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cocarde française

As 14 - 18

Les as français de la Grande Guerre

Décorations

Profils

André Chaînat

9 victoires sûres (dont 1 drachens), 9 victoires probables
Palmarès détaillé »

André, Julien Chaînat naît le 27 juillet 1892 à Chapelle St Laurian, un petit village de l’Indre entre Châteauroux et Vierzon où ses parents sont de modestes viticulteurs. Sans autre éducation que l’école communale, le jeune garçon devient apprenti-mécanicien et part effectuer son service militaire au mois d’octobre 1913 où il est incorporé comme simple soldat au 6e régiment d’artillerie à pied.

En raison de ses compétences en mécanique, il est muté au mois de juin 1914 dans l’aéronautique militaire et se retrouve mécanicien à l’escadrille BL 5 quand éclate la guerre. Cette escadrille de cavalerie va connaître de très nombreux changements de terrains en suivant son unité de rattachement, la 5e division de cavalerie qui participe à la course à la mer et combat dans les Flandres où Chaînat est blessé le 7 décembre en brassant une hélice. L’unité sera dissoute au début de l’année 1915 et le soldat Chaînat ne va pas être réaffecté, mais envoyé à sa demande en école de pilotage au mois de mai 1915 pour en ressortir breveté avec le grade de caporal et affecté à la fin du mois de juin 1915 à l’escadrille MS 23 sur Morane Parasol. Il y reste jusqu’au mois de novembre suivant où il passe à la N 38, puis à l’escadrille N 3 le 17 janvier 1916.

L’unité passe déjà pour l’élite de la chasse française alors naissante et le capitaine Brocard, connu pour sélectionner ses pilotes, n’a sans doute pas choisi Chaînat par hasard. Quand le 21 février 1916 les Allemands lancent la bataille de Verdun, ce dernier, promu sergent, est sélectionné pour faire partie du détachement de la N 3 dépêché de Breuil à Vadelaincourt pour y participer à la bataille. Il y révèle ses talents de chasseur en reportant ses deux premières victoires homologuées au mois de mars 1916 à bord d’un Nieuport 11, avant de rejoindre le gros de l’escadrille à Cachy sur la Somme où son tableau de chasse va considérablement s’étoffer. Volant sur un Nieuport 16 qu’il a baptisé « Oiseau bleu », il abat un biplace le 21 mai, et en revendique un autre le 22 juin qui lui est contesté par Georges Guynemer. Une violente dispute va éclater entre les deux hommes, à tel point que le capitaine Brocard va l’attribuer aux deux pilotes alors qu’il n’accorde jamais de victoires partagées dans son escadrille. Tout un monde les sépare : Guynemer vient d’une famille aristocratique et très aisée, a fréquenté le lycée et est officier, tandis que Chaînat, fils de viticulteur n’ayant pas dépassé l’école communale, est un sous-officier… Et de ce fait exclu de la « Bande noire », club des as de l’escadrille N 3 qui décorent leur appareil d’une bande noire sur le dos du fuselage composé de Guynemer, Heurtaux, Deullin et De la Tour, tous des officiers, alors que Chaînat dépasse certains d’entre eux au tableau de chasse. Car au 1er juillet 1916, il remporte sa 5e victoire officielle, ce qui lui vaut de voir son nom mentionné dans le communiqué aux armées du lendemain. Le 2 août 1916 son total est monté à 9 succès homologués, et à la fin du mois il est avec Guynemer un des tout premiers pilotes à utiliser un SPAD VII au combat.

Mais sa chance tourne : le 7 septembre 1916, il est blessé en combat aérien d’une balle dans son postérieur, qui l’écarte du front jusqu’au 10 octobre 1916 où il est promu adjudant. La N 3 quitte ensuite la Somme pour la Lorraine et c’est là que Chaînat effectue son dernier vol opérationnel de la guerre, le 8 février 1917, où il attaque et descend un bombardier Gotha G.III qui tombe dans les lignes françaises. Guynemer l’a aussi tiré et se fait attribuer la victoire… Chaînat explose de colère au point qu’il doit être envoyé à la maison de repos de Viry-Châtillon, puis le centre spécial de réforme de Clignancourt. Il finira la guerre à l’arrière, probablement à un poste technique, ne se voyant jamais formellement attribuer cette victoire.

Il est officiellement démobilisé en août 1919 et rendu à la vie civile, où il ne trouve pas de situation convenable au point de se réengager dans l’armée au mois de juin 1925 où il va participer avec son grade d’adjudant à des missions sur Potez 25 contre des insurgés au Maroc. Il quitte le Maroc en juillet 1929 avec le grade d’adjudant-chef pour devenir moniteur à Avord, puis retourne au Maroc en 1930 avec le grade de sous-lieutenant où il va être victime d’un grave accident d’avion en août 1931, qui l’enverra pour six mois à l’hôpital de Meknès.

Il reviendra en France en mai 1932 avec le grade de lieutenant pour redevenir moniteur à Avord, étant de nouveau promu capitaine peu de temps plus tard. Il restera à ce poste jusqu’à la guerre et nombre d’élèves se souviendront de lui comme un personnage haut en couleurs, qui impressionne les jeunes avec le récit de ses combats, et ne manquant jamais une occasion de dire tout le mal qu’il pensait de Guynemer.

Peu avant le début de la seconde guerre mondiale, il va être muté à la 6e escadre de chasse sur Morane 406 et va être nommé officier adjoint du GC III/6. Il n’est plus aussi affuté au combat qu’il pouvait l’être vingt ans plus tôt et le seul combat qu’il mène le 25 mai 1940 tourne au désastre : menant une patrouille triple, il ne trouve pas sa patrouille d’escorte et attaque un groupe de bombardiers Dornier 17. Des Messerschmitt 110 lui tombent dessus et déciment sa patrouille : un Morane est descendu (pilote indemne) tandis que ceux de Chaînat et d’un de ses équipiers sont transformés en passoire et ne rentrent que par miracle.

Retraitant avec son groupe en Afrique du Nord, il va être démobilisé en août 1940 et rentrer en France. Refusant l’occupation, il va s’engager dans la résistance et participer aux combats de la libération dans les FFI. Rappelé à l’activité en décembre 1944, il va servir dans un poste administratif avec le grade de commandant et même être affecté en Allemagne occupée, jusqu’à sa démobilisation en août 1946 alors qu’il souffre de multiples problèmes de santé. Il se retire alors dans la Nièvre et décède à Cannes le 6 novembre 1961.

Sources

  • Dossier individuel SHD n°1P 29104/1

Palmarès de André Chaînat

DateHeureUnitéAvion pilotéRevendicationLieuNotesArchives all.Homologation
P1 09-mars-16 N 3 (Verdun) Nieuport Avion Verdun
1 11-mars-16 N 3 (Verdun) Nieuport Fokker E Verdun
2 26-mars-16 8h30 N 3 (Verdun) Nieuport LVG N. Douaumont Observateur laissé mort Citation OA - JORF 14-05-1916 p.4222
3 21-mai-16 4h35 N 3 Nieuport 16 n°1209 "6" (Oiseau bleu 3) LVG Rosières-en-Santerre Citation OCA 04-06-1916
P2 16-juin-16 19h00 N 3 Nieuport 16 n°1209 "6" (Oiseau bleu 3) Avion Rosières
4 22-juin-16 v. 10h30 N3 Nieuport 16 n°1209 "6" (Oiseau bleu 3) LVG C Péronne Avec S/Lt Guynemer Citation OA 25-06-1916 - JORF 03-08-1916 p.6955
5 01-juil-16 10h45 N3 Nieuport 16 n°1209 "6" (Oiseau bleu 3) LVG C SO.Péronne Communiqué - JORF 03-07-1916
6 02-juil-16 v. 16h00 N3 Nieuport 16 n°1209 "6" (Oiseau bleu 3) Drachen Région Méricourt-Péronne
7 11-juil-16 v. 8h15 N3 Nieuport 16 n°1209 "6" (Oiseau bleu 3) LVG C Région de Combles Citation OA 27-07-1916 - JORF 04-09-1916 p.7938 "6 avions ennemis" + Citation OA (LH) 03-08-1916 - JORF 25-03-1917 p.2380
P3 15-juil-16 v. 9h45 N3 Nieuport 16 n°1209 "6" (Oiseau bleu 3) AGO C II Bouchavesnes Laissé un moteur détruit
P4 01-août-16 v.10h00 N3 Nieuport 16 n°1209 "6" (Oiseau bleu 3) LVG C Rosières
8 02-août-16 10h10 N3 Nieuport 16 n°1209 "6" (Oiseau bleu 3) LVG C Vermandevillers Avec Lt Heurtaux Citation OA 24-08-1916 - JORF 04-11-1916
9 02-août-16 10h20 N3 Nieuport 16 n°1209 "6" (Oiseau bleu 3) LVG C Marchélepot Citation OA 24-08-1916 - JORF 04-11-1916 + Communiqué JORF 04-08-1916 "8 avions ennemis"
P5 03-août-16 v. 13h00 N3 Nieuport 16 n°1209 "6" (Oiseau bleu 3) LVC C Vermandovillers
P6 25-août-16 10h20 N 3 Nieuport 16 (probablement n°980) Avion S. Combles
P7 07-sept-16 N 3 SPAD VII n°117 Avion  ?
P8 25-janv-17 SPA 3 SPAD VII n°225 "6" (Oiseau bleu 6) Avion Warlencourt
P9 08-févr-17 11h55 SPA 3 SPAD VII n°225 "6" (Oiseau bleu 6) Gotha Bouconville Avec Lt Guynemer Gotha G III n°377/16 capturé