- Sous-lieutenant Pierre Cazenove de Pradines (de -)
Nationalité française
- Breveté pilote militaire le 15 juillet 1916 (brevet n°3939)
- Cité dans le communiqué aux armées du 0000
- Escadrilles SPA 81
- Né le 14/04/1894 à Nantes (Loire-Atlantique)
- Mort le 7/01/1982 à Paris (16e) (Mort naturelle.)
Décorations
- Chevalier de la Légion d’Honneur
- Médaille Militaire
-
Croix de Guerre
7 palme(s)
1 étoile vermeil
1 étoile(s) de bronze
Pierre Cazenove de Pradines (de -)
7 victoires sûres (dont 1 drachens), 1 victoires probables
Palmarès détaillé »
Pierre, Fortaner, Paul de Cazenove de Pradines voit le jour le 14 avril 1894 à Nantes, issu d’une vieille famille de l’aristocratie française dont le grand-père, le comte Edouard de Cazenove de Pradines (1838-1896) était un député royaliste et secrétaire particulier du comte de Chambord, le prétendant légitimiste à la couronne de France. Le père de Pierre, Henri, n’aura pas l’activité politique du grand-père et va se contenter de vivre en rentier, gérant la fortune familiale. Il décède en 1908 et laisse le titre de comte à son fils unique Pierre, qui lui-même va s’intéresser à la politique et militer dès son adolescence au mouvement politique royaliste de l’Action Française de Charles Maurras.
Outre la politique, le jeune homme s’intéresse comme beaucoup d’hommes de sa génération à l’aviation naissante dont il suit les exploits des pionniers dans la presse ; il évolue dans un milieu très patriote mais contrairement à nombre de membres de sa famille ne se destine pas au métier des armes. La fortune familiale lui permet d’entamer des études : il obtient son baccalauréat et une parfaite maîtrise de la langue anglaise et surtout allemande. Il entame ensuite des études de droit et de sciences politiques et se destine à passer le concours de l’inspection des finances.
La guerre éclate quand il est encore étudiant au mois d’août 1914. N’ayant pas effectué son service militaire, car ajourné pour un défaut de poids au début de l’année, il décide par patriotisme de s’engager dans l’armée pour effectuer son devoir. Il doit pour cela se battre contre l’administration militaire mais parvient finalement à s’engager le 30 novembre 1914 au bureau de Rennes pour une période de 3 ans et choisit d’être affecté au 24e régiment de dragons, comme simple soldat de 2e classe. Ayant déjà du fait de son éducation une solide expérience de cavalier, il est dans son élément et après ses classes est envoyé servir sur le front au mois de mars 1915. Il y découvre une réalité bien différente de ce qu’il imaginait pour une troupe de cavalerie : du fait de la guerre des tranchées, les cavaliers servent comme fantassins et en raison de leur armement léger (mousquetons, pas de mitrailleuses) ne sont affectés qu’à la garde des tranchées de seconde ligne. Muté au 14e régiment de hussards, il progresse au grade de brigadier en juin 1915 puis maréchal des logis en octobre suivant tout en se portant volontaire pour l’aviation.
Sa demande finit par être acceptée et il gagne les écoles de pilotage en mars 1916 dont il sort breveté et affecté en décembre 1916 à l’escadrille N 81 qui se forme à Villacoublay sur Nieuport 17 et Nieuport 12 biplaces et qui s’installe sur le terrain de Fontaine près de Belfort. Pierre effectue ses premières missions de guerre sur Nieuport 12, puis se voit confier un Nieuport 17 avec lequel il va décider le 20 mars 1917 d’aller provoquer la chasse ennemie en compagnie d’un camarade, en faisant des acrobaties sur le terrain d’Habsheim. Mal lui en prend, car 5 chasseurs ennemis menés par l’as Ernst Udet décollent pour lui faire un sort et il se retrouve vite transformé en passoire, moteur détruit, mais parvient d’extrême justesse à rentrer dans les premières lignes françaises en vol plané, étant secouru par des soldats sortis de leurs tranchées. Pierre de Cazenove de Pradines n’est à sa grande surprise que mollement réprimandé par son chef d’escadrille, qui n’est pas mécontent d’avoir un pilote audacieux dans ses rangs.
La N 81 migre ensuite en Champagne où elle change plusieurs fois de terrain. C’est là qu’il va remporter sa première victoire le 26 mai 1917 contre un chasseur tombé sur la ville de Reims. Promu adjudant en juillet, il s’essaie ensuite à bord de son SPAD à la chasse au Drachen en descendant l’un d’eux le 19 août 1917 à la balle incendiaire, après avoir testé sans succès les fusées Le Prieur. Il remporte ensuite une 3e victoire le 22 septembre 1917 suivie d’une 4e le 16 octobre où l’appareil ennemi qu’il attaque avec un équipier est capturé dans les lignes françaises.
Le 30 octobre 1917 il devient un as avec sa 5e victoire remportée contre « un boche de midi », un Rumpler C IV de reconnaissance qui échappe aux chasseurs et la DCA en volant à très haute altituden de l’ordre de 6 000 m. Pierre de Cazenove de Pradines et son équipier l’as Péronneau l’attendent alors à haute altitude pour l’intercepter et parviennent à le faire paniquer et piquer pour prendre de la vitesse… à une altitude où les SPAD peuvent le rattraper et le descendre.
Décoré de la médaille militaire pour cet exploit, sa chance le quitte le 9 décembre 1917 quand une balle explosive d’un biplace qu’il attaque lui transperce le tibia gauche. Grièvement blessé, il parvient néanmoins à dégager son SPAD XIII et à revenir dans ses lignes où il peut se poser sans dommages dans ses lignes. Alors que les secours arrivent, il s’évanouit en disant « Quel dommage de ne plus pouvoir chasser quelque temps ! ». Il est aussitôt évacué à l’hôpital et quitte pour une longue convalescence, au cours de laquelle il est promu au grade de sous-lieutenant en janvier 1918 et ol le journaliste Jacques Mortane l’interviewe sur ses combats. Il ne rentre de convalescence que le 25 mai 1918 et refuse d’être réformé pour reprendre le pilotage malgré de continuelles douleurs à la jambe provoquées par les vibrations de son appareil. Avec l’aide de son mécanicien, il aménage d’ailleurs son poste de pilotage en conséquence en adaptant un sandow sur la pédale gauche de son palonnier, pour lui permettre de piloter d’un seul pied.
Il peut progressivement reprendre les vols dans l’escadrille maintenant commandée par le capitaine Leps, et suivre celle-ci dans ses continuels déplacements car elle est rattachée à la 1ere escadre de combat, composition de la 1ere division aérienne du général Duval chargée d’obtenir la supériorité aérienne et qui connaît de nombreux combats aériens avec les offensives allemandes du printemps 1918. Il y remportera ses deux dernières victoires aériennes au mois de juillet 1918, terminant la guerre avec un total de 7.
Décidant de rester faire carrière dans l’armée après l’armistice, il est muté en 1919 à l’escadrille SPA 97 dont il prend le commandement alors que celle-ci stationne en Allemagne occupée. De retour en France en 1920 sur la base de Châteauroux, il est vite déçu par l’inactivité qui y règne alors que disparaissent les privilèges des pilotes. Il quitte alors l’armée en 1920 pour s’occuper de la gestion de son domaine familial tout en effectuant régulièrement ses périodes de réserve. Revenu à la vie civile, il se marie et va devenir père de famille de 5 filles nées de 1925 à 1945. Du point de vue professionnel, il se consacre à l’agriculture en Loire-Atlantique, s’occupant des syndicats agricoles et des caisses rurales de la région. Il va se distinguer par son activité politique en accédant à de hautes fonctions dans la ligue royaliste de l’action française, accédant au mois d’octobre 1930 à la responsabilité de président de l’importante fédération de la ligue d’action française de Paris et de la banlieue, en remplacement de M. François de la Motte, tout en étant membre du comité de l’association Marius Plateau regroupant les anciens combattants adhérents à l’action française. Avec son épouse, il participe à nombre de réceptions dans les châteaux de l’aristocratie. Dans les années 1930 où de nombreuses actions violentes sont menées par les ligues d’extrême-droite, dont celle les royalistes de l’action française, Pierre de Cazenove de Pradines est l’adjoint direct du président de la ligue, l’amiral Schwerer, alors que le vieux Charles Maurras en est le président d’honneur.
Quand éclate la seconde guerre mondiale, il est mobilisé de nouveau en 1939 dans l’aviation de reconnaissance avec le grade de commandant de réserve. Une affectation qui ne lui convient pas : il obtient vite d’être affecté dans la chasse en mettant en valeur son passé d’as de 14-18 et ses régulières périodes d’entrainement volontaire qu’il a effectuées depuis 1920. Il se retrouve affecté au Centre d’Instruction à la Chasse de Chartres, où il commande par intérim un groupe d’instruction. Replié avec son école à Perpignan pendant la débâcle, il est démobilisé le 14 août 1940 et va s’installer à Paris où il va diriger une agence immobilière, la Société Immobilière Théodore Rousseau dans le 16e arrondissement, s’occupant de la location et la gestion d’appartements.
Probablement très Pétainiste comme la majorité des adhérents de l’Action Française, à l’image de leur président d’honneur Charles Maurras qui dans ses écrits se fait un fervent partisan de la « Révolution Nationale » présentée par le régime de Vichy, Pierre de Cazenove de Pradines va cependant se tenir strictement éloigné de toute activité politique et ne va entreprendre aucune action en faveur ni de la résistance, ni de la collaboration.
Quand arrive l’heure de la libération, il est à Belfort et souffre d’une phlébite qui l’empêche de jouer un quelconque rôle dans les évènements. Le 23 février 1945, il effectue une demande au ministère de l’air pour être rappelé à l’activité. L’armée de l’air refuse sa demande et Pierre de Cazenove de Pradines va chercher à se battre pour faire réexaminer son cas, indiquant le fait qu’il a hébergé et caché de juillet 1943 à juillet 1944 dans son appartement parisien un officier de l’armée de l’air évadé d’Allemagne, le capitaine Viellard, qui est actuellement aux armées. Sa demande ne fera pas revenir les autorités militaires sur leur décision, celles-ci n’ayant probablement que faire des services d’un officier de maintenant 51 ans.
Il va alors retourner à ses activités privées et être définitivement rayé des cadres de l’armée de l’air le 14 avril 1951 une fois atteinte la limite d’âge de son grade. Se tenant à l’écart de l’association des as de 14-18 à laquelle il ne participe jamais aux réunions, il reprend la gestion de son domaine familial et décède le 17 janvier 1982 dans le 16e arrondissement de Paris, à l’âge de 87 ans.
Sources
- Dossier individuel SHD 1P 30464/1
- Entretien de Pierre de Cazenove de Pradines au Service Historique de l’Armée de l’Air - Histoire orale.