes et obtenir quelques résultats même si la plupart des victoires obtenues (8 sur 11) le seront de sa main même, portant son score personnel à 19. Il termine la guerre avec le grade de capitaine.
Restant dans son escadrille jusqu’à sa dissolution en avril 1919, il part terminer sa formation à St-Cyr dont il est le porte drapeau en tant qu’officier le plus décoré. Il fait ensuite le choix de revenir dans la cavalerie mais un accident équestre survenu en mars 1920 lui laisse une douloureuse fracture et met un terme à sa carrière de cavalier. Il repart alors dans l’aviation à Tours, puis à Thionville à la fin de l’année. Muté en 1923 en Alsace au 1er régiment de chasse dont il prend le commandement du 1er groupe, il met un terme à sa carrière militaire en 1926 quand il hérite du château familial de la Garrelave sur la commune de Derval au nord de Nantes. Il se consacre alors à la gestion de son domaine, et, après s’être marié en 1927, va militer dans le syndicalisme agricole avant de devenir Maire de sa commune en 1935. Il reste actif dans l’aviation en fondant en 1936 une petite usine de construction d’avions de planeurs à Issy-les-Moulineaux.
Mobilisé en affectation spéciale durant la seconde guerre mondiale, il est chargé de mettre en place à Nevers une usine de production de Morane 230 d’entraînement. Après l’armistice, il est maintenu Maire de Derval par le gouvernement de Vichy, et doit gérer l’hébergement de réfugiés, les problèmes de ravitaillement, et la présence de troupes allemandes qui réquisitionnent une partie de l’école communale. Sans doute maréchaliste convaincu au début de l’occupation, il accepte d’être nommé par le maréchal Pétain président de la légion des combattants pour le département de la Loire-Inférieure, mouvement rassemblant les anciens combattants et sensé servir de relais d’opinion à l’action du gouvernement auprès de la population. Mais la dureté des conditions d’occupation le font se détacher du régime dont il ne mettra pas de zèle particulier à appliquer les consignes, tout particulièrement le STO : les mémoires d’un habitant de l’époque témoignent qu’il cacha le fils d’une de ses relations dans une de ses fermes en métayage et qu’il usa de ses relations pour nommer un habitant de Derval à un emploi de complaisance lui permettant d’échapper à la réquisition. Quand vient la libération il est écarté de la Mairie par les autorités mais dès les premières élections la population va l’y remettre, pour une durée totale de 39 ans. C’est à Derval même qu’il s’éteint, le 3 novembre 1979.
Sources
- Dossier individuel SHD n°1P 29924/3
- Témoignage oral Henri Hay de Slade au SHD.
- Article de David Méchin dans Le Fana de l’Aviation n°522 (2013) "L’as qui tombe à pic"