Paul Arguéeff (d’-)

Pavel Vladimirovitch Argueïev (Павел Владимирович Аргеев) nait à Yalta (Russie) le 1er mars 1887 dans une famille russe plutôt aisée dont le père est ingénieur spécialisé dans les navires à vapeur. Le jeune garçon reçoit une éducation toute militaire en suivant les cours de l’académie militaire d’Odessa en 1905 où il est nommé sous-lieutenant, et dont il sort avec le grade de lieutenant en 1907. Contrairement à une légende tenace il ne devient pas lieutenant-colonel et démissionnaire de l’armée russe pour avoir refusé de sanctionner un soldat, mais il est envoyé en France dans le cadre d’une mission militaire, s’installant avec son épouse rue Mirabeau dans le 16e arrondissement de Paris.

Il s’y trouve toujours quand éclate la guerre et reçoit l’ordre de sa hiérarchie de combattre dans l’armée française où il est intégré au 131e régiment d’infanterie avec son grade de lieutenant le 25 août 1914, suite à un décret ministériel paru au journal officiel du 30 août où son nom est francisé en Paul d’Arguéeff. Blessé à la jambe durant la bataille de la Marne le 23 septembre 1914, il reçoit le commandement d’une compagnie au mois de novembre suivant en étant promu au grade de capitaine et va se distinguer lors de l’attaque de Vauquois qui lui vaudra une citation à l’ordre de l’armée en date du 28 décembre 1914. Plusieurs fois blessé au combat, il est décoré de la croix de chevalier de la légion d’honneur le 2 mai 1915, et, reconnu inapte au combat d’infanterie suite à ses blessures, se porte volontaire pour intégrer le service aéronautique le 22 juillet 1915.

Il gagne alors les écoles de pilotage dont il sort breveté à l’école d’Avord le 30 janvier 1916 (n°2573) et se retrouve affecté à l’escadrille N 48 du mois de mai au mois d’août 1916, volant assez peu. Il quitte ensuite la France pour la Russie où il va rejoindre le 19e Korpusnoi Aviatsionniy Otryad (KAO) le 20 octobre 1916, dirigé par l’as des as russe Alexandre Kozakov, et va s’y révéler comme un chasseur particulièrement doué puisqu’il va y obtenir 6 victoires aériennes entre les mois de janvier et juin 1917.

Mais la prise du pouvoir par les bolcheviques au mois de décembre 1917 rendent sa position difficile en tant qu’ancien officier de l’armée tsariste. Il décide alors de quitter le pays et parvient à rejoindre la France le 4 avril 1918, où il est affecté à l’escadrille SPA 124 intégrée au GC 21 dont il devient un des officiers d’état-major. Il y reprendra le combat à son rythme, selon le témoignage de ses camarades d’escadrille, passant son temps à dormir sous l’aile de son avion. Quand l’as sort de son sommeil... C’est pour fondre sur l’ennemi et amener son SPAD à bout portant pour l’abattre d’une rafale. Il remporte ainsi 9 nouvelles victoires dans l’aviation française, portant son score final à quinze en y ajoutant les 6 victoires dans l’aviation russe, ce qui lui vaudra d’être décoré de la rosette d’officier de la légion d’honneur au mois d’avril 1919.

Il ne souhaite pas retourner en Russie après l’armistice et trouve un emploi de pilote dans la compagnie Franco-Roumaine qui réalise des liaisons vers des pays d’Europe de l’est. Le 30 octobre 1922, son Potez, pris dans la brume, percute une colline à Trutnov, dans la région des Sudètes en Tchécoslovaquie et il est tué sur le coup. Ses camarades de l’escadrille SPA 124 organisent alors une collecte pour venir en soutien à sa veuve.