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cocarde française

As 14 - 18

Les as français de la Grande Guerre

Décorations

Profils

Marcel Haegelen

23 victoires sûres (dont 12 drachens), 2 victoires probables
Palmarès détaillé »

Claude Marcel (prénom d’usage) Emile Haegelen naît le 13 septembre 1896 à Belfort où est cantonné son père, capitaine au 151e régiment d’infanterie stationnant dans cette ville. Il est le second enfant d’une famille de trois frères qui vont tous recevoir une éducation très stricte et revancharde de la part de leur père, appartenant à une famille d’Alsaciens déplacés par la guerre de 1870. La famille s’installe à Dijon quand Monsieur Haegelen père quitte l’armée et ouvre une concession automobile. A sa grande satisfaction, il va voir son ainé entrer à l’école polytechnique, tandis que Marcel va passer avec succès son baccalauréat à 17 ans au début de l’été 1914. Il va aider son père dans l’entreprise familiale, mais peu de temps : la première guerre mondiale éclate au mois d’août 1914 et le jeune homme, qui n’a pas effectué son service militaire, va s’engager volontairement dès l’âge de ses 18 ans au 27e régiment d’infanterie, le 15 septembre 1914, comme simple soldat de 2e classe. Restant pour un temps en soutien à l’arrière, il n’est envoyé au front que le 16 février 1915 et va connaître les tranchées que pour une courte période de moins de deux mois. Le 10 avril 1915, atteint de la fièvre typhoïde, il est évacué vers l’arrière où il va mettre plusieurs semaines à se remettre. Durant sa convalescence, avec le soutien de son père (qui décèdera en 1918), il va se porter volontaire pour le service aéronautique et sa demande se verra acceptée le 25 juillet 1915, date à laquelle il est affecté en écoles d’aviation

Six mois plus tard, en janvier 1916, il en ressort breveté avec le grade de caporal et va rester près de trois mois en réserve au Groupement des Divisions d’Entrainement avant d’être affecté à l’escadrille MF 8 à Verdun où il va pendant dix mois effectuer de nombreuses missions et plusieurs fois être touché voire descendu par des tirs au sol. Le 8 février 1917, alors promu sergent, il est muté dans la chasse et après un mois de formation gagne la SPA 103 où arrivera un mois après lui l’as des as René Fonck et qui remportera vite ses premiers succès. Marcel Haegelen fait de même en obtenant ses deux premières victoires homologuées les 28 et 28 mai 1917, mais ce même 28 mai il est sérieusement sonné quand son SPAD s’écrase sur son terrain au retour de mission. Il est quitte pour quatre mois de convalescence et revient au front en septembre quand la SPA 103 se bat dans les Flandres. Peut-être diminué par son accident, il ne remporte aucun succès durant l’automne et l’hiver où il est promu au grade de sous-lieutenant avant d’être muté à la SPA 100, une nouvelle unité de chasse intégrée dans le GC 17 composante de la division aérienne du général Duval, qui va être de tous les combats contre l’aviation ennemie lors des offensives allemandes du printemps 1918.

Le tableau de chasse du sous-lieutenant Marcel Haegelen va dès lors s’envoler : un chasseur le 23 mars, puis deux Drachen les 6 et 7 juin. Le 10 juillet 1918, il en est à sa 10e victoire homologuée, qui lui vaut l’honneur de passer au communiqué aux armées. Il termine la guerre avec 22 victoires homologuées dont 12 ballons, étant muté la SPA 89 à quelques jours de l’armistice pour tenter de la dynamiser.

Toujours sous le coup de son engagement, il reste en escadrille et est muté le 15 janvier 1919 à la SPA 48 qui stationne en Allemagne. Il va la quitter le 10 avril 1919 pour la SPA 162, laquelle part pour la Pologne une semaine plus tard pour soutenir la jeune nation polonaise menacée par les troupes russes bolcheviques. Le lieutenant Marcel Haegelen est sur place nommé commandant de l’école d’acrobatie de Posen où il va former de nombreux pilotes de la nouvelle aviation polonaise.

Le 3 aout 1920, il se place en congé de l’armée mais reste en Pologne dans un emploi civil, devenant le 16 décembre 1920 directeur du centre de Varsovie de la compagnie franco-roumaine de navigation aérienne. Il y restera un an et demi, revenant en France où le 1er mai 1922 il entre officiellement à la compagnie des avions Hanriot où il devient le chef pilote du constructeur dont les usines sont à Levallois et Reims. Parallèlement à son activité professionnelle, il va fonder en 1923 l’aéroclub de la Côte d’Or à Dijon-Lonjvic.

Haegelen semble toutefois être resté nostalgique de son époque militaire, et effectue régulièrement ses périodes volontaires d’entraînement. Le 3 août 1925, il va volontairement « rempiler » pour servir pendant quatre mois au Maroc dans la campagne aérienne contre les insurgés Rifains, en étant affecté à la 7e escadrille du 37e régiment d’aviation.

Revenu en France le 25 novembre 1925, il y reprend son poste de chef pilote et directeur des essais chez Hanriot qui installe ses usines à Bourges où Haegelen va élire domicile en novembre 1927. En tant que chef pilote de la firme, il y teste les nouveaux appareils mais est également chargé de leur publicité, en participant à des rallyes et meetings et en effectuant des tournées à l’étranger de ces nouveaux appareils. Sur un avion Hanriot HD 41/2 de course, il remporte la coupe Michelin en 1931 et 1932, établissant au passage un record de vitesse (à 263 km/h) sur une distance de 2000 km.

Avec l’arrivée du front populaire, les usines Hanriot sont nationalisées, devenant la Société Nationale de Construction Aéronautique du Centre (SNCAC). Haegelen y restera à son poste et va conduire les essais d’avions militaires, dont le Hanriot-SNCAC H.232 produit en petite série (35 exemplaires) comme appareil d’entrainement aux pilotes de bombardiers d’assaut Bloch 693.

Quand éclate la seconde guerre mondiale, Marcel Haegelen, est malgré son âge de 43 ans resté un pilote militaire de premier ordre, ayant toujours effectué durant les années 1930 ses périodes de réserve où il a piloté des avions de chasse Nieuport 62. Nommé capitaine de réserve en 1930, puis commandant en 1935 et lieutenant-colonel en 1938, il est placé en affectation spéciale à la SNCAC dès la mobilisation. C’est là qu’il va constituer avec des chasseurs Curtiss H-75 que remonte l’usine de Bourges une patrouille de défense aérienne du territoire qui va comporter dans ses rangs des pilotes polonais, avec lesquels il peut communiquer dans leur langue – souvenir de son séjour en Pologne de 1920 à 1922. Le 5 juin 1940, lors d’une attaque de la Luftwaffe sur les usines aéronautiques du centre, le lieutenant-colonel Marcel Haegelen va affronter l’ennemi aux commandes de son Curtiss H-75 décoré de la cigogne de la SPA 103 en souvenir de sa première escadrille de chasse. En collaboration avec l’adjudant Benausse et d’un autre pilote polonais, il va revendiquer un Heinkel 111 allemand qui lui sera homologué par une citation, bien que les archives allemandes semblent montrer qu’un Heinkel du KG 55 ne fut qu’endommagé sur ce secteur en ce jour précis. Son Curtiss a été cependant touché par le tir défensif du bombardier, et il est lui-même légèrement blessé.

Après l’armistice, la ville de Bourges se trouve en zone occupée et ses usines de la SNCAC doivent travailler pour l’Allemagne et construire des bimoteurs Siebel de liaison. Toujours chef-pilote, Marcel Haegelen doit travailler pour l’ennemi mais très tôt entre dans la résistance. Le 15 décembre 1940, il entre au réseau « Roy » constitué par le colonel de la Pérelle, son ancien supérieur en Pologne. Le 12 mai 1941, il agit dans le cadre du service de renseignement « Air » des services gaullistes, sous les ordres du commandant Viaud, et va fournir toute les semaines un courrier d’information sur l’activité allemande des usines de Bourges.

Il sera arrêté par la Gestapo le 12 mars 1943 et transféré à la prison de Bourges, Orléans puis Fresnes, dont il sera finalement libéré. Lors des combats de la libération, il parvient avec des complicités à saisir au nez des Allemands un de leurs stocks d’armes à Bourges et de le livrer aux FFI locaux.

Alors que la France se libère, il se marie le 27 juin 1944avec sa compagne de l’époque et va fonder une famille de trois enfants. Le 2 mai 1945, il est officiellement rappelé à l’activité dans l’armée de l’air et prend le commandement de la base d’Avord avec le grade de colonel. Mis en disponibilité le 1er janvier 1947, il est nommé inspecteur général de l’armée de l’air le 26 février 1947 et le 1er aout 1947 est détaché au service de l’aviation légère et sportive, en tant que chef du bureau militaire. Participant toujours aux meetings et exhibitions aériennes, et notamment en réalisant des sauts en parachute, il va brutalement décéder le d’une congestion cérébrale le 24 mai 1950 à l’hôpital du Val-de-Grâce.

Sources

  • Dossier individuel SHD cote 1 P 30200/3
  • Marcel Haegelen, un authentique héros de l’aviation, pilote de Bourges - Ouvrage collectif édité par l’association PABB

Palmarès de Marcel Haegelen

DateHeureEscadrilleAvion pilotéRevendiquéLieuNotes
P1 02-mai-17 8h05 SPA 103 SPAD VII Albatros D.V N. Neufchâtel
1 27-mai-17 9h10 SPA 103 SPAD VII Biplace Moronvillers / Nauroy
2 28-mai-17 10h45 SPA 103 SPAD VII Biplace Chenay Avec Sgt Durand (N 80)
P2 29-oct-17 09h30 SPA 103 SPAD VII Avion Westroosebeke
3 23-mars-18 SPA 100 SPAD VII Albatros D.V Coucy-le-Château Avec Lt Jean Chaput (SPA 57), Lt Auguste Lahoulle
4 06-juin-18 SPA 100 SPAD VII Drachen Le Charmel Avec MdL Schuster, Sgt Quizille, Adj Vidal
5 07-juin-18 SPA 100 SPAD VII Drachen Aougny Avec MdL Schuster, Sgt Quizille
6 29-juin-18 SPA 100 SPAD VII Avion
7 30-juin-18 11h00 SPA 100 SPAD VII Fokker D.VII Chirmont-Epreny Avec MdL Schuster, S/Lt Sardier (SPA 77)
8 01-juil-18 SPA 100 SPAD VII Drachen Avec S//Lt Boyau (SPA 77)
9 05-juil-18 SPA 100 SPAD VII Drachen
10 10-juil-18 10h55 SPA 100 SPAD VII Biplace Baslieux Avec Sgt Gaudry, S/Lt Nuville
11 24-juil-18 SPA 100 SPAD VII Avion Avise Avec S/Lt Haustin, S/Lt Basuyaux
12 09-août-18 11h15 SPA 100 SPAD VII Drachen Roye Avec Lt Stephenson
13 29-août-18 7h30 SPA 100 SPAD VII Drachen NE. Chauny Avec Brig Gerin
14 06-sept-18 15h45 SPA 100 SPAD Drachen S. Boult-sur-Suippe Avec Brig Gerin, Sgt Peuch
15 14-sept-18 17h45 SPA 100 SPAD Drachen Etraye Avec S/Lt Maurice Boyau (SPA 77), Sgt Corsi
16 15-sept-18 15h20 SPA 100 SPAD Drachen Chapelet-Chehery Avec Sgt Douzant
17 15-sept-18 17h55 SPA 100 SPAD Drachen Brieulles Avec Sgt Peuch
18 16-sept-18 12h00 SPA 100 SPAD Avion Bois de Septsarges Avec Lt Poulin
19 17-sept-18 16h15 SPA 100 SPAD Drachen Hannonville
20 15-oct-18 15h15 SPA 100 SPAD Drachen Buzancy
21 18-oct-18 SPA 100 SPAD Avion O. Landres St. George
22 23-oct-18 SPA 100 SPAD Avion
23 05-juin-40 Patrouille DAT Bourges Curtiss H-75 Bombardier