- Lieutenant Victor Fédoroff
Nationalité russe
- Breveté pilote militaire le 27 novembre 1915 (brevet n°2004)
- Cité dans le communiqué aux armées du 0000
- Escadrilles C 42, SPA 89
- Né le 11/11/1885 à Alma-Ata (Turkestan)
- Mort le 4/03/1922 à St-Cloud (Mort naturelle)
Décorations
- Chevalier de la Légion d’Honneur
- Médaille Militaire
-
Croix de Guerre
4 palme(s)
1 étoile vermeil
Victor Fédoroff
5 victoires sûres, 2 victoires probables
Palmarès détaillé »
Victor Fédoroff (Виктор Георгиевич Фёдоров) naît le 11 novembre 1885 à Verniy (actuellement Almaty), dans une région reculée de l’empire russe qui est actuellement située au Kazakhstan. On ne connaît pas précisément son origine familiale mais il est probablement issu d’une famille de militaires ou de fonctionnaires russes disposant de certains moyens financiers, car durant son adolescence il fait partie des très rares sujets russes à recevoir une éducation supérieure, étudiant à l’université de Kharkov (Ukraine) au début des années 1900, se mariant probablement à cette période. Gagné par les idées du parti social-démocrate jugées séditieuses par la police politique du Tsar, il est avec son épouse conduit à s’exiler en 1908 et s’installe en Belgique puis en France où il exerce la profession de journaliste.
Il est toujours en France quand éclate la guerre, et, sans qu’on puisse affirmer que ce soit par volonté de servir la France ou par ordre des autorités consulaires russes, il s’engage au 2e régiment de la légion étrangère le 21 août 1914 comme simple soldat. Il sert sur le front avec un détachement de son régiment le 24 octobre 1914 et gagne rapidement des galons de caporal le 21 novembre suivant. Le 23 mars 1915, il est grièvement blessé à Craonne et doit être évacué d’abord dans un hôpital de campagne, puis le 9 avril 1915 à l’hôpital russe de Paris où il reste jusqu’au mois de mai. Déclaré inapte au service de l’infanterie, il se porte alors volontaire pour le service aéronautique où il est accepté le 8 mai 1915 initialement comme chauffeur automobile, mais est rapidement dirigé vers les écoles de pilotage. Il obtient son brevet de pilote militaire le 27 novembre 1915 sur Caudron à l’école de Buc, puis, après un passage par l’école de perfectionnement d’Ambérieu, est affecté à l’escadrille C 42 le 21 janvier 1916. L’unité, équipée de Caudron G.4, stationne dans les Vosges.
C’est là qu’il fait une rencontre déterminante pour sa carrière aéronautique, son mécanicien Pierre Lanero à qui il a tenu à rendre hommage dans un article publié dans la Vie Aérienne illustrée du 20 mars 1919 : " En janvier 1916, à mon arrivée à l’escadrille C. 42, j’eus plusieurs mécaniciens dont je ne fus point satisfait et l’on me présenta un gosse de la classe 16. C’était lui. Sale, mal peigné, mal rasé, se noyant dans de larges pantalons bleus, trempés d’huile, il se tenait devant moi, visiblement gêné, mais toute sa figure rayonnait du plaisir de devenir « premier ». La présentation terminée, il se met au travail immédiatement avec une ardeur dont seuls les bons mécanos sont capables. Il étudiait, il travaillait, il nettoyait. C’était beau de voir maintenant l’appareil d’une propreté irréprochable, c’était agréable d’entendre le ronflement régulier de deux Rhônes sur mon G. 4. Deux, semaines après il connaissait son appareil à fond. J’étais plus que satisfait. Maintenant je pouvais être tranquille : rien ne clochait plus, rien ne vibrait, tout marchait à merveille. Il me semblait même que l’appareil marchait plus vite, qu’il montait mieux, qu’il était devenu plus souple et plus maniable."
Fédoroff effectue ses premières missions de guerre sur les Vosges, où il est nommé sergent le 21 février 1916. Le 10 mars 1916 il part avec un détachement de son escadrille sur le terrain de Bar-le-Duc pour y renforcer l’aviation française se battant sur le secteur de Verdun et va y mener une courte mais intense campagne. Le 14 mars 1916, pour son premier vol de guerre sur Verdun, il part effectuer une mission de barrage et prend pour mitrailleur son fidèle mécanicien. Les deux hommes volent à 4200 mètres au-dessus du fort de Vaux et aperçoivent un avion français aux prises avec 4 appareils allemands. Fédoroff pique à la rescousse pour engager le combat aérien. Lanero parvient à abattre un avion allemand du tir de sa mitrailleuse, mais le Caudron a écopé de 17 balles dans la mêlée. Fédoroff n’en n’a pas fini avec la chasse, bien que la C 42 soit une unité de réglage d’artillerie : le 21 mars, avec le soldat Larus en mitrailleur, il abat un nouvel appareil ennemi à l’ouest de Douaumont, puis le 30 mars avec Lanero un 3e ennemi tombe sous ses coups. Il remporte également deux victoires avec le Sgt Louis Bonnetête en mitrailleur dès le lendemain, mais qui ne lui seront pas homologuées.
Le 1er avril 1916, le Caudron du tandem Féderoff – Lanero est descendu lors d’un combat contre 3 avions allemands et s’écrase dans des barbelés. Victor Fédoroff est grièvement blessé à la jambe et doit être évacué à l’hôpital de campagne de Melun pour y être soigné. Rétabli, il est alors affecté à l’escadrille de chasse N 26 le 28 septembre 1916 en étant promu au grade de sous-lieutenant, mais n’y reste que très peu. Ayant le mal du pays, il fait en sorte de revenir en Russie et parvient à se faire affecter à la mission militaire française de Roumanie destinée à renforcer l’aviation de ce pays. Il s’embarque du port de Brest avec son fidèle Lanero le 10 octobre 1916, en direction du port Russe d’Arkhangelsk. Son épouse est probablement du voyage car la fiche de l’aviateur établie au Groupement des Divisons d’Entrainement, qui lui donne initialement une résidence à Genève, précise qu’elle s’est installée dans la ville russe de Rybinsk.
Fédoroff traverse la Russie pour rejoindre la Roumanie et fait partie des huit pilotes constituant le 25 novembre 1916 l’escadrille roumaine N 3 à Bucarest, tous issus de l’armée française à l’exception de son commandant, le capitaine Nicolae Capsa. L’unité vole sur Nieuport 11 et doit très vite, dès le 8 décembre 1916, quitter la capitale menacée par les troupes allemandes pour s’établir en Moldavie à Tecuci. Mais il n’aura guère l’occasion d’effectuer d’autres vols à l’unité, puisqu’il est affecté à la mission française en Russie et quitte la N 3 le 17 décembre 1916 pour retrouver ses compatriotes.
Il y sera affecté avec Lanero comme instructeur à l’école d’aviation d’Odessa, une situation qui ne lui plaît guère car il ambitionne de combattre les aviateurs allemands. Il obtient satisfaction et part pour Minsk en étant affecté au 11e KAO, une unité rattachée à l’escadre du captaine Kozakov, l’as des as russe. Il y volera sur un Nieuport 17 et effectuera plusieurs missions, mais sans abattre d’ennemis. Muté comme instructeur à l’école d’aviation de Sébastopol, il va y tomber malade et devra être hospitalisé à Moscou où il sera veillé par Lanero. Quand il est rétabli, la fin de l’année 1917 est arrivée et les bolcheviques ont pris le pouvoir. Fédoroff échappe aux agents bolcheviques venus l’arrêter et quitte la Russie avec le contingent des pilotes français au mois de mars 1918, arrivant en France le 10 mai 1918.
Il repart alors au front au mois de juin suivant au sein de l’escadrille SPA 89, avec le grade de lieutenant, toujours suivi de Lanero, et va y remporter deux nouvelles victoires homologuées le 18 septembre et 9 octobre 1918. Mais le 16 octobre, il est pris à partie par 3 Fokker D.VII qui criblent son SPAD de plomb. Posé de justesse dans les lignes alliées, il est bon pour un nouveau séjour à l’hôpital où il finit la guerre, retournant à son escadrille en janvier 1919 et étant démobilisé peu après.
Devenu un russe exilé, il se signale à l’attention des médias en tentant de réaliser une liaison aérienne Paris-Kiev au mois d’octobre 1919, la ville étant sous contrôle des armées blanches. Il décolle du Bourget le 11 octobre 1919 avec un passager à bord de son appareil baptisé « Première Hirondelle », et doit atterrir à Sarrebourg en raison du brouillard. Il poursuit jusqu’à Mayence le 12 octobre et on ignore s’il mena le projet à son terme consistant à gagner les villes de Prague, Lemberg et Kiev. Installé rue Véronèse dans le 13e arrondissement de Paris, Victor Fédoroff est affaibli par les multiples blessures reçues durant le conflit et s’éteint à St-Cloud le 4 mars 1922, à l’âge de 36 ans.