- Capitaine Paul Gastin
Nationalité française
- Breveté pilote militaire le 1er septembre 1915 (brevet n°1484)
- Cité dans le communiqué aux armées du 29 janvier 1917
- Escadrilles N 49, SPA 84, GC 23, MS 12
- Né le 8/11/1886 à Avignon (Vaucluse)
- Mort le 23/08/1976 à Nice (Alpes Maritimes) (Mort naturelle)
Décorations
- Chevalier de la Légion d’Honneur
Paul Gastin
6 victoires sûres, 1 victoires probables
Palmarès détaillé »
Paul Adrien Gastin naît le 8 novembre 1886 à Avignon, dans une famille de commerçants tenant boutique au 8 rue Carreterie, une grande artère de la ville. Le jeune garçon grandit dans la boutique familiale, où il finit par travailler. Mais le 1er octobre 1907, à l’âge de 21 ans, il doit partir effectuer ses obligations militaires et se retrouve incorporé au 11e régiment de Hussards stationnant dans la ville voisine de Tarascon. Simple soldat de 2e classe, le jeune appelé se découvre un attrait certain pour l’armée et prend très vite du galon en devenant sergent un an plus tard. Il se porte aussitôt volontaire pour passer le cours d’élèves officiers de réserve au 1er octobre 1908 au 31 mars 1909, et se retrouve au terme de sa formation nommé au grade de sous-lieutenant. Libéré du service militaire, il retrouve la boutique de ses parents mais va assister avec assiduité à ses périodes de réserve militaire où il est affecté au 9e régiment de chasseurs à cheval stationné à Auch, devenant lieutenant de réserve en octobre 1913.
Quand la guerre éclate, il est aussitôt mobilisé dans son unité et combat avec elle en Belgique, sur la Marne et dans les Flandres, puis en Champagne au début de l’année 1915. C’est la période où il quitte son régiment pour gagner l’aviation où il s’est porté volontaire, gagnant le 26 février 1915 en tant qu’observateur l’escadrille MS 12 formée à l’instigation du commandant Tricornot de Rose pour y expérimenter la chasse à bord de Morane Parasol. Ce dernier choisit ses pilotes et observateur pour leur motivation et Gastin intègre l’équipe ; cependant il ne remporte pas de victoire car son pilote, le caporal Baudin, ne semble pas tenté par le combat aérien. Désireux de prendre son destin en mains, Gastin se porte alors volontaire pour les écoles de pilotage qu’il intègre au mois de juillet 1915, d’où il sort breveté et placé en attente à la Réserve Générale d’Aviation en novembre 1915.
Ce n’est que trois mois plus tard, le 1er février 1916, qu’il va être affecté au front, à l’escadrille N 49 stationnant dans les Vosges à Belfort. Volant sur Nieuport 11, le lieutenant Gastin fait montre de ses qualités de chasseur en remportant sa première victoire homologuée le 22 mai 1916, qui lui vaut la croix de la légion d’honneur et fait donner suite à sa demande de titularisation dans l’armée d’active. Il remportera 4 autres succès sur le front des Vosges durant l’année 1916 et les premiers mois de l’année 1917, la dernière le 28 janvier 1917 contre un Albatros C forcé d’atterrir à Traubach-le-Bas en brisant son train, qui lui vaut les lauriers de la gloire car l’équipage allemand est capturé et l’avion photographié sous toutes les coutures, étant édité en carte postale. Mais plus encore que le trophée, comme il s’agit de la 5e victoire de Gastin, son nom est cité par le communiqué aux armées du lendemain, lui-même repris par la presse nationale dont certains titres publient même sur leur « une » le portrait du nouvel as ainsi que sa biographie.
Peu après, compte-tenu de son grade, Paul Gastin reçoit le commandement de l’escadrille N 84 nouvellement créée et qui s’installe dans l’Oise regroupée dans le GC 13 du commandant Féquant avec trois autres escadrilles. Il valide l’insigne que lui proposent ses pilotes, une tête de renard clignant de l’œil. L’unité va mener en 1917 de nombreux combats sur le secteur du Chemin des Dames, puis dans l’Aisne et dans les Flandres en soutien à l’aviation britannique du secteur. C’est là que le lieutenant Paul Gastin va être blessé en combat aérien, au-dessus du bois de Mallancourt, en étant touché à la jambe droite. Parvenant à se poser à son terrain, il doit être évacué et soigné en hôpital.
Il revient à son poste le 6 novembre 1917 et va être promu au grade de capitaine au début du mois de décembre, alors que le GC 13 s’installe en Champagne. Les offensives allemandes du printemps 1918 vont être l’occasion de nombreux autres combats par son escadrille, jusqu’au 17 juillet où la dernière attaque est bloquée autour de Reims et voit le début des contre-offensives alliées. C’est lors de l’une d’elles que Paul Gastin remporte sa 6e et dernière victoire homologuée 17 août 1918, en abattant en collaboration avec deux équipiers un avion allemand tombé à Dreslincourt, dans l’Oise.
Deux semaines plus tard, le 29 août 1918, il quitte la SPA 84 pour accéder à un niveau de responsabilité supérieur et prendre le commandement du GC 23, Groupe de Combat nouvellement créée rassemblant les escadrilles SPA 82, 150, 160, 161, 169 et 170. C’est à la tête de ce groupement où il assiste à la fin des combats et à l’armistice du 11 novembre 1918.
Restant à la tête du GC 23 après l’armistice jusqu’à sa dissolution, Gastin va poursuivre sa carrière dans l’aéronautique militaire en se retrouvant affecté en 1920 à l’état-major particulier du sous-secrétaire d’état à l’aéronautique et des transports aériens. Lors de la réorganisation de l’aviation militaire, il est affecté le 8 mai 1921 au 2e régiment d’aviation et se retrouve pour une courte période en garnison en Rhénanie occupée, où il sera promu au grade de commandant.
En 1929 il est affecté à un poste administratif au service général du ravitaillement en matériel d’aviation, puis à l’état-major particulier du ministre de l’air à la direction technique, étant promu Lt-colonel puis colonel en 1934 au moment où il est nommé chef de corps des personnels mis à disposition des constructions aériennes. Nommé à la fin de l’année commandant de la 3e escadre aérienne de Châteauroux, il reçoit en 1937 celui de la 37e brigade aérienne au Maroc puis à la fin de l’année 1937 est nommé commandant de l’aviation de Tunisie.
Il se trouve toujours à ce poste quand éclate la seconde guerre mondiale, avec des étoiles de général de brigade aérienne. Il y restera jusqu’à l’armistice, alors que ses troupes participent à quelques engagements contre les avions italiens. Alors âgé de 54 ans, il va être mis sur la touche par le gouvernement de Vichy qui abaisse les limites d’âge des cadres de l’armée de l’air. Il quitte la Tunisie à la fin du mois d’août 1940 et retourne en France où l’armée de l’air lui trouve un poste, ou plutôt une voie de garage, en lui confiant la responsabilité du service historique de l’armée de l’air.
Il sortira de sa semi retraite le 4 avril 1943 pour accepter un poste qui le place au premier rang de la collaboration en devenant à cette date le secrétaire général de la défense aérienne du gouvernement de Vichy. A cette date, les alliés ont débarqué en Afrique du Nord et la zone Sud a été envahie, toute la France métropolitaine étant occupée par l’Allemagne. En Afrique du Nord ne tardera pas à se former le Comité Français de Libération Nationale, futur Gouvernement Provisoire de la République Française, qui va préparer aux côtés des alliés la libération du territoire. Accepter en 1943 le poste de Secrétaire Général de la Défense Aérienne, qui gère ce qui reste des infrastructures de l’armée de l’air en zone occupée, est à première vue faire preuve d’un sérieux manque de clairvoyance. Il y a pourtant un intérêt qu’a bien perçu le général Gastin : conserver la direction de l’infrastructure de l’armée de l’air, ses bases et stocks de pièces détachées, pour dans la mesure du possible les soustraire aux appétits des Allemands et les remettre à disposition de la future armée de l’air au moment de la libération. Il y a cependant un prix à payer : il faudra donner des gages à l’occupant et accepter de contribuer à son effort de guerre. De ce fait, une collaboration militaire va s’organiser entre l’armée allemande et le SGDA : des compagnies de DCA ferroviaire vont être créées et vont protéger les trains militaires allemands – elles abattront deux avions alliés durant la guerre. Ces compagnies vont connaître de nombreux déboires : haine de la population, refus des commerçants de leur vendre des produits ou services, ainsi que de nombreuses désertions dans leur personnel. D’un autre côté, le SGDA va s’employer à soustraire nombre de matériels à l’appétit de l’occupant, et contribuer à maintenir sous les drapeaux des personnels qui peuvent ainsi échapper au service du travail obligatoire. L’ennemi perçoit bien le double jeu du général Gastin et l’arrête au mois d’avril 1944. La presse vichyste indique alors pudiquement le 4 mai 1944 (suite à un décret daté du 30 avril) que « le général de brigade aérienne Paul Moniot est chargé d’assurer par intérim les fonctions de secrétaire général à la défense aérienne pendant l’absence du général Gastin. »
A la libération, le général Gastin fait l’objet d’une commission d’enquête de l’armée de l’air. L’intéressé fait part de son loyalisme à la nation et demande même à être rappelé à l’activité les 5 octobre et 13 novembre 1944. Son dossier sera confié à la Haute Cour de justice le 8 mai 1945 qui va entamer une longue instruction sur l’activité du SGDA. Après un réquisitoire définitif prononcé contre le général Gastin le 16 février 1949, un arrêt de non-lieu est rendu le lendemain par la Cour en faveur de ce dernier, tout comme pour le général Carayon, son chef d’état-major. Malgré cet acquittement, il ne recevra plus aucune responsabilité dans l’armée de l’air, probablement en raison de son âge de 63 ans en 1949. Retraité, il ne fait plus parler de lui jusqu’à son décès survenu à Nice le 25 août 1976.
Sources
- Registre matricule AD Vaucluse, Avignon Classe 1906 n°1257