- Sous-lieutenant Marcel Bloch
Nationalité française
- Breveté pilote militaire le 12 octobre 1915 (brevet n°1752)
- Cité dans le communiqué aux armées du 2 octobre 1916
- Escadrilles N 62, N 3
- Né le 21/07/1890 à Chaux-de-Fonds (Suisse)
- Mort le 31/03/1938 à Prague (Tchécoslovaquie) (Mort prématurée des suites de ses blessures de guerre.)
Décorations
- Chevalier de la Légion d’Honneur
- Médaille Militaire
-
Croix de Guerre
6 palme(s)
Profils
Marcel Bloch
5 victoires sûres (dont 5 drachens), 3 victoires probables
Palmarès détaillé »
Homonyme du célèbre constructeur d’avions, Marcel Léopold Bloch voit le jour le 21 juillet 1890 en Suisse, dans le village frontalier de la Chaux de Fonds situé au nord de la ville de Neuchâtel. Il est issu d’une famille de négociants de confession israélite : ses parents, Lazare Bloch et Florine Lévy, ont une résidence en France sur la commune de Chaux sur le territoire de Belfort et donnent la nationalité française à leur garçon, qui en grandissant atteint la taille impressionnante pour l’époque d’1m80.
Le jeune homme suit des études d’ingénieur en Suisse et entre en 1909 dans le bureau d’études de la société Antoinette, construisant les premiers avions. Il part ensuite en 1910 aux Etats-Unis travailler à la société Moisant Aeroplane Co et Queen Aeroplane Co (Loening) où il conduit des essais de moteurs et d’appareils. A ce titre, il est envoyé au Mexique et à Panama, et va se retrouver détaché au centre militaire de Washington pour effectuer des démonstrations. En 1913, il est en Argentine étudier la réalisation de liaisons postales aériennes, puis passe au Brésil où il contribue à former l’école d’aviation de Sao-Paulo.
Durant ce séjour à l’étranger, l’administration militaire française le réclame pour le service militaire qu’il doit effectuer avec la classe 1911. Il obtient un sursis d’appel jusqu’en 1913 mais à la fin de celui-ci il est déclaré insoumis par l’administration militaire le 4 janvier 1914.
Quand éclate la guerre en France, il fait immédiatement le nécessaire pour rejoindre la France où ses parents résident à St-Etienne, mais la difficulté de trouver un navire fait qu’il ne peut se mettre à la disposition des autorités militaires que le 7 septembre 1914 après avoir traversé l’Atlantique à ses frais. Il est menacé de punition mais parvient à expliquer sa situation et est rayé de l’insoumission de 15 septembre 1914 ; il se fait alors affecter comme mécanicien à l’école d’aviation de Pau qui rouvre ses portes au mois d’octobre 1914, où il règle des appareils. Promu caporal en mars 1915, il est accepté pour être élève-pilote et obtient son brevet de pilote militaire en octobre 1915, puis, après une attente à la réserve générale d’aviation, se retrouve affecté à l’escadrille N 3 le 19 janvier 1916. Il effectue ses premières missions sur Nieuport 10 monoplace, puis sur biplace. Promu sergent en avril 1916, il suit son escadrille le mois suivant sur le terrain de Cachy durant la bataille de la Somme, et est affecté à l’escadrille N 62 quand celle-ci se dédouble de la N 3.
C’est là qu’il va se spécialiser dans un sport extrêmement dangereux, la chasse au Drachen. Mettant à profit un stage de tir effectué à Cazaux avec des fusées Le Prieur, il réalise une première attaque à bord d’un Nieuport 16 le 5 juin 1916 et touche le ballon ennemi, mais qui ne lui sera pas homologué. Il obtient sa 1ere victoire homologuée contre un ballon le 29 juin 1916 descendu avec ses fusées et sa mitrailleuse, suivi d’un autre le 1er juillet. A chaque victoire, il est revenu avec son appareil en lambeaux, criblé de balles par la DCA. Cela ne l’empêche par de revenir à l’attaque le 3 juillet où il incendie un nouveau Drachen, mais revient blessé d’une balle qui lui a traversé le pouce et une autre la cuisse. S’écrasant dans les premières lignes tenues par les troupes britanniques, il est évacué dans un hôpital pour ne revenir au front que le 1er septembre 1916 avec des galons d’adjudant. Après plusieurs tentatives, il incendie de nouveau 2 autres Drachen les 30 septembre et 1er octobre 1916, revenant toujours avec un appareil troué comme une passoire.
Parvenu à 5 victoires, il est alors cité dans le communiqué aux armées du 2 octobre 1916, étant le premier pilote à avoir abattu 5 ballons. La presse s’intéresse au nouvel as en publiant plusieurs articles mais celui-ci, incomplètement rétabli de ses dernières blessures, doit partir au repos le 31 décembre 1916 pour une durée de plusieurs mois, période au cours de laquelle il se fiance avec la sculptrice et céramiste réputée Geneviève Granger (1877-1967). Promu au grade de sous-lieutenant, il est désigné pour partir en Russie dans la mission militaire du commandant Berger afin d’y encadrer l’aviation locale. S’embarquant le 23 mars 1917 pour Murmansk, il rejoint les pilotes français déjà sur place après un long voyage. Son activité opérationnelle y sera assez courte. Le 8 mai 1917, il décolle à Anatra sur un chasseur Nieuport sur lequel il effectue son premier vol. Il est alors victime de la première cause de perte des pilotes russes : la déficience de leur propre matériel. L’avion est vu basculer sur l’aile et s’écrase, Bloch est grièvement blessé au visage et doit être trépané.
Très affaibli, il est rapatrié au mois de septembre 1917 et restera de longs mois en convalescence après un séjour à l’hôpital. Durant cette période il va se séparer de Mlle Granger pour épouser à Paris le 25 juin 1918 Mlle Geismar avec laquelle il n’aura pas d’enfants. A peu près guéri, il est envoyé le 10 septembre 1918 dans la mission militaire aux Etats-Unis dont il rentre le 1er mars 1919.
Marcel Bloch doit se réinsérer dans la vie civile en reprenant sa profession d’ingénieur et trouvant un emploi à la société Gnome et Rhône, mais avec un sérieux handicap causé par les séquelles de son accident de 1917 lui causant de nombreux vertiges et troubles oculaires, sans parler de problèmes articulaires aux jambes, ce qui vaudra une pension d’invalidité importante.
Il voyage beaucoup du fait de sa profession et des missions officielles qu’il réalisera durant l’entre-deux-guerres, allant au Mexique de 1924 à 1926 réaliser des vols de propagande aérienne, ainsi qu’en Italie de 1928 à 1929 où il va travailler à la mise au point des moteurs Jupiter des hydravions Dornier Wal. Parallèlement, il est membre de sociétés de bienfaisance de l’aéronautique et notamment assume la fonction de secrétaire général de la société d’entraide aux aviateurs mutilés « Les ailes brisées ».
Alors qu’il visitait les établissements Zbrojovka, il décède le 29 mars 1938 à Brno en Tchécoslovaquie, des suites d’une méningite. Son corps est incinéré sur place et rapatrié en France pour être inhumé au cimetière de Marne-la-Coquette.
Sources
- Dossier individuel SHD n°1P 30 989/2
- Registre matricule, Belfort Classe 1911 n°1061.
- Presse nationale (site Gallica)